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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi
Autoren: C.L. Grace
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savoir où, emprunta une ruelle et franchit une grille entrebâillée qui donnait dans un jardin odorant. Il crut d'abord qu'il se trouvait chez un marchand, mais quand il s'effondra sur les genoux et examina les alentours, il comprit qu'il était dans l'enclos d'un prieuré ou d'un couvent. Il connaissait la loi. On l'avait arrêté à York quatre ans auparavant et il avait pu réciter le premier verset du psaume 50 : « Pitié pour moi, Dieu en ta bonté, en ta grande tendresse efface mon péché1. » Il avait réussi à prononcer cette citation, l'infâmant « verset des pendus » qui lui permettait de se prévaloir du privilège de clergie2. Laus Tibi avait été remis aux tribunaux de l'Église pour être châtié. Si les baillis de cette grande ville l'arrêtaient maintenant, ils se livreraient à une enquête approfondie. Il avait déjà bénéficié du privilège de clergie une fois et s'en était tiré indemne ; il n'y avait pas de seconde chance.
    Épuisé et désespéré, Laus Tibi s'était relevé non sans mal et avait repris sa course. Il était étourdi. Il avait écarté brutalement un frère lai, atteint la porte de l'église et s'était jeté dans les froides et accueillantes ténèbres. Les lieux grouillaient de pèlerins ; une main s'était posée sur son épaule, mais il s'en était débarrassé et, chancelant, avait 1 Trad. Bible de Jérusalem, Éditions du Cerf, 1998. {N.d.T.) 2
    Droit accordé aux clercs d'être jugés par la juridiction ecclésiastique. (N.d.T.) remonté la nef, avait franchi le jubé et pénétré dans le chœur. Il aurait voulu crier de soulagement. Au fond du chœur, dans un recoin, se dressait une lourde chaire de Miséricorde. Laus Tibi avait rampé à quatre pattes vers elle, s'était redressé et avait appuyé sa joue brûlante contre la pierre froide de l'alcôve.
    Simon, le sacristain, avait surgi, yeux écarquillés, bouche édentée grande ouverte par la surprise.
    — Demandez-vous asile ? avait-il haleté en latin.
    Laus Tibi avait hoché la tête.
    — Demandez-vous asile ? avait répété frère Simon en se penchant sur lui, ce qui avait permis au filou de sentir l'odeur du vin de messe dans son haleine.
    — Oui, je demande asile, avait-il bégayé. Je réclame la protection de notre sainte mère l'Église !
    Il avait accompli le rituel juste à temps. À la porte du jubé se pressait une bande de baillis, l'air furieux, la canne à la main. L'un d'eux portait même une paire de menottes. Ils avaient tendu le poing vers Laus Tibi mais aucun n'avait osé traverser le chœur pour se saisir de lui. Laus Tibi s'était couché comme un chien jusqu'à l'arrivée du prieur Barnabas. Sévère et hautain, se tenant droit, ce dernier, accompagné d'un porte- croix, était sorti à grands pas de la sacristie et avait affronté les baillis.
    — Vous connaissez la loi ! s'était-il exclamé. Cet homme...
    — Ce voleur, oui ! avait rétorqué le chef des baillis.

    — Cet enfant de Dieu, l'avait interrompu le prieur, a, selon les règles et la loi de l'Église, demandé asile. Si vous violez cette convention, non seulement vous encourrez le courroux du roi, mais aussi l'ire de notre sainte mère l'Église. Vous serez excommuniés par la cloche, le livre et la chandelle ; votre nourriture, votre boisson, votre sommeil et votre veille seront maudits !
    — Je connais la loi ! avait aboyé le chef des baillis.
    — Alors respectez-la ! avait tranché Barnabas.
    Il avait remonté le capuchon de sa coule brune pour couvrir son crâne dégarni et glissé les mains dans ses amples manches. Bien qu'il fût épuisé, Laus Tibi avait noté que le bon prieur savourait son pouvoir et que la plus franche sympathie ne régnait pas entre ce fier ecclésiastique et les baillis de la ville.
    — Alors respectez-la ! avait répété le prieur. Cet homme a le droit de rester ici quarante jours. Puis il choisira : soit se remettre entre vos mains, soit jurer de quitter le royaume.
    Je ne pense pas qu'il se rende, avait-il ajouté, sarcastique ; aussi lui donnerai-je un crucifix, deux pièces, un flacon de vin, du pain et de la viande enveloppés dans un linge et il se rendra à Douvres sous bonne garde.
    — S'il parvient à l'atteindre ! avait glapi un bailli.
    — Cela ne me concerne pas, avait répondu Barnabas. Et à présent, messires, vous êtes dans la maison de Dieu.
    Des pèlerins attendent de voir le Lacrima Christi.

    — Nous savons tout là-dessus ! avait raillé le bailli en
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