Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
peau crémeuse, satinée de son corps épanoui et généreux lorsqu’elle s’était approchée de lui, vêtue de sa seule coiffe et de ses chausses à jarretières. Il gémit à nouveau et jura à voix basse, puis poussa son cheval sur le terrain herbeux qui s’étendait devant le corps de logis, faisant fuir les quelques moutons qui y paissaient paresseusement.
    L’abattement de Ranulf, cependant, était toujours de courte durée. Après tout, son maître possédait à présent granges et greniers bien remplis et prairies verdoyantes. Lui-même pouvait toujours prétendre qu’il n’avait pas su où donner de la tête à Londres et ainsi gagner une bonne récompense. Il mit pied à terre en s’humectant les lèvres et arbora une expression de pure désolation. Il avait bien mis au point ce qu’il allait dire. Il présenterait l’affaire sous les couleurs les plus noires, s’appesantirait sur les difficultés et les obstacles qu’il lui avait fallu surmonter pour accomplir la mission dont son maître l’avait chargé… mais il ne s’était pas préparé à affronter le spectacle qui s’offrit à lui. Corbett se tenait dans l’entrée aux boiseries de chêne, guettant son retour, bottes et éperons aux pieds et cape sur le dos. Un serviteur sortait ses fontes de selle, soigneusement remplies et attachées. Ranulf prévit le pire en voyant un sourire railleur éclairer son visage.
    —  Benedicte , Ranulf ! s’exclama le clerc. Je t’attendais. Nous allons au prieuré de Godstowe en Oxfordshire. Et ton fils, comment va ce petit chérubin ?
    Le sarcasme n’échappa pas à Ranulf qui grimaça. Son maître aimait bien le petit Hugh, alias Hugolino, mais le traitait souvent de monstre, en affirmant que c’était le portrait tout craché de son père, depuis ses cheveux en épi jusqu’à son don inné pour faire des bêtises.
    — Aussi bien que faire se peut, répondit Ranulf en apercevant Maeve qui sortait.
    Elle aurait été ravissante, ainsi vêtue d’une simple guimpe blanche et d’une longue robe marron fermée au cou par des noeuds d’argent, si elle n’avait porté, autour de sa taille qui s’épaississait, une lourde ceinture à laquelle se balançait le trousseau des principales clefs du manoir.
    Bien qu’elle arborât son air sérieux habituel, une lueur amusée dansait dans ses yeux.
    — As-tu retrouvé Londres avec plaisir, Ranulf ?
    Le serviteur allait mentir, mais il croisa le regard de sa maîtresse.
    — Oui, Madame !
    — Pas de divertissement en joyeuse compagnie ?
    — Bien sûr que non ! murmura Ranulf. Je n’ai fait que travailler dur !
    Il se détourna mais Maeve continua son interrogatoire. Elle finirait par découvrir la vérité sur Maîtresse Sempler, qu’il le voulût ou non, aussi marmonna-t-il une excuse et s’enfuit-il dans sa chambre. Il se lava le visage au lavarium, remplit une autre paire de sacoches en rassemblant ce qu’il pouvait trouver dans ce capharnaüm, et dévala l’escalier jusque dans la cour où un palefrenier avait déjà amené des montures fraîches et un poney de bât. Dans la grand-salle, Corbett reprochait à Maeve de trop tourmenter Ranulf et celle-ci acceptait mal ses critiques.
    Lui prenant les mains et l’attirant près de lui, il lui demanda :
    — Penserez-vous quelquefois à moi ?
    — Jamais ! répondit-elle, taquine.
    — Vous veillerez à l’installation de la clôture du grand pâturage, n’est-ce pas ?
    — Non ! Je la détruirai !
    — Et le grenier aux planches disjointes ?
    Maeve hocha la tête.
    — Je le brûlerai ainsi que la grange à dîmes. Et je dirai au père Martin, qui se plaint régulièrement que ses fidèles font du cimetière un pré à jeux, d’aller au diable vauvert ! Ensuite, conclut-elle, Dieu seul sait ce que je ferai !
    Corbett la prit dans ses bras et l’embrassa passionnément.
    — Alors je vous dis adieu, ma femme !
    Puis, sur un dernier clin d’oeil et un sourire, il franchit le seuil et se dirigea vers sa monture.
     
     
    Chevauchant vers le nord, ils traversèrent des hameaux qui n’étaient guère plus que des groupes de pauvres chaumières blotties autour d’une église ou d’un manoir. Bientôt, les moissons seraient engrangées. Corbett se rappela sa jeunesse en voyant les hautes meules ocre qui s’élevaient près du vert des jachères et les talus étroits et herbus qui délimitaient le territoire des différents villages. Les chaumières n’étaient
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher