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Le jour des reines

Le jour des reines

Titel: Le jour des reines
Autoren: Pierre Naudin
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son effet. Ce fut de la joie, ensuite, qui l’entoura quand, malgré sa répugnance, « la belle vierge (!) de Kent » eut accepté de donner l’accolade aux meneurs. Elle put sans nulle crainte rejoindre Richard à la Tour.
     
    LA BEAUTÉ N’A QU’UN TEMPS
     
    Il se produisit alors le même phénomène qu’en France, quelque vingt ans plus tôt : une espèce de jacquerie où les pires malandrins subjuguèrent la populace. Le 23 juin, le roi se rendit à Rotherhitte ; il y fut accueilli par de telles clameurs que son escorte l’adjura de rebrousser chemin. Londres fut envahie par les émeutiers, Newgate connut les meurtres et le saccage. Deux solutions s’offraient, comme toujours en ces périodes « d’abusions » : combattre ou négocier, réprimer ou composer. Jeanne s’imposa au Conseil. Elle plaida pour l’apaisement et les concessions. L’on se résigna pour la solution de faiblesse. Les hérauts convoquèrent le peuple à Mile-End ; Richard s’y rendit et accepta la Charte proposée par la populace.
    Tyler et Straw étaient à Londres, bien décidés à gonfler l’émeute. Ils envahirent la Tour avec 400 hommes, massacrèrent Robert Halle ; William Apuldore, confesseur du roi ; Legge, fermier des impôts ; l’archevêque Simon Sudbury, primat et chancelier, qui disait la messe.
    Jeanne était enfermée dans ses appartements. On força ses portes. On l’injuria. Certains chefs lui demandèrent des baisers tandis que d’autres sondaient son lit à coups de dague, à la recherche d’un homme (son fils ?) ou de joyaux. Elle s’évanouit. Ses chambrières l’emportèrent de l’autre côté de la Tamise, dans Canterlane. Richard l’y rejoignit.
    Le lendemain, 13 juin, parcourant Smithfield à la tête de 60 cavaliers, Richard se trouva face à Tyler qu’accompagnaient 20 000 insurgés. La disproportion des forces incita le meneur non seulement à l’impertinence verbale, mais aussi aux gestes menaçants. Comme, ayant sorti son poignard, il portait la main aux rênes du cheval du roi, Walworth, le lord-maire, frappa de son épée l’insolent à la gorge et Robert Sandish, écuyer du roi, l’acheva. Aussitôt, les archers de Tyler bandèrent leur arme. Richard fit front, parlementa et astucieusement les emmena à Islington.
    Robert Knolles et ses hommes étaient apostés là. Encerclés, les émeutiers se rendirent. Richard révoqua la Charte qu’il leur avait accordée. Il fit exécuter Straw et Bail.
    Jeanne, soulagée, put alors se consacrer aux enfants qu’elle avait eus de Thomas Holland [345] . Sa beauté s’était brusquement altérée. Édouard était mort obèse ; elle le devint. Elle résidait à Wellingfort et n’en sortait guère. Richard suivait sa voie, cédant souvent à des colères de fille plutôt qu’à des impulsions d’homme sage. En juillet 1385, il voulut relancer l’éternel combat contre les Écossais. Un événement cruel le retint à York : sir Ralph Stafford, le préféré de ses favoris, était assassiné par John Holland !
    La mère du roi implora le pardon du coupable sans y parvenir. John Holland fut interné à vie à Saint-John de Beverley (8 juillet). Le gibet l’attendait s’il s’évadait de ce sanctuaire.
    Endolorie par ce drame, Jeanne s’éteignit le 7 août 1385, à Wellingfort. Elle était âgée de 57 ans.
    Elle avait fait un testament. Elle y demandait de ne pas être enterrée à Cantorbery, près d’Édouard, mais à Stamfort, dans l’église des Frères Mineurs. Elle léguait à Richard l’extraordinaire lit de velours rouge, brodé de plumes d’autruche d’argent et de têtes de léopard d’or qu’elle avait fait dessiner et « construire » lors de son mariage avec Édouard. Elle offrait aux deux fils Holland des lits ornés de rayons d’or. Il semble que coucher pour elle était un art !
    Son corps enduit de cire et momifié fut enfermé dans un cercueil de plomb. L’inhumation en fut retardée jusqu’au retour du roi, occupé en Écosse. Elle eut lieu le 27 janvier 1386. Jeanne seule eût pu dire si Richard était bien le fils d’Édouard.
     
    LES DERNIÈRES AMOURS D’ÉDOUARD III
     
    Dame Philippa s’était éteinte le 15 août 1369. Cette grosse reine dédaignée, cocue et bafouée en permanence, apparaît, par contraste avec le reste des personnages de sa famille, comme une personne des plus estimables. Elle était férue d’art, de sciences, d’astrologie, de lettres. Elle
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