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Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort
Autoren: Caroline Roe
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temps que le jeune Tomás apprenne un vrai métier…

XXI
Junt és lo temps que mon goig és complet Le temps est venu que mon plaisir soit comblé
    Tôt le matin, le jour du mariage de Raquel, un page se présenta devant le portail de la maison d’Isaac, porteur d’un message de l’évêque. Aussitôt le médecin appela Yusuf, et tous deux suivirent le page qui les conduisit vers le palais. Ils ne se rendirent pas dans le cabinet de Berenguer, mais dans l’une des petites pièces du rez-de-chaussée. Le page frappa à la porte et celle-ci s’ouvrit immédiatement.
    — Maître Isaac, dit l’évêque, je vous remercie pour votre promptitude. Avant de parler de nos affaires, nous devons terminer la petite conversation que nous avions avec Pau, le clerc de maître Xavier Jaume. Peut-être vous joindrez-vous à nous.
    — Certainement, Votre Excellence, dit Isaac qui s’assit.
    — Le jeune Pau, ici présent, nous a raconté tout ce qu’il sait de Josep. Hélas, il en sait fort peu.
    — C’est vrai, Votre Excellence, dit Pau.
    Le médecin pouvait sentir la peur panique qui faisait suer le jeune homme à grosses gouttes.
    — Il m’a expliqué que si je ne savais pas où le trouver ni où il habitait, je ne pourrais mentir et m’éviterais ainsi bien des problèmes.
    — Il avait tort, non ? fit le capitaine des gardes. Parce que tu t’es fourré dans des problèmes pires que tu n’imaginais.
    — Je savais que je perdrais ma place si maître Jaume apprenait que je l’aidais en lui donnant des lettres.
    — Ce n’est pas seulement ta place que tu risques de perdre, jeune Pau. Ton ami sera pendu avant la fin de la semaine, et tu dois te demander si tu veux être un loyal ami ou te trouver pendu à ses côtés.
    — Pendu ! s’écria Pau. Mais je n’ai rien fait de mal, je lui ai seulement donné ces lettres. Et puis, il n’y en avait que deux.
    — Qui les avait expédiées ? demanda Berenguer.
    — Sa mère. C’est une pauvre veuve qui ne peut se permettre de payer un courrier, alors elles sont parties à Barcelone avec un ami et nous… je les ai récupérées quand maître Jaume y a fait porter des documents.
    — Une pauvre veuve, ah oui ? Il y a d’autres termes pour la décrire, mais soit. Il est donc venu te voir pour les prendre ?
    — Euh… pas exactement. Je les lui ai portées. Il connaissait quelqu’un en ville et il ne voulait pas le revoir parce qu’ils s’étaient querellés.
    — Tu t’es donc rendu à la finca pour les lui apporter ?
    — Une fois. Ou nous nous retrouvions à flanc de colline, juste après le pont.
    — Et c’est là que tu lui as parlé des testaments consignés par maître Jaume, affirma le capitaine.
    — Mais non ! s’indigna Pau. Je n’ai évoqué que celui de maîtresse Magdalena parce que je trouvais drôle ce qu’elle disait, et il m’a répondu qu’à la place de Lucà, il serait tenté de glisser un peu de jusquiame dans sa potion pour l’estomac. Nous en avons ri tous les deux parce que, bien sûr, il ne l’aurait jamais fait.
    — Pourtant elle est morte.
    — Chacun savait qu’elle était malade. Elle est morte, c’est tout.
    — C’est alors que tu lui as parlé de maître Narcís, dit le capitaine.
    Ce n’était pas une question, rien qu’une affirmation, glaciale, brutale.
    — Non, pas vraiment. C’est sorti d’un coup une fois qu’on discutait d’autre chose. Il m’a alors promis qu’il ne le répéterait pas. Mais il a pourtant parié six pièces d’argent qu’il arriverait bientôt quelque chose à maître Narcís. Quand je lui ai donné cette somme, il m’a expliqué que tout homme testant en faveur d’un tel individu, c’est-à-dire léguant de l’argent à quelqu’un qui sait fabriquer des poisons, n’a que ce qu’il mérite, surtout quand il le met au courant.
    — Quand il le met au courant ? répéta Berenguer. Qu’entends-tu par là ?
    — Il n’aurait pas dû, hein ? Comment aurait-il pu le savoir autrement ? Je n’ai rien raconté à maître Lucà. Raimon le disait, mais ce n’était pas vrai. Tout le monde croyait que je révélais à qui veut l’entendre le contenu des testaments – Son Excellence m’a accusé de mentir et elle a dit à maître Jaume que j’avais certainement divulgué des secrets. Raimon ne s’en faisait pas. Quand il rentrerait dans son argent, il le partagerait avec moi et nous serions riches tous les deux.
    — Quel argent ? voulut savoir
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