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Le Gué du diable

Le Gué du diable

Titel: Le Gué du diable
Autoren: Marc Paillet
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l’équipement d’un combattant. Ceux qui les possèdent sont mobilisables. Ceux qui ne les possèdent pas s’associent et l’un d’eux peut être appelé pour l’ost. Dans les comtés une partie du contingent peut aussi être affectée, notamment par les missi, à la constitution d’une garde locale.
    Les hommes libres cherchent souvent à échapper à cette obligation du « ban de l’ost » qui pèse lourdement sur eux (Charlemagne a mené plus de cinquante campagnes en quarante-six années de règne). Mais les dispenses sont rares. Certains essaient de monnayer une exemption auprès des services du comte, de payer un remplaçant ou de se faire engager dans la milice du lieu. Mais l’ost est, du temps de Charlemagne, sous une surveillance rigoureuse. Les dérobades sont lourdement sanctionnées : amende de soixante sous d’or, servitude pour les insolvables. Quant à la désertion, elle est punie de mort.
    La classe des hommes libres est extrêmement composite. Elle comprend aussi bien des artisans et commerçants que des paysans, des habitants des villes que des campagnards. Les cultivateurs libres disposent d’au moins un manse. Mais ils peuvent acquérir d’autres terres ou en prendre en location. Certains, à la tête de nombreux manses, deviennent de petits hobereaux. D’autres végètent, menacés par l’avidité des puissants qui cherchent à s’approprier tout ou partie de leurs biens, voire à les réduire à l’état de colons, usant parfois, à cette fin, de leurs pouvoirs de manière abusive.
     
    Les colons
     
    Leurs origines sont fort diverses. Il peut donc s’agir d’anciens hommes libres, endettés par exemple, et obligés de ce fait d’accepter la tutelle d’un seigneur ; il peut aussi s’agir d’affranchis. Ils vivent sur des tenures qui leur sont confiées pour mise en valeur.
    Parfois les colons disposent d’un manse, et même davantage, par famille, parfois chaque manse est divisé en tenures plus ou moins fécondes. Il arrive que trois ou quatre familles soient installées sur un seul manse. Ainsi les conditions de vie de ces colons sont fort diverses, dépendant de la valeur des tenures et des charges qui pèsent sur ces hommes attachés à la terre.
     
    Les esclaves
     
    Ils demeurent nombreux car les conquêtes et les déportations en génèrent toujours de nouveaux. Sont esclaves les prisonniers de guerre, ceux qui sont nés de parents esclaves, voire d’un seul parent, ceux qui ont été condamnés pour dettes ou autre délit jugé grave et réduits en servitude, ce qui engendre d’ailleurs de nombreux abus judiciaires.
    Les esclaves n’ont aucun droit. Ils sont soumis entièrement aux tâches et contraintes que leur maître leur impose. Celui-ci peut rompre à sa guise leurs unions matrimoniales, enlever les enfants à leurs parents. Les uns et les autres peuvent être vendus séparément. Ils peuvent être châtiés selon l’humeur de leur possesseur, encore que l’Église s’efforce dans ce domaine de prêcher la modération.
    Aux esclaves sont donc confiées, dans la villa seigneuriale, les besognes artisanales, les tâches domestiques, etc. Ils mettent en valeur le domaine propre du maître. Cependant, du temps de Charlemagne, nombreux sont ceux qui, affranchis ou non, sont « casés », c’est-à-dire reçoivent maison et tenure, ce qui les assimile à des colons.
    En somme, le statut des uns et des autres est moins rigide que les apparences juridiques pourraient le laisser croire, des glissements vers « le haut » ou « le bas » étant susceptibles d’intervenir sans cesse. Ce qui ne change guère, ce sont les redevances et services que doivent au maître tous ceux qui vivent sur une tenure : des volailles et des œufs, du bétail et du lait, du grain, des légumes, du vin, du foin et même de petites sommes d’argent. Il leur faut assurer les labours, l’ensemencement, l’engrangement, la fenaison, la garde des troupeaux… ainsi que les charrois de toutes sortes, souvent même la vente au marché rural, et en outre participer aux travaux de gros œuvre et d’entretien des voies de communication, etc.
     
    LA FISCALITÉ
     
    Les hommes libres sont astreints à l’impôt (ce qui ne veut pas dire que les colons y échappent forcément). En fait, la perception des impôts directs dus au trésor impérial est très irrégulière et dépend souvent du comte qui en assure la collecte. Ils consistent en un cens (soit par personne, soit
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