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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi
Autoren: C.L. Grace
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LE LACRIMA CHRISTI
    Le sixième des Contes de Cantorbéry de Kathryn Swinbrooke, médecin et apothicaire
    Et quand une bête est morte elle ne souffre pas. Mais, après sa mort, l'homme éprouve peine et chagrin...
    Chaucer, « Le conte du Chevalier » Les Contes de Cantorbéry
    Au Moyen Âge, les femmes médecins exerçaient leur pratique en dépit des guerres et des épidémies pour la simple raison que l'on avait besoin d'elles.
    Kate Campbellton Hurd-Mead, A History of Women in Medicine (Londres, The Haddam Press, 1938) PROLOGUE
    « Tiens ta langue et pense au corbeau. »
    Chaucer, « Le conte de l'Économe », Les Contes de Cantorbéry, 1387
    Un chroniqueur avait décrit la chapelle Saint- Michel et Tous-les-Anges, dans l'église franciscaine de Greyfriars, en la bonne ville royale de Cantorbéry, comme « un joyau dans un joyau ». Greyfriars était un bel édifice avec ses briques couleur de miel et son toit d'ardoises rouge foncé.
    Ses fenêtres, que l'on avait élargies, étaient garnies de verre multicolore représentant des scènes de la Bible. En plein été, ces vitraux, sous les feux d'un soleil ardent, étaient animés d'une vie propre et baignaient l'intérieur du bâtiment d'une vive palette de couleurs chatoyantes.
    Greyfriars avait été agrandi et étendu au fil des siècles ; on avait ajouté des transepts et remplacé les toits. Ses murs chaulés étaient à présent couverts de fresques et de mosaïques à couper le souffle. Par un soir d'été embaumé, il était facile d'admettre qu'une telle église était vraiment la maison de Dieu et l'entrée du Paradis. Par la porte du jubé aux sculptures exquises qui dépeignaient la crucifixion du Christ et d'autres épisodes de la Passion, on pouvait apercevoir le maître-autel de marbre avec ses chandeliers d'or. En ce jeudi soir d'août 1473, la nef était silencieuse.

    Quelques cierges crépitaient faiblement dans la chapelle de la Vierge à gauche du maître-autel et, de l'autre côté, dans une châsse dédiée à saint François, deux autres gros cierges scintillaient dans leurs ampoules de verre rouge.
    C'était un havre de paix, sauf pour le larron qui occupait la chaire de Miséricorde dans le chœur principal. Inquiet et mal à l'aise, il était assis, agrippé aux accotoirs, et contemplait l'autel, les yeux fixés sur le crucifix comme pour demander l'aide du Seigneur.
    Le voleur, que les baillis de Cantorbéry connaissaient sous le nom de Laus Tibi, « Louange à Toi », avait oublié son vrai nom. Il lui semblait avoir été élevé à Gravesend mais il avait passé presque toutes ses années à parcourir les grand-routes poussiéreuses d'Angleterre. Il avait subsisté vaille que vaille grâce au vol, au larcin et, surtout, en coupant les escarcelles et en fouillant les poches. Laus Tibi avait les cheveux gras, un visage de rat aux joues grêlées, des yeux noirs et brillants et il était maigre comme une trique. Il s'était joint aux foules de pèlerins qui, maintenant que l'été battait son plein, s'empressaient d'aller prier devant les ossements de Thomas Becket, saint et martyr, dans la cathédrale de Cantorbéry.
    Laus Tibi ne se souciait ni des reliques ou des os de saint Thomas ni d'acquérir une indulgence qui, après sa mort, le dispenserait du Purgatoire. Il s'était glissé à travers les grilles de la ville comme un loup dans une bergerie. Il était venu pour larronner, subtiliser des bourses, dérober sur les éventaires et faire quelque profit avant que l'hiver s'installe.

    Il aurait besoin d'argent pour se reposer dans une taverne en attendant le printemps. Les pèlerins ressemblaient à des connils dans le foin : il fallait les lever pour les attraper.
    C'était facile. Ils s'affairaient tant pour trouver une auberge ou un logis, ils s'extasiaient tellement, bouche bée, devant les églises et les beaux bâtiments de Cantorbéry, qu'ils en oubliaient souvent leurs balluchons ou, plus important encore, leurs escarcelles, leurs besaces et leurs sacs. Au début, Laus Tibi n'en avait pas cru sa chance. Il avait dérobé la bourse d'un prêtre sur la place du marché, puis la besace d'un tailleur dans une taverne après que l'homme eut lampé trop de bière forte du Kent. L'épouse d'un jeune marchand, une aumônière brodée pendue à la ceinture ornée qui entourait sa taille mince, avait été une proie facile et la récolte avait été bonne : une pièce d'or, tout juste frappée par le Trésor royal à Londres,
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