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Le Gué du diable

Le Gué du diable

Titel: Le Gué du diable
Autoren: Marc Paillet
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condamné aux peines les plus rigoureuses.
    Le missus dominicus se leva pour prendre congé.
    — Je sais bien, dit-il, que certaines blessures ne se referment jamais. Ton châtiment, pour celle que tu fus et celle que tu es, a été et sera d’en supporter la brûlure. Cependant, Adelinde, tu possèdes lignée nombreuse et digne, pour laquelle tu es et dois demeurer un exemple.
    — Bel exemple en vérité !
    — Le Tout-Puissant en jugera. Toi, pense aux tiens, et en particulier à Albéric et à Clotilde que tu aimes et qui ont placé leurs espoirs, après leur sauvegarde, entre tes mains ! Pour leur union qui serait si utile à la réconciliation de leurs deux familles, je m’efforcerai d’obtenir de l’empereur lui-même une recommandation pressante.
     
    Les missi dominici prolongèrent leur séjour à Auxerre où ils s’employèrent à consolider la trêve intervenue entre les Gérold et les Nibelung et à l’acheminer vers une concorde durable. D’autre part, ils purent enfin mener à bien les tâches qu’ils étaient venus accomplir dans la ville et dans le comté, Childebrand, assisté par Doremus, en préparant activement la levée de combattants pour le Champ de Mai, Erwin en reprenant à l’abbaye Saint-Germain avec le frère Antoine l’établissement d’une Bible selon le texte restitué par Alcuin et devant servir de modèle pour tout le diocèse et même au-delà. Timothée mit en œuvre ses talents de diplomate pour régler les litiges, territoriaux et autres, qui subsistaient entre les deux familles.
    Avant le départ de la mission, le frère Antoine fut invité à une fête organisée en son honneur par ceux de Diges ; il fit largement honneur à une potée bourguignonne, tout en buvant d’horrifiques traits de vin pinot. Timothée fréquenta assidûment l’auberge de maître Gérard, pour de longues conversations, sur le tard, avec Agathe. Quant à Doremus, il se rendit chez les Frisons où il fut reçu par Van, enfin rétabli, et les autres esclaves du hameau. Ils avaient préparé, à son intention un dîner, à base de gibier, de soupe de poisson, de laitages et de galettes qui lui rappela les jours fastes de la rébellion qu’il avait dirigée jadis. Il leur annonça que Frébald, en reconnaissance du fait que Van n’avait pas dénoncé Théobald bien qu’il l’eût aperçu se dirigeant vers le Gué du diable, avait décidé de ne pas disperser les familles et d’affranchir les enfants de parents frisons à leur majorité, ce qui suscita une grande liesse et des larmes de joie.
    Quant au comte Childebrand et à l’abbé Erwin, à force d’insistance, d’autorité et de diplomatie, ils parvinrent à faire participer, ensemble, sans incident majeur, à un banquet ceux que des décennies de haine avaient dressés les uns contre les autres. Trois services, accompagnés de vins capiteux, finirent par relâcher la tension initiale, quelques hôtes consentant même à sourire. Adelinde, elle, avait décliné l’invitation des missi.
    Lorsque les deux missionnaires du souverain, suivis de leurs assistants et de Hermant, à la tête de la garde et du convoi des serviteurs, quittèrent Auxerre pour prendre la route du nord, Childebrand désigna à Erwin la voiture bâchée qui emmenait Robert vers ses juges impériaux, à l’abri des regards, et le chariot sur lequel on avait attaché Bigaud, offert aux insultes de la foule et qui faisait face avec une sorte de morgue.
    — J’aurais aimé voir quelqu’un d’autre à cette place, dit le Saxon. Le service de la souveraineté entraîne de bien pénibles injustices.
    — Ami, répondit Childebrand, il n’a pas trop à se plaindre de nous. Ne lui avons-nous pas sauvé la vie, mieux, ne l’avons-nous pas soustrait à de cruels châtiments ? Et puis ce n’est pas un ange…
    Le comte arrêta son cheval, pour glisser au Saxon avec un sourire :
    — Le gué maudit, Robert, et aussi Bigaud, pourquoi pas Ermenold, sans oublier Wadalde, ne fut-ce pas, en vérité, une affaire de tous les diables ?
    — N’oublions pas les diablesses ! ajouta Erwin, visage impassible, en hochant légèrement la tête.
     
    A Aix-la-Chapelle, l’abbé saxon ne put empêcher que le tribunal impérial, après avis des plus hautes autorités ecclésiastiques, dont l’archichapelain, n’aboutisse à la conclusion que le coupable de tant de forfaits odieux, y compris – crime majeur et impardonnable – l’agression d’un missus
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