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Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort
Autoren: Caroline Roe
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faire quelque chose.
    — Si la mère de Josep a bien empoisonné Faneta et Rubèn, il sera difficile de le prouver. Et si elle l’a fait, c’est bien entendu à l’instigation de son fils.
    — Voilà qui est pousser l’amour maternel trop loin à mon goût, mon ami. Et je crains que nous devions laisser au Ciel le soin de la châtier.
     
    Une fois que la soirée eut commencé à répandre son ombre sur le Call, les femmes se réunirent dans la cour pour escorter Raquel jusqu’à la synagogue où elle allait se marier. Après une journée entière consacrée aux préparatifs, elle passa une chemise de soie brodée puis une robe de soie fauve bordée de vert. Là-dessus elle enfila un surcot de soie verte brodé de fils d’or. Son voile, qui lui tombait presque jusqu’aux pieds, recouvrait sa chevelure parfumée.
    — Maman, dit-elle, je me sens toute drôle. Ce n’est pas du tout moi. Comment puis-je espérer faire quoi que ce soit vêtue ainsi ?
    — Tu es incroyablement belle, ma chérie. Et l’on n’attend de toi que de rougir et de sourire, de danser un peu et de marcher d’un pas lent, parée de toutes ces soieries. Je te jure que tu es encore plus belle que moi au jour de mes noces, et chacun disait que j’étais la plus grande beauté qu’il avait jamais contemplée.
    Judith soupira.
    — Vous êtes toujours belle, maman. Et c’est presque agaçant par instants !
    — Je ne suis plus aussi mince, dit sa mère avec la froideur qui la caractérisait dans ce genre de situation. Mais viens avec moi. Il est temps.
     
    Après le mariage, un petit garçon à l’ouïe particulièrement fine raconta ce que Daniel avait susurré à sa jeune épousée, voilée ainsi qu’il ne l’avait jamais vue auparavant.
    — Je ne vous épouserai pas emballée de la sorte si vous ne me promettez que vous êtes bien Raquel.
    Ce à quoi elle répondit :
    — Arrachez ce voile et vous verrez bien.
    — Maintenant, je sais, dit-il. Nulle autre que vous n’aurait pu dire cela.
     
    Après plusieurs heures de réjouissances, de bombance, de danses et de chansons, religieuses, sentimentales et parfois aussi, hélas, gaillardes, la jeune mariée fut conduite dans la maison de Daniel pour sa nuit de noces.
    Isaac était assis à côté d’Éphraïm quand Mordecai se joignit à eux.
    — Isaac, dit-il, j’ai trouvé une maison.
    — De laquelle parlez-vous ?
    — De celle qui jouxte la vôtre. Elles ont même un mur en commun. Il serait fort simple de percer une porte dans ce mur et de réunir les deux propriétés.
    — Mordecai, à moins que ma Judith ne me donne un nouveau fils chaque année, je ne pense pas que nous ayons besoin d’une nouvelle maison, aussi belle et aussi bien bâtie fût-elle.
    —  Vous n’en avez pas besoin, mais Daniel et surtout Raquel apprécieraient une demeure sise à côté de celle de son père à elle. La dot de Raquel permet d’acquérir une telle maison.
    — La dot de ma fille n’est pas aussi importante.
    — Et cette maison n’est pas aussi coûteuse que vous le croyez, Isaac, mon ami. Je connais l’étendue de la dot de Raquel et je sais qu’elle couvrira le prix d’achat, il en restera même encore !
    — Mordecai, c’est un cadeau de mariage trop luxueux, même pour ma Raquel. Et nul ne sait mieux que moi ce qu’elle mérite.
    — Pensez à tout ce qu’ils ont souffert à cause de moi quand j’ai envoyé Daniel à Majorque : il a été contraint de séjourner chez Maimó, de dormir dans des draps de soie et de manger comme un prince chaque soir. Il ne faut pas négliger son sacrifice !
    — Étaient-ce vraiment des draps de soie ? demanda Éphraïm.
    — Oui, il y a de grandes chances, répondit Mordecai.
     
    Mais dans la chambre préparée à leur intention, Raquel et Daniel ne songeaient ni à leurs familles, ni à leur maison, ni à la dot.
    — Mon bien-aimé est mien, murmura Raquel d’une voix rauque de désir. Et je commençais à penser que cela n’arriverait jamais, ajouta-t-elle en riant. Soufflez ces bougies et venez ici, Daniel.
    — Jamais, répondit-il. Notre chambre à coucher sera toujours emplie de bougies et de chandelles afin que leur lumière révèle toute votre beauté.
    — Vous allez être un mari bien dépensier, alors !

ÉPILOGUE
    — J’ai reçu une lettre de Perla, dit Mordecai, assis à l’ombre des arbres fruitiers de la cour d’Isaac.
    — Va-t-elle bien ?
    — Elle est perturbée, mais elle va
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