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Le jour des reines

Le jour des reines

Titel: Le jour des reines
Autoren: Pierre Naudin
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l’ouvrage du roi René d’Anjou. Son Livre des Tournois le consacre comme un novateur ayant codifié, pour la postérité, les usages de son temps. Il apparaît que cette distinction est malheureusement erronée lorsqu’on prend connaissance du livre suivant : La Forme des tournois au temps du roi Uter et du roi Artus, suivie de l’Armorial des Chevaliers de la Table Ronde, édité chez Charles Valin, 7-9, rue du Canu, à Caen, en 1877.
    Cet ouvrage est l’œuvre du comte A. de Blangy, membre de la Société des Antiquaires et d’Histoire de Normandie. D’après lui, et Vulsion de la Colombière, deux petits ouvrages existaient à l’époque du roi René : le Petit Formulaire et Le Grand Formulaire, tous deux traitant de Chevalerie. Leur adaptateur serait Pierre de Bourbon qui, pour complaire à Anne de France dont la main venait de lui être accordée par contrat passé le 3 novembre 1473, se montrait fort empressé à distraire le Dauphin (futur Charles VIII).
    Le comte de Blangy reproduit une lettre de Jean de Bourbon à son frère Pierre ; il y est question de l’ouvrage de René, qui aurait démarqué celui de Pierre : La Forme qu’on tenait des Tournois et assemblées au temps du Roy Uter et du Roy Artus entre les Roys et Princes de la Grande Bretaigne et de la Table Ronde (ung petit livre des chevaliers de la Table Ronde, escript à la main, en parchemyn, couvert de cuir noir). Ce manuscrit aurait été écrit entre 1469 et 1475 alors que le Livre des Tournois lui est postérieur.
    Le comte de Blangy a opposé les deux textes pour étayer sa démonstration de « plagiat ». On reste confondu par les maigres ajouts du roi René. C’est de la copie servile, et l’on est confondu, également, de constater que les travaux du comte de Blangy, considérables, sont méconnus. L’on se prend à regretter la conscience, le soin au travail et à la recherche, la quête de la vérité, non seulement d’un A. de Blangy, mais aussi d’un Siméon Luce, d’un Kervyn de Lettenhove, d’un Buchon et, plus près de nous, d’un Gustave Schlumberger, véritables historiens comparés à certains compilateurs verbeux de la télévision, conteurs de balivernes qui font, hélas ! autorité sur un public de plus en plus crédule.

ANNEXE  III

RAOUL, COMTE D’EU ET DE GUINES, CONNÉTABLE DE FRANCE
    Un bien étrange personnage que celui-ci. Froissart s’étend sur ses différents faits d’armes ; un seul nous intéresse. Le lecteur jugera de sa qualité.
    Raoul avait été chargé de veiller sur une partie de la Normandie, particulièrement sur Harfleur et Caen, au commencement de l’été 1346. Il était secondé par le comte de Flandre, Jean de Sancerre, Baudouin de Bouvelinghem, Jean de Saint-Omer, Jean de Bethisy, Jean de Fricamps, etc. Ce grand « viveur » avait fait porter au château de Caen sa vaisselle d’argent, ses harnais somptueux, une grande partie de ses chevaux. Presque tout fut perdu lors du sac de la ville, le 26 juillet 1346.
    Avec son compère, le chambellan de Tancarville, il se rendit aux Anglais «  joyeusement  » selon Jean le Bel. À qui ? À Thomas Holland avec lequel il avait accompli «  plusieurs chevauchies en Prusse, en Grenade » [358] .
    Emmené en Angleterre, il fut, en vertu de lettres d’Édouard IIIdu 10 avril 1347, mis en forteresse et soumis à une rude captivité sans pouvoir communiquer avec personne, ni par lettre ni de vive voix. Quelques mois après, Thomas de Holland le remit entre les mains d’Édouard IIIet, en retour, le roi, par lettres du 16 juillet, lui donna 80 000 florins dont 12 000 devaient lui être payés à la Saint-Michel et à Pâques suivants ; le reste lui était assigné sur des taxes en laines, cuirs et peaux.
    Le 20 octobre 1350, le connétable était encore prisonnier car, à cette date, Édouard III lui délivra des lettres de sauf-conduit à lui et aux quinze personnes attachées à son service chargées d’aller sur le continent réunir le montant de sa rançon.
    Il n’était pas une réjouissance, à la cour d’Édouard III, à laquelle Raoul ne fut convié. Il avait promis au roi d’Angleterre, en cas de rabais sur sa rançon, de lui céder son château de Guines.
    Il fut mal inspiré d’aller trouver, dès son arrivée à Paris, l’ancien duc de Normandie devenu roi. Le 16 novembre 1350, il fut arrêté et enfermé à l’hôtel de Nesle par le prévôt de Paris ; le 18 au matin, on le
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