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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi
Autoren: C.L. Grace
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cloître sur lequel donnait la fenêtre ; dans cet oratoire, même une souris n'aurait pu se faufiler. Agenouillés sur les prie-Dieu au seuil de la chapelle ou debout devant la porte, deux membres de la communauté montaient constamment la garde. Ils faisaient avancer les pèlerins et les laissaient, en échange d'une pièce, admirer le bijou à travers la grille étroite. Oh oui, le Lacrima Christi était en sécurité...
    Laus Tibi soupira et s'adossa à la porte du jubé. Le soleil se couchait, on avait chanté vêpres et fermé l'église. Mais les frères ne relâcheraient pas leur veille jusqu'à ce que la cloche sonne complies. Laus Tibi renifla. Deux moines étaient encore sur leur prie-Dieu. Le voleur regarda la nef du coin de l'œil et constata que l'un d'entre eux était le prieur Barnabas, un homme vigoureux aux traits durs et aux yeux de mastiff en chasse. L'autre était Ralph, l'infirmier. Ils resteraient là jusqu'à l'heure où on emporterait le joyau pour le ranger en toute sécurité. Laus Tibi eut envie de descendre le voir à nouveau. Les frères avaient transformé la chapelle en un splendide sanctuaire : d'épais tapis rouges d'Orient couvraient chaque pouce du sol. Les linges d'autel, les chandeliers et les cierges arboraient ce même rouge rubis, si bien que l'endroit tout entier semblait étinceler d'une lumière surnaturelle. Le larron se piquait de s'y connaître en beauté et il aurait pu regarder à travers cette grille aussi longtemps que les frères le lui auraient permis. La chapelle Saint-Michel représentait tout ce dont Laus Tibi avait été privé dans sa vie : le confort, l'opulence, le luxe. L'air lui-même exhalait des fragrances d'encens et de cierges en cire d'abeille vierge, d'huile parfumée aux herbes dont on se servait pour lustrer les rutilants bois sculptés.
    « Combien peut bien valoir ce rubis ? s'interrogea Laus Tibi. Mais où pourrait-on vendre un tel bijou ? »
    Frère Simon avait précisé que le Lacrima Christi resterait à Greyfriars pendant la saison des pèlerinages. Le pendard baissa les yeux sur ses bottes éculées et gémit. La saison des pèlerinages ! Il tâta la flétrissure sur son épaule. Où se trouverait-il à ce moment-là ? Il revint vers la chaire de Miséricorde dans la niche du chœur, s'assit et, prenant l'écuelle en bois, rassembla les miettes, l'esprit ailleurs. Si ce n'avait été de ce prêtre ! Non, non, c'était faux : le voleur avait été cupide et était tombé dans le piège !...
    La victime désignée de Laus Tibi n'était pas un prêtre mais un bailli du marché déguisé. Lui et ses compagnons épiaient le filou depuis des jours et le chasseur était devenu la proie. Au moment où Laus Tibi s'apprêtait à couper la bourse pendue à la ceinture du bonhomme, la corne avait sonné derrière lui et l'alarme avait été donnée.

    —
    Haro ! Haro ! Au voleur ! Au voleur ! avait crié une voix.
    Le faux prêtre, tout sourire, avait fait demi-tour et, attrapant Laus Tibi par le bras, l'avait obligé à lâcher son couteau.
    — Je vous tiens, messire, avait-il dit d'une voix rauque, son visage vermeil ruisselant de sueur. Je vous arrête au nom du roi !
    Laus Tibi lui avait envoyé un méchant coup de pied dans les tibias. L'homme avait desserré sa prise et le coquin avait détalé, non pas hors de la foule mais à travers elle.
    Partout avaient retenti cornes et « haro ! ». Laus Tibi avait écarté les gens à coups de coude. Il s'était emparé d'un fendoir sur l'étal d'un boucher et en avait menacé ceux qui tentaient de lui barrer le passage. Glissant et dérapant sur les pavés, il avait couru comme le vent, poursuivi par une petite troupe de baillis semblable à une meute de chiens de chasse jappant. Pantelant, haletant, trempé de sueur, il s'était échappé de la place du marché, mais c'était un homme marqué. Il avait déjà traversé ce genre d'épreuve et en reconnaissait les signes. On s'écartait instinctivement de lui en l'identifiant comme malfaiteur. Un groupe d'apprentis déboucha d'une rue latérale mais la vue du fendoir levé et des yeux fous et fixes de Laus Tibi les fit reculer.
    — Haro ! Haro ! Au voleur ! Au voleur !
    Laus Tibi avait couru dans les ruelles et les venelles. La sueur l'aveuglait et la douleur au côté se faisait de plus en plus vive. Il ne fallait pas qu'on l'attrape ! Le trajet dans le tombereau des condamnés jusqu'à la potence hors de la ville n'était pas pour lui ! Il tourna sans
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