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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi
Autoren: C.L. Grace
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chef.
    — Parfait, avait relevé le prieur. Dans ce cas, vous n'ignorez point la générosité dont a fait preuve Sir Walter Maltravers, seigneur d'Ingoldby Hall, proche ami du roi.
    Les officiers avaient décidé de battre en retraite. Laus Tibi avait été foudroyé du regard mais la meute s'était retirée.
    Le voleur, se sachant en sécurité, s'était installé pour réfléchir à ce qu'il allait faire...
    Il sortit de sa rêverie et se retourna pour contempler la chaire du chœur. Sept jours s'étaient écoulés. On lui avait donné un haut-de-chausses propre et les frères avaient été assez affables, bien que Laus Tibi suspectât cette générosité de relever plutôt de l'antipathie envers les baillis de la cité que de la compassion à son égard. Il se frotta les yeux. Le prieur Barnabas avait raison. Il faudrait qu'il s'en aille. Mais comment pourrait-il arriver à Douvres ?
    Comment être certain que les baillis le laisseraient passer ?
    Il retourna dans le chœur, à présent inondé d'or rougeoyant sous les rayons du soleil couchant qui traversaient les vitraux en flèches brillantes. Les marches de marbre de l'autel luisaient dans la lumière resplendissante qui se reflétait dans le support doré de la pyxide. Mais cela réconforta peu Laus Tibi. Il ferait bientôt nuit. Il frissonna et se frotta les bras. Les ténèbres s'insinuaient déjà comme la brume. En haut des piliers, les faces des gargouilles, images grotesques bougeant dans le crépuscule, semblaient s'animer. Le larron leva les yeux vers la rosace qui représentait le Christ au Jugement. La dernière brise du soir, passant par une fente ou un trou, faisait danser les flammes du cierge.
    Il regagna sa place près de la porte du jubé. Les deux frères étaient encore agenouillés sur leur prie-Dieu. La garde serait bientôt terminée et on emporterait en grande cérémonie le Lacrima Christi pour l'enfermer dans son coffre de fer. Le prieur Barnabas s'agita et chuchota quelque chose à frère Ralph, l'infirmier, qui prit de l'amadou et alluma les lumignons à l'aide d'une fine chandelle fixée au bout d'une longue perche. Laus Tibi en fut fort satisfait.
    L'église pouvait bien être très belle pendant la journée, elle n'en devenait pas moins un autre endroit, la nuit, avec ses bruits étouffés et ses ombres mouvantes. Le sacristain ne lui avait-il pas raconté que la nef était hantée par un frère qui s'était suicidé, s'était pendu à un crochet de fer tout près de la porte du dépositoire ? Frère Ralph, brandissant toujours la chandelle allumée, le regardait avec sévérité et, d'un geste, lui enjoignait de se retirer. Laus Tibi n'ignorait pas que le prieur désirait qu'il se tienne loin de la porte, aussi recula-t-il dans le chœur et se mit-il à admirer pendant quelques instants le réceptacle de la pyxide sculptée d'étranges symboles. Il ne comprenait pas le grec.
    Frère Simon disait que cela signifiait : « Je suis le début et la fin de toute chose. » Il était sur le point de tendre le bras pour caresser le bel or quand un cri provenant de plus bas dans la nef le fit sursauter. Il se hâta vers la porte du jubé.

    Frère Ralph regardait à travers la grille et faisait signe au prieur de le rejoindre.
    — Le Lacrima Christi ! criait-il. Le Lacrima Christi a disparu !
    Laus Tibi, horrifié, écarquillait les yeux.
    — Absurde ! railla Barnabas.
    Il courut vers son compagnon et même de l'endroit où il se trouvait, le félon pouvait entendre ses gémissements de désespoir.
    — Vite ! Vite ! s'écria le prieur, en bousculant presque frère Ralph. Donnez l'alarme !
    L'infirmier se précipita dehors. Barnabas parcourut la nef du regard.
    — Et vous, messire, dit-il en faisant un geste à l'adresse de Laus Tibi, retournez à votre chaire. Vous avez trouvé asile dans le chœur. Restez-y !
    Le voleur s'enfonça dans l'ombre. Quelque part au fond du prieuré une cloche tinta. Puis il y eut un bruit de pas sur le dur sol dallé, de portes ouvertes à la volée. Les frères se pressèrent dans la nef. Laus Tibi regagna la chaire de Miséricorde dans la niche. Il entendit des cris incrédules et les ordres donnés par le prieur Barnabas. Enfin le vacarme s'apaisa.
    — J'espère qu'ils ne vont pas m'accuser, maugréa Laus Tibi entre ses dents. Je n'ai rien à voir dans cette histoire.
    Comment a-t-on pu enlever le rubis de cet endroit ?

    La chapelle était hermétiquement close. Le seul moyen d'y pénétrer était
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