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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort
Autoren: Paul C. Doherty
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présent son chagrin devant le départ imminent de son mari en poussant en avant leurs enfants, Édouard et Aliénor. Corbett s’accroupit pour les étreindre, se releva, embrassa avec passion Maeve sur les lèvres, puis se retourna, rassembla les rênes de sa monture et se jeta en selle. Il fit mine de s’affairer avec son ceinturon et d’ajuster sa chape {2} de laine noire sur ses épaules. Puis il lança un dernier coup d’oeil à Maeve, articula un silencieux message d’amour et, faisant pivoter son cheval, entraîna ses compagnons hors du palais sur le chemin menant au pont de Londres.
    Comme Ranulf, Corbett ne remonta pas son capuchon afin de mieux voir la rue encombrée et de pouvoir guider avec prudence son cheval sur le sol glacé et inégal. Affalé sur sa selle, clignant des paupières pour chasser ses larmes, il fixait la voie devant lui. Ranulf venait juste derrière, à sa droite, et Chanson se trouvait à sa gauche. Le clerc des écuries tenait maintenant dressée la lance ornée du roide pennon blasonné aux armes royales – pourpre, bleu et or éclatants – dont les léopards rampants annonçaient à tout un chacun que les porteurs appartenaient au roi et qu’on ne devait en aucune manière s’immiscer dans leurs affaires ou leur mettre baston en la roue . Même une cohorte de chevaliers bannerets royaux s’écarta pour laisser passer les clercs qu’elle avait sur-le-champ reconnus et salués. Corbett répondit d’un courtois signe de tête. Ranulf leva la main, tout à fait conscient de l’attention soutenue que leur portaient ces sbires du souverain. Le départ du magistrat de Westminster causait une indéniable agitation. Les têtes se tournaient, yeux plissés pour lutter contre le froid mordant. Les passants contemplaient ces deux clercs de haut rang vêtus de justaucorps de cuir noir et de hauts-de-chausses vert foncé glissés dans des bottes rouges en cuir de Cordoue, tenant les rênes d’une main gantée, l’autre, sous leurs manteaux, prête à tirer épée ou poignard. Ceux qui avaient affaire à Westminster comprenaient que le garde du Sceau privé partait en mission au nom du monarque. La présence du magistrat au palais royal suscitait toujours moult murmures et chuchotements, une mer de spéculations sur ce qui pouvait bien se passer. Après tout, les temps étaient troublés. La guerre sur les Marches écossaises ne se déroulait pas aussi bien que le vieux roi l’aurait souhaité ; les puissants marchands londoniens avec les bandes de coquins à leur entière disposition regimbaient de plus en plus devant la constante demande d’argent du roi pour financer sa lutte contre Wallace en Écosse et pour armer ses cogghes de guerre patrouillant en Manche contre les corsaires de Philippe de France. Les affaires royales relevaient néanmoins du secret. Corbett était bien le dernier homme à débattre avec quiconque des raisons de son départ. Il s’installa confortablement sur sa selle, ne pensant plus qu’à Maeve. Noël et les douze jours saints étaient, sans nul doute, passés comme un rêve, comme une période bénie où le coeur trouvait réconfort et l’âme, richesse. Corbett n’avait jamais été aussi heureux de toute sa vie. Il murmura de nouveau une prière d’action de grâce.
    — Ego tibi Domine gratias et laudem
    — Je te remercie et te loue, ô Seigneur.
    Oh oui, le début de l’année avait été agréable ! L’Épiphanie était venue et s’en était allée tel un songe, puis un courrier royal avait surgi à Leighton avec un rouleau de parchemin scellé par Édouard lui-même, un écrit sommant le magistrat cum festinacione magna – en toute hâte – de se rendre à Westminster, le palais du souverain. Corbett n’avait pas tenu compte de la grande hâte et avait insisté pour que Maeve et les enfants l’accompagnent dans son logis du vieux palais. Édouard, bien sûr, s’était montré un hôte généreux et chaleureux, admirant la beauté de Maeve, choyant les enfants. Pourtant, après avoir rempli tous ses devoirs de courtoisie, le monarque à la longue chevelure gris fer avait pris Corbett par le bras et, empruntant la porte sud de la grande abbaye, l’avait entraîné jusqu’au cloître. Corbett se doutait de leur destination. Le souverain, à présent silencieux et morose, n’avait plus rien du jovial seigneur, mais grommelait entre ses dents, en tiraillant sa moustache et sa barbe argentées. Il se fraya un chemin parmi les
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