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Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort
Autoren: Caroline Roe
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le capitaine. J’ignorais que ton ami devait en toucher un jour.
    — Si. Il a prêté de l’argent à ce Rubèn, lequel allait hériter de maître Mordecai. C’était vrai, parce que j’ai retrouvé les documents dans nos archives. C’était une somme d’argent prodigieuse, dit Pau en écarquillant les yeux. Plus importante encore que…
    — Pau, fit Berenguer. Voilà que tu recommences. Nous sommes huit dans cette pièce et tu t’apprêtes à nous apporter des informations confidentielles qu’aucun de nous n’a le droit d’entendre.
    — Oh… Dès que maître Mordecai aurait donné l’argent à Rubèn, celui-ci en aurait rendu la majeure partie à Raimon puisqu’il le lui avait prêté. Ils ont grandi ensemble, ils étaient comme frères. Ensuite, nous serions riches, tous les deux. L’argent allait arriver, il a alors dû s’arrêter de travailler pour se concentrer.
    — Et où était-il quand il s’est concentré, pour reprendre ton expression ?
    — À la finca. La plupart du temps. L’intendant et la maîtresse, ils sont toujours prêts à le cacher quand quelqu’un vient le chercher. Tout le monde l’aime bien, Votre Excellence. Vous voyez ? Il n’a rien fait de mal.
    — Emmenez-le ! s’écria Berenguer. Quelqu’un pourrait-il enfin lui expliquer quels crimes a commis son ami ? Je ne puis supporter une telle ignorance !
    Quand chacun fut parti, Isaac se tourna vers son patient.
    — Vous sentez-vous bien, Votre Excellence ?
    — Oui, maître Isaac. Et je me sens soulagé d’avoir pu juger le jeune maître Lucà sans devoir le livrer aux autorités civiles. Nonobstant les indices et en dépit de toute logique, j’avais du mal à le croire capable d’empoisonner quelqu’un… même un rat.
    — J’imagine que maîtresse Regina est également soulagée.
    — Oui. De même que Romeu, qui va l’intéresser à ses affaires. Apparemment, qu’il ait ou non des talents d’herboriste, il connaît fort bien le travail du bois. Romeu a aussi demandé à prendre le petit Tomás comme apprenti puisqu’il n’a aucun parent… pas même moi.
    — J’avais entendu cette rumeur, Votre Excellence, et j’espérais que vous ne la trouveriez pas trop pénible.
    — Elle m’a semblé utile et je n’ai par conséquent rien fait pour la contrecarrer. C’est un gentil garçon, même si sa mère n’a pas toujours été aussi bonne qu’elle aurait dû l’être. Mais il s’en tirera. Bien des riches et bien des puissants de ce royaume y sont eux-mêmes parvenus, ajouta-t-il avec le rire d’une personne dont la lignée est aussi ancienne que respectable.
    — Allez-vous juger Josep ?
    — Je l’ai livré à la ville. Je suis las de cette affaire, et ils régleront vite le problème.
    — Votre Excellence, il reste troublant que ces morts se soient produites après que j’ai envoyé Daniel à Majorque découvrir qui était ce Rubèn. Presque comme si j’avais précipité les événements…
    — Isaac, mon ami, l’idée du mariage de votre fille vous obscurcit l’esprit ! Les morts ont commencé dès que Josep est arrivé en ville.
    — Mais il nous a fallu du temps pour agir, s’entêta Isaac.
    — Nullement. Réfléchissez. D’abord, une vieille dame meurt, puis un invalide. Leurs testaments ont éveillé nos soupçons, même si nous nous sommes lancés sur une mauvaise piste. Le mobile exécrable de ce jeune homme et son mépris à l’égard de la vie d’autrui nous ont fourvoyés.
    — C’est vrai, Votre Excellence. Il rêvait de manger dans de la vaisselle d’or et de se vêtir de soieries. La puissance des rêves d’un jeune homme peut être effrayante.
    — Le capitaine lui a demandé pourquoi il avait élaboré un tel plan pour impliquer le jeune Lucà.
    — Et qu’a-t-il répondu, Votre Excellence ?
    — Rien. Il s’est contenté de rire. Parce que nous avons failli pendre un innocent. Un vieil ami à lui.
    — Je pense qu’il voyait plus en lui un rival qu’un ami, Votre Excellence. Et il avait besoin que vous fassiez pendre quelqu’un pour la mort de Mordecai. Il était bien décidé à hériter et il savait que Mordecai ferait son enquête, tôt ou tard. Il n’allait pas le laisser vivre assez longtemps pour apprendre la mort de Rubèn.
    — Comme Lucà savait qui il était, il faisait un condamné idéal, dit l’évêque. Mais je trouve les morts majorquines aussi troublantes que ce qui s’est passé ici, et je doute de pouvoir y
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