Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
à s’affubler. Corbett effleura l’épée et le poignard attachés à sa ceinture, et, se sentant rassuré, poussa sa monture fatiguée au petit galop.
    Ils arrivèrent tard dans la nuit au village de Woodstock, situé entre le palais et le prieuré. Ils logèrent au Taureau , la taverne qui se trouvait en lisière de forêt, à l’extrémité du bourg. Corbett, toujours prudent, veilla à la dépense. La chambre qu’on leur donna n’était guère qu’une soupente, dont le mobilier consistait en un coffre, une table, deux tabourets et une paillasse avec une couverture de laine, que devaient partager les deux hommes. On leur promit un pichet de petite bière pour le matin, et un repas le soir, avec du gruau d’avoine. L’aubergiste au visage marqué par la vérole accepta également de loger et de nourrir leurs chevaux.
    Après que son maître fut allé se coucher, Ranulf redescendit dans la salle avec le petit sac d’objets qu’il emportait toujours à la campagne : des flacons remplis d’eau colorée et de pétales de fleurs écrasés, des poils de chien roux bouilli, la peau rétrécie d’un crâne humain mélangée à de la graisse. Ces mixtures miraculeuses, il les vendit comme panacées universelles à l’aubergiste et aux clients. Puis, se félicitant d’avoir équilibré en partie les dépenses de son maître, il empocha leur argent, remonta l’escalier à pas de loup et, se couchant tout au bord du lit, s’endormit du sommeil du juste.
     
     
    Pendant ce temps, le crime avait, une fois encore, dressé son camp au prieuré de Godstowe. La soeur âgée, Dame Martha, s’apprêtait à prendre un bain inhabituel dans sa chambre spacieuse. On avait entouré d’un paravent le cuveau en bois et monté des cuisines de grandes cruches en terre cuite pleines d’eau bouillante. Dame Martha voulait paraître à son avantage. Elle était convaincue que la prieure serait fort intéressée par ce qu’elle allait lui révéler.
    Elle avait ôté sa robe de serge brune, bordée de bleu, l’habit de son ordre, les Dames de Sion, et elle s’affairait maintenant, vêtue de sa seule chemise de lin, à rapprocher le paravent du cuveau. Elle s’assura que la porte était fermée à clef et au loquet, puis prit un gobelet de vin qu’elle sirota avec gourmandise.
    Elle regrettait de ne pas avoir de ce savon au parfum si agréable que le prieuré avait importé de Castille. Elle en avait utilisé, la dernière fois, lorsqu’elle s’était baignée juste avant la fête de Pâques, il y avait de cela cinq mois.
    Elle caressa ses tresses grises en remarquant à quel point ses cheveux étaient gras. Elle s’immobilisa, se passant la langue sur les gencives, et l’éclat de ses petits yeux noirs se durcit. Oui, il lui faudrait paraître à son avantage lorsqu’elle se présenterait devant Dame Amelia. Elle devait absolument donner l’impression d’être une religieuse maligne et perspicace et non pas une vieille radoteuse, perdue dans de stériles rêveries. Elle ne voulait pas qu’une de ces harpies, Dame Frances ou Dame Catherine, ne voient dans sa révélation que l’hallucination enfiévrée d’un esprit sénile. Non, Dame Martha avait vu quelque chose le soir où la catin du prince était morte, un détail saugrenu, et elle avait la ferme intention de se servir de cela pour obtenir de petites faveurs : des friandises, peut-être des draps de lin ou encore de plus grosses portions au réfectoire. Ce n’était que son dû, après tout ! Elle avait consacré tant d’années au service de l’Ordre !
    Elle retira sa chemise de lin et entra dans le cuveau. Son corps décati aux veines apparentes s’enfonça voluptueusement dans l’eau chaude. Elle inclina la tête en arrière, mais soudain se redressa en entendant le Crime frapper à la porte.

CHAPITRE III
    Corbett et Ranulf arrivèrent à Godstowe en fin de matinée, juste après que le corps noyé de Dame Martha eut été recouvert d’un drap et transporté dans le dépositoire, petite bâtisse de brique derrière l’église. Les deux cavaliers contemplèrent les bâtiments conventuels blottis au fond d’une vallée boisée peu profonde. Un haut portail à double battant leur faisait face et, plus loin, une poterne – la porte de Galilée – s’ouvrait dans l’imposant mur d’enceinte et donnait sur la forêt.
    Corbett flatta l’encolure de son cheval ; celui-ci s’ébrouait nerveusement en entendant le son lugubre et discret de la
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher