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Le Gué du diable

Le Gué du diable

Titel: Le Gué du diable
Autoren: Marc Paillet
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instruits, d’évêques sachant célébrer les offices et prêcher, d’abbés compétents, de comtes et de marquis capables de gouverner.
    La tâche est immense. Quant aux moyens, il s’agit d’abord de remédier à une pénurie de manuscrits. Les textes sacrés dont disposent au départ évêques, prêtres, moines et abbés sont le plus souvent fautifs, lacuneux, confus. Les classiques latins, tout en souffrant des mêmes défauts, n’offrent qu’un pâle reflet, et déformé, de la culture antique. Il est donc primordial de doter les bibliothèques de manuscrits nouveaux permettant une connaissance plus approfondie, plus étendue, plus éclairée de cette culture. Ces manuscrits, il faut les acheter, souvent à prix d’or, et les acheminer sous bonne garde. Il faut de même se procurer des textes sacrés fiables, complets et en ordre. Dès lors, on peut corriger ceux que l’on possède déjà. Il faut faire de tous ces manuscrits des copies nombreuses et exactes. Peuvent alors être établis des manuels à l’usage de tous ceux qui sont invités fermement à étudier les fondements du savoir : les enfants (essentiellement de notables), ces notables eux-mêmes, les Grands, les gens de cour, l’empereur Charles donnant l’exemple.
     
    La cour
     
    Au centre de cet effort, ainsi que dans tous les autres domaines, se situent Charlemagne et sa cour. Comme l’empereur, sauf dans les dernières années de son règne, est constamment en campagne, il s’agit largement d’une cour itinérante. Peu à peu, cependant, Aix, où Charles a fait construire une merveille de chapelle, va devenir sa capitale favorite, d’autant qu’il est de plus en plus difficile de promener çà et là des services centraux de plus en plus lourds. Aix-la-Chapelle va donc apparaître comme le centre de l’univers carolingien, le lieu où il fait bon vivre auprès d’un monarque dont le règne est exceptionnel.
     
    L’administration
     
    Pour instaurer et maintenir une cohésion indispensable dans un empire aussi hétérogène et divers que le sien, Charlemagne a imposé à peu près partout une administration reposant sur deux piliers : le comte (aux frontières, le marquis) et les missi dominici. Chaque territoire est donc administré par un « compagnon » du souverain, un comte, choisi généralement au sein d’une grande famille franque. Il est nommé par l’empereur, reçoit de lui, avec sa charge, le domaine devant assurer sa subsistance et celle de sa famille et peut être révoqué par lui. Ses pouvoirs, qui sont comme une délégation de ceux du souverain, comprennent le maintien de l’ordre, l’exercice de la justice, les services militaires, les travaux publics. Il lève les impôts et assure l’exécution des capitulaires (ordonnances) impériaux. Il peut lui-même en édicter pour son comté. Il perçoit un casuel, en particulier un pourcentage sur les peines pécuniaires que son tribunal prononce, des taxes particulières, et compte surtout sur les revenus du domaine qui lui est alloué et les corvées qu’il peut imposer à ceux qui y travaillent.
    Le comte est assisté d’un vicomte nommé par l’empereur sur sa proposition et d’autres fonctionnaires subalternes tels que vicaires. Le vicomte et ces derniers exercent les responsabilités que leur délègue le comte dans la gestion du « pays ». Chacun d’eux peut recevoir un domaine à titre précaire.
    Cependant, comté et diocèse ayant souvent les mêmes limites, les attributions et pouvoirs de l’évêque, nommé en fait par le souverain et dépendant de lui, entrent parfois en concurrence avec ceux du comte, d’autant que Charles le Grand, selon les cas et les personnalités, peut privilégier l’un ou l’autre de ses représentants. En dépit des distinctions qui séparent, en principe, pouvoir temporel et pouvoir spirituel, il considère ses évêques comme des administrateurs à peine différents des autres.
     
    Les missi dominici
     
    Pour bien tenir en main ses royaumes, l’empereur dispose d’un instrument redoutable et redouté, l’« envoyé du maître », le missus dominicus, plus connu sous sa forme au pluriel missi dominici, car ils vont presque toujours par deux : un comte et un évêque (ou un abbé). Le souverain leur assigne pour chacune de leurs inspections un territoire sur lequel ils ont plein pouvoir pour tous les problèmes de gestion et d’administration, de justice, de conscription, de propriété,
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