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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres
Autoren: Paul C. Doherty
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pas de solution, même à la lumière du jour !
     
     
    Ranulf-atte-Newgate, valet de Hugh Corbett, dirigea sa monture sur le sentier inondé de soleil qui conduisait au manoir de Leighton au moment où la cloche du village sonnait l’angélus. Il se retourna pour observer dans les champs les paysans qui, courbés, ramassaient les moyettes et les plaçaient dans de grandes charrettes à deux roues. Leurs rires parvenaient jusqu’à lui. Une femme chantait une berceuse au bébé qu’elle nourrissait. La brise apportait par intermittence les cris des enfants jouant sur les rives d’un ruisseau pendant que leurs parents s’affairaient à rentrer les moissons.
    Ranulf s’était rendu à Londres pour le compte de son maître, d’abord à la Chancellerie, puis chez certain orfèvre de la Poultry. Il avait été également voir son fils, le glorieux produit issu d’une de ses nombreuses aventures galantes. Il constatait avec plaisir que son rejeton lui ressemblait chaque jour davantage : même tignasse rousse hirsute, même bouche généreuse, même nez retroussé, mêmes yeux verts impudents, vifs comme ceux d’un chat, le tout dans un visage criblé de taches de rousseur. Le bébé était né quelques mois auparavant, au plus fort de l’hiver, et Ranulf s’était laissé persuader par Corbett de le confier à des parents nourriciers habitant Candlewick Street. Mais, changeant d’avis, il avait repris l’enfant… pour l’oublier presque aussitôt dans une taverne ! En effet, une coquine à la poitrine plantureuse l’ayant aguiché, il avait déposé le bébé et rejoint la donzelle, avant de rentrer chez lui en oubliant complètement le petit paquet laissé aux bons soins de la tavernière. À la suite de cet incident, il avait, sur les conseils de Corbett, rendu l’enfant à ses parents adoptifs au coeur brisé.
    — C’était une sage décision ! admit-il à mi-voix.
    Tout en aimant beaucoup son fils, il ne se souvenait jamais où il l’avait laissé. Un écureuil se mit à jacasser, un oiseau jaillit d’un buisson d’ajoncs. Ranulf porta la main à son poignard. Il ne se sentait pas tranquille à la campagne. Il regrettait la capitale et aurait bien voulu que Corbett reprît son logement de Bread Street, mais l’épouse de son maître, Maeve, en avait décidé tout autrement. Ranulf poussa un léger grognement. Il poursuivait la plupart des femmes de ses assiduités. Elles l’attiraient, quels que fussent leur condition ou leur âge, non pas tant qu’il désirât les séduire toutes, mais parce qu’elles servaient de cible à ses taquineries et plaisanteries.
    Il n’en était pas de même avec Maeve-app-Llewellyn. Ranulf la craignait. Ses yeux bleus qui le glaçaient semblaient lire dans ses pensées. Elle dirigeait d’une main de fer les affaires de son époux, qu’il s’agît d’acheter un champ ou d’amadouer un vieux monarque aux cheveux gris et aux traits de granit. Quand Maeve était là, Hugh était plus détendu, plus souriant même. Ranulf changea de position sur sa selle, pour soulager son dos, et franchit les portes du manoir. Maeve avait transformé Corbett. Oh, certes, son maître était encore d’un tempérament secret et taciturne, mais il était devenu plus calme, plus réfléchi et d’humeur plus égale. Il avait travaillé autrefois à la Chancellerie et accepté des missions spéciales pour le vieux roi. Cela aussi avait changé. On aurait dit, à présent, qu’il s’était pris au jeu des intrigues en mettant sur pied un réseau d’espions qui étendait ses ramifications de Rome à Dublin en passant par Avignon, Paris, Lille et Édimbourg.
    Ranulf fit faire halte à son cheval et écouta, comme le lui avait fermement recommandé Maeve, les bruits de la forêt. Il hocha la tête. Il aurait donné une pièce d’or pour entendre les cris des colporteurs et des marchands ambulants de Londres, les appels pleins d’entrain des apprentis et les vociférations rauques des boutiquiers. Il embrassa le paysage du regard : trop d’espace, un air trop pur, la perspective imminente d’un travail ardu, nul soldat à entraîner dans une partie de dés pipés ou de trictrac trafiquée, pas de jolies filles à qui conter fleurette et, surtout, pas de Maîtresse Sempler, jeune et voluptueuse épouse d’un drapier vieillissant.
    Ranulf sourit, aux anges. Il avait passé, la veille, des heures fort agréables à consoler la dame de l’absence de son mari. Il repensa à la
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