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Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort
Autoren: Caroline Roe
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répondit-elle.
    — C’est Jacinta qui a préparé la sauce du canard, dit Judith en parlant de la servante que son époux avait récemment ramenée de Perpignan. C’est déjà une bonne cuisinière. Je dois…
    Judith ne put exposer ses projets : la cloche du portail venait en effet de retentir violemment. Nathan tendit le cou pour voir qui faisait tout ce raffut.
    — Papa, on dirait un soldat.
    Inquiète, Raquel se leva pour aller voir.
    — C’est l’un des gardes de l’évêque.
    — Que peut-il vouloir à cette heure ? dit Judith. Faut-il donc que vous soyez dérangé chaque jour à l’heure du dîner ?
    — Mais non, pas chaque jour, ma mie, dit Isaac. Je vais aller voir ce qu’il veut.
    Raquel tira sur le portail pour l’ouvrir et laissa entrer un garde visiblement embarrassé. Il salua tout le monde, murmura quelques mots d’excuse, puis se lança dans une longue conversation avec le médecin.
    Isaac s’adressa alors à sa famille.
    — Je suis mandé d’urgence par Son Excellence, ma mie. Elle est souffrante et je dois la retrouver dès que possible en son château de Cruilles. Mais, en attendant, notre messager n’a rien pris depuis ce matin. Je suis certain qu’il y a assez à manger à la cuisine…
    — Bien entendu, dit Judith. Jacinta, apporte une assiette au garde.
    — Raquel, Yusuf, dès que vous aurez terminé votre repas, rassemblez tout ce que j’aurai besoin d’emporter.
    — Nous allons aussitôt nous en occuper, papa, nous nous restaurerons après. Viens, Yusuf.
    Le garçon arracha un morceau de pain, le trempa dans la sauce et l’engloutit avant de suivre Raquel dans le cabinet.
    — Qui prendrez-vous avec vous ? demanda Judith.
    — Son Excellence m’a envoyé un garde pour m’escorter, lui répondit son mari.
    — C’est absurde. Il vous faut aussi emmener Yusuf.
    — Si je devais choisir quelqu’un, il vaudrait mieux que ce fût Raquel, répliqua Isaac d’un ton sec. Son Excellence est très malade.
    — Alors prenez-les tous les deux, mais Raquel aura besoin de la compagnie de Leah.
    Un quart d’heure plus tard, le garde acheva son repas rapide et fut conduit vers les écuries épiscopales afin d’y trouver les montures destinées à Isaac et à ses assistants. Ces derniers continuèrent de dîner, puis rassemblèrent les objets nécessaires et, quand le garde revint avec trois mules et le cheval de Yusuf, ils se mirent en selle pour bientôt franchir les portes de la ville. Sur fond de ciel menaçant, les premières gouttes de pluie se mirent à tomber.
     
    Ils allaient au pas, ralentis par le fait que la mule d’Isaac venait en tête.
    — Le ciel est très sombre, papa. Je crois qu’un orage s’annonce.
    — Dans ce cas, pourquoi cheminons-nous aussi lentement ? demanda Isaac.
    — Je ne veux pas vous voir faire une chute, maître, dit le garde qui rougit d’embarras. Pouvez-vous adopter une allure plus vive ? Cela nous serait d’un grand secours.
    — Je peux essayer. Et si je tombe de cette docile créature, je pense que, dans le pire des cas, je serai couvert de boue.
    — Je vais prendre les rênes, dit Yusuf avec l’assurance de ses douze ou treize ans. Je connais mon cheval mieux que vous cette mule.
    Yusuf s’empara des rênes et fit adopter un trot rapide à sa monture. La mule rechigna un instant puis elle avança au même rythme que la jument baie.
    La route était encore sèche malgré la petite averse.
    — Il va falloir garder cette allure le plus longtemps possible, dit le garde. Plus loin, il pleut à verse et le chemin va être changé en bourbier. Une fois la nuit tombée, personne, ni homme ni bête ne verra plus rien.
    — Ne pouvons-nous faire halte si la route devient aussi mauvaise que vous le dites ?
    — Oh, non, maîtresse. Son Excellence était déjà très mal au départ de Sant Feliu, et son état n’a fait qu’empirer depuis son arrivée au château, répondit le garde, pris de panique. Et si je vous conduisais trop tard jusqu’à elle ?
    — Nous ne nous arrêterons pas, trancha Isaac.
     
    La route suivait la plaine du Ter tandis que collines et montagnes se dressaient à leur droite. La pluie tombait par intermittence et s’accompagnait de rafales de vent, mais elle ne les gênait pas vraiment. Devant eux, cependant, s’amassaient de gros nuages noirs. Yusuf en parla à son maître et protecteur, puis il tira sur les rênes de sa monture pour la mettre au petit galop.
    Leah, la servante
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