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Le kabbaliste de Prague

Le kabbaliste de Prague

Titel: Le kabbaliste de Prague
Autoren: Halter,Marek
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Prends garde à leur pouvoir.
La parole détournée est un agneau qui échappe au regard du berger, une folie
qui conduit le troupeau entier à la mer.” »
     
    «  Paroles de mon Maître le MaHaRaL sur le lit de son
dernier souffle : “ Golem ! Golem ! Le mal-accueilli…
Souviens-toi des mots de l’Exode, David Gans Vous accueillerez l’étranger,
vous l’aimerez comme s’il était l’un des vôtres, car vous étiez étrangers dans
le pays d’Égypte. ” »
    «  Paroles de mon Maître, le MaHaRaL “Tendez vos
paumes et choisissez votre destin, mais ne comptez pas que le Saint Nom vous
épargne le devoir de l’accomplir. ” »
    « Voilà ce qui m’est arrivé. Tout dans mon cœur et
mon désir me portait vers Eva, fille d’Isaac Cohen. Mais je ne suis pas allé
au-devant d’elle quand il le fallait. Je ne l’ai pas soutenue quand elle était
plus seule qu’un égaré dans le désert du Neguev.
    « Je me suis aveuglé. Je n’ai pas compris qu’Éva
n’accompagnerait pas le destin d’un homme selon la tradition. Elle était libre
et elle cherchait l’homme qui agrandirait sa liberté. Moi, j’ai fait le choix
de la jalousie, le choix des étoiles, le choix des mots . Je n’ai jamais
fait le choix d’aimer Éva, fille d’Isaac Cohen, comme un homme doit aimer une
femme quand elle vole vers son destin.
    « Car Eva Cohen, petite-fille du MaHaRaL, a accompli
son destin en entier, comme le veut le Saint-Nom. Pas moi. »
     
    « Que suis-je aujourd’hui, moi, David Gans, celui
dont la pierre tombale est toujours dans le beau cimetière de Prague, avec une
oie gravée au-dessus de l’étoile du bouclier de David, à quelques pas de la
pierre de mon Maître ? Je suis ce que le Saint-béni-soit-Il a voulu de
moi. Je suis l’errant qui raconte le souvenir à ceux qui veulent bien se
réveiller du présent.
    « La mémoire ne manque pas. Tant qu’il y aura des
oreilles pour écouter la mémoire, des bouches pour la conter , des mains
pour l’écrire et la passer en d’autres mains, le Mal n’étouffera pas le monde
de ses vociférations. »
    « Le Zohar, Le Livre de la Splendeur, dit : Quand un homme se couche pour dormir, son âme le quitte et s’élève vers
l’En-haut. Dieu se révèle à elle selon le destin qu’elle s’est choisi et lui
accorde Sa grâce selon sa sagesse. Au premier barreau, le songe. Au deuxième,
la vision. Au troisième, la prophétie.
    «  À moi qui ne dors pas, le Saint-béni-soit-Il n’a
fait que donner les mots, les mots qui racontent. »
     
    Je relevai les yeux de ces feuillets pour croiser le regard
attentif du rabbin Steinsaltz.
    — Je ne comprends pas, m’écriai-je nerveusement. Ce
papier, cette écriture… On dirait que Gans a rédigé ces lignes de son vivant, à
Prague. En 1600 quelque chose…
    — Certainement. C’est son écriture d’alors. Oui, il n’y
a pas de doute. Le papier aussi est aisé à dater.
    — Mais c’est impossible ! Il parle… Il parle comme
s’il était déjà errant dans les limbes. Comme il le fait dans son récit de
Golem.
    — Ah ! mon ami… !
    Steinsaltz s’interrompit pour m’accorder un sourire moqueur.
    — Mon ami, croyez-vous à ce point connaître les
mystères du temps que vous puissiez être certain de ceci ou de cela ?
    Je grommelai quelque chose qui voulait être une réponse
humble. Pourtant, je restai avec mon trouble et mes questions. Steinsaltz hocha
la tête et me tapota gentiment l’épaule.
    — Ne vous souciez pas trop de ces bizarreries. Écoutez
plutôt ce que dit ce cher David. Il cherche des passeurs de mémoire pour
accomplir son destin en entier. N’est-ce pas le vôtre aussi ? N’êtes-vous
pas un conteur de mémoire ?
     
    Quelques semaines plus tard, je me rendis à Moscou pour une
tournée de conférences. Dans un avion d’Aeroflot je sympathisai avec mon
voisin. Un homme âgé, trapu, cheveux et moustaches blancs, le visage marqué par
le temps et les expériences. Assez dur pour que l’on puisse imaginer qu’elles
n’aient pas toutes été agréables.
    Après quelques mots, il se présenta : Alexandre
Volochine, colonel.
    Quand je me présentai à mon tour, il approuva, la mine
rusée.
    — Je pensais bien que c’était vous. Je vais vous
surprendre : tout colonel que suis, je lis vos livres.
    — Vous vous intéressez aux Écritures ?
    — Pourquoi non ? Même Staline en raffolait. Cela
devait lui rappeler le petit séminaire… Vous
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