Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort
Autoren: Caroline Roe
Vom Netzwerk:
aveugle qui a guéri le jeune duc de Gérone, n’est-ce pas ?
    — Oui, et sa cécité fait que sa fille, presque aussi talentueuse que lui, l’assiste aujourd’hui. Hélas pour moi, peu avant la date prévue pour notre union, maître Isaac fut appelé dans le Nord pour y secourir un ami, et il semble qu’il devait absolument avoir sa fille à ses côtés. Elle n’est revenue que depuis peu et elle a demandé quelques semaines supplémentaires afin de terminer les préparatifs du mariage.
    — Je peux comprendre ses raisons, dit Antoni. Et au lieu de ces noces tant désirées, vous voilà envoyé dans notre charmant port de Sant Feliu de Guíxols pour trouver votre bonheur parmi les merveilles de mon entrepôt.
    — En effet, et cela me plaît beaucoup. J’étais particulièrement intéressé par quelques-unes de ces précieuses teintures. Une telle qualité nous est pour ainsi dire inconnue.
    — Elle l’est dans toute cette partie du monde, dit Antoni avec satisfaction. Elles proviennent d’un port situé sur la mer Noire.
    — Voici quelque temps, nous avons eu une demande accrue pour de nouvelles garnitures de fourrure… Mon oncle regrettera amèrement de ne pas m’avoir accompagné quand il saura quelles peaux vous avez fait venir, mais je suppose que s’il s’était joint à moi, il n’aurait plus eu aucun prétexte pour m’envoyer ici.
    — Tel est le prix à payer quand on est trop subtil. Et trop bon. Mais, dites-moi, jeune messire, d’où êtes-vous issu ? dit Antoni en se tournant vers Rubèn.
    Rubèn ne put que rougir d’être ainsi apostrophé.
    — Issu ?
    — Mordecai dit que vous êtes l’enfant de sa cousine Faneta et que vous venez à Gérone pour la première fois. Une brève visite, semble-t-il.
    — Une semaine, c’est tout. Je suis né et j’ai grandi à Séville, mais désormais nous vivons à Majorque auprès de ma grand-mère. Et cet après-midi, si tout va bien, je prendrai un bateau qui me ramènera chez moi.
    — Je vois. Mais avec qui embarquez-vous ?
    — C’est un petit vaisseau dont vous n’avez certainement jamais entendu parler. Ma grand-mère connaît le capitaine, mais maître Mordecai a bien insisté sur le fait que, si ce bateau tardait à arriver, il faudrait s’adresser à vous : il n’est personne sur ce littoral qui en sache davantage en matière de navigation, maître Antoni. Je dépends entièrement de vos bons conseils.
    — J’ignore lesquels je pourrais vous donner, mais ce sera avec plaisir, assurément, dit Antoni qui l’observait avec un intérêt accru.
    — Si je fais ce voyage, dit Rubèn, c’est pour ma mère. Elle tenait beaucoup à ce que je rencontre ma famille.
    — Et qu’avez-vous pensé de vos cousins de l’Est ?
    — C’est avec étonnement que j’ai fait la connaissance de maître Mordecai. Moi qui pensais qu’il n’était qu’un simple bottier, j’ai découvert un homme à la fois riche et distingué. Je me sentais très mal à l’aise, car il aurait pu croire que j’étais venu profiter de lui, mais il s’est montré très aimable à mon égard et très hospitalier.
    Antoni l’observait tout le temps qu’il parlait comme s’il était susceptible de présenter un certain intérêt commercial.
    — Quand êtes-vous arrivé à Majorque avec votre mère ?
    — Il y a près de trois ans, répondit Rubèn.
    — Vous savez, si vous ne m’aviez dit que vous étiez originaire de Séville, j’aurais pensé que vous aviez passé toute votre vie dans les îles.
    — Qu’entendez-vous par là ?
    — J’ai de nombreux amis et connaissances à Majorque. Certaines relations aussi. Vous parlez déjà comme un vrai Majorquin.
    — Merci, mais je crois en revanche ne plus pouvoir parler comme un Sévillan.
    — Vous n’en aurez pas vraiment l’occasion par ici, dit Antoni qui lança un clin d’œil malicieux dans la direction de Daniel.
    — Je ne sais pas…
    Un claquement suivi d’un bruit sourd mit un terme à cet interrogatoire.
    — C’était quoi ? demanda Daniel.
    — Le vent, je le crains, répondit Antoni. Je crois que nous allons avoir un bel orage.
     
    Une jeune servante déposa sur la table un plat de petits poissons grillés, un gros canard rôti agrémenté d’une sauce aux oranges amères, des abricots secs, du riz et des lentilles.
    — Cela sent très bon, dit Isaac. Dis-moi ce que tu nous as apporté, Jacinta.
    — Du poisson grillé, du canard et du riz, maître,
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher