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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi
Autoren: C.L. Grace
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la porte, mais elle avait été fermée et verrouillée. Laus Tibi eut bien du mal à attendre que frère Simon lui apporte son dîner composé de pain, de fromage, de lamelles de jambon fumé et de bière dans un pichet en cuir. La nouvelle avait surexcité le sacristain même s'il jetait des regards suspicieux au hors-la-loi.
    — Le Lacrima Christi a vraiment disparu ! dit-il à voix basse.
    — Disparu ! s'exclama Laus Tibi.
    — Ôté de son crochet, chuchota frère Simon, les yeux remplis de terreur. Le rubis et son support.
    Il claqua des doigts.
    — Comme ça, mais il n'y a pas de trace d'effraction.
    Il se rapprocha.
    — On dit que le Christ est revenu réclamer ce qui lui appartient !
    Le lendemain, vendredi après-midi, veille de la fête de la Transfiguration, Sir Walter Maltravers, seigneur d'Ingoldby Hall, se préparait à sa pénitence hebdomadaire. Il était entré dans le grand labyrinthe. Il s'agenouilla à l'ombre de ses haies hautes et épaisses et se signa. Sir Walter, robuste individu dans la soixantaine, se flattait de jouir de l'esprit et du corps d'un homme plus jeune de trente ans.
    Ce grand propriétaire foncier, homme fier, ami et confident du roi Edouard IV au côté duquel il avait combattu dans le récent conflit contre la maison de Lancastre, était le maître d'Ingoldby et des terres environnantes, des prairies, des bois, des ruisseaux poissonneux, des labours, des granges et des greniers. Il possédait aussi des logis à Cantorbéry et plusieurs maisons sises à Paternoster Row, à Londres, à l'ombre de Saint-Paul. Ingoldby Hall s'enorgueillissait de sa bibliothèque qu'aurait enviée n'importe quel monastère, n'importe quelle abbaye. Oh, oui, les biens de ce monde ne manquaient pas à Sir Walter et il avait investi sur les marchands aventuriers et autres compagnies qui sillonnaient les mers du Nord et la Méditerranée. La Couronne lui devait de l'argent et, même à Rome, son nom inspirait le respect : il avait du bien et apportait son soutien à l'Église. Un sourire sardonique fendit sa figure ridée et sévère.
    — À quoi sert-il à un homme de gagner le monde entier s'il perd son âme immortelle ? récita-t-il.
    Il avait bu sans retenue le vin de la vie. Sa jeune épouse, Lady Elizabeth, fille des Redvers, la puissante famille de marchands, était réputée d'une grande beauté avec ses yeux bleus comme les bleuets, son visage à l'ovale parfait et ses chatoyants cheveux d'or. Sir Walter soupira. Lady Elizabeth ne cessait de le sermonner et de lui répéter que cette pénitence était inutile. Mais Sir Walter savait bien à quoi s'en tenir : il avait perdu son âme le jour où, dix-neuf ans auparavant, à des milliers de miles de là, il s'était battu au sein de la garde varègue aux côtés du dernier empereur de Constantinople. Il plongea son visage dans ses mains. Il n'oublierait jamais ce jour-là ! Les Turcs avaient ouvert une brèche dans les murailles ; les janissaires en tunique jaune et turban blanc avaient envahi la ville et s'étaient répandus dans ses ruelles pavées et ses larges avenues dallées de basalte. Ils avaient enflammé les églises. Des nuages de fumée noire stagnaient au-dessus des palais, mais l'empereur et sa garde, leurs armures souillées de sang et de sueur, avaient encore tenté de refermer la brèche. En vain. Les trompettes ennemies résonnaient comme celles d'une horde de démons et, même de l'endroit où il se trouvait, en haut d'une tour, Sir Walter avait pu constater que les bannières vert et or s'avançaient plus avant dans la cité. Les Varègues, mercenaires issus de tous les pays sous le soleil, avaient juré solennellement de rester près de leur chef, de périr l'épée à la main et de rejoindre leur Dieu en soldats. Mais l'attaque avait été trop violente. Les troupes de la maison impériale s'étaient débandées. Sir Walter avait été entraîné sur un escalier et avait dû admettre que la cause de l'empereur était perdue. La ville était déjà livrée aux massacres. D'autres portes avaient été enfoncées et la cavalerie légère turque avait débouché à grand fracas. Un turban noir, lance basse, avait chargé Maltravers. Sir Walter avait fait chuter cheval et cavalier, mais son heaume était tombé et un coup à la tempe l'avait fait vaciller. Il avait gravi en titubant les marches d'une église, une belle chapelle byzantine dédiée à la Vierge Marie. Le père John, un prêtre anglais protégé par la maison
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