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Le Gué du diable

Le Gué du diable

Titel: Le Gué du diable
Autoren: Marc Paillet
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s’étaient tendus avec les Gérold et qu’il valait mieux faire preuve de prudence.
    — J’entends cela. Mais après le meurtre de Wadalde ?
    — Comment aurais-je pu imaginer que Robert avait assassiné, et de cette façon bestiale, l’homme d’armes qu’on disait le plus proche de lui ? Je savais certes qu’aucun Nibelung n’avait pu commettre un tel crime. Mon époux m’avait révélé la mission dont avait été chargé Théobald ; mon fils m’en fit le récit tel que vous l’avez finalement obtenu de lui. Le meurtre de Wadalde demeurait un mystère. Je tournai en ma tête mille soupçons. Aucun ne mettait en cause Robert.
    — Mais après l’assassinat de Malier ? insista Childebrand.
    — Oh ! certes, en un premier temps, je fus tentée de l’attribuer à la vindicte des Gérold, admit-elle. Mais, rapidement, il me devint clair qu’il ne pouvait s’agir de cela. D’abord, notre intendant avait toujours joué l’apaisement et c’est d’ailleurs pourquoi il avait pris contact avec le leur, Benoît, en vue d’une négociation. Ensuite et surtout, je ne croyais pas plus que les autres que Malier fût capable de tuer un Wadalde. Cela a été dit et répété : pour une vengeance, on s’en serait pris à un autre que lui ! Cependant, je l’avoue, les rumeurs qui nous attribuèrent ce crime, pour des raisons si ignobles que ma bouche se refuse à les évoquer, commencèrent à m’intriguer. Et cela de plus en plus, surtout après l’attentat contre Badfred dont il était facile de nous faire porter la responsabilité.
    — Ne pouvais-tu alors rapprocher les propos véhéments de Robert, sa haine farouche des Nibelung, des crimes qui venaient d’être commis ? lança Childebrand.
    Erwin se tourna vers son ami.
    — L’avons-nous fait nous-même ? dit-il. J’avais observé – il t’en souvient sans doute – que tout semblait accuser les Nibelung. Mais trop, c’était trop, n’est-ce pas. Il me sauta soudainement aux yeux que c’était la clé de l’affaire, et pas du tout parce que je pensais, ami, qu’ils fussent coupables. Au contraire. Je compris qu’il fallait partir de l’idée qu’un ou plusieurs de leurs ennemis voulaient les perdre de réputation, les avilir, les ruiner, les anéantir, en leur faisant endosser la responsabilité de crimes abominables, commis à cet effet. Je fus renforcé dans cette conviction par le fait que les meurtres avaient été accomplis de manière à les rendre spectaculairement odieux et cela, dès le début de notre mission, pour ainsi dire sous notre regard. Pour obtenir un plein effet contre les tiens, Adelinde, il fallait que des missi dominici fussent présents à Auxerre et amenés à se charger de l’enquête. Mais, si j’étais parvenu jusqu’à cette conclusion, en dépit des réticences de certains (Erwin adressa un sourire à Childebrand), je n’ai pas franchi la distance qui la séparait de la mise en cause de Robert…
    — Tu aurais pu t’en expliquer avant, grommela le comte.
    — Je le confesse… Et surtout j’aurais dû être plus attentif à la signification de la diatribe prononcée par Wadalde contre toi, Adelinde, et contre ton époux à l’occasion du banquet de bienvenue que m’avait offert Isembard. Après les assassinats notamment, j’aurais dû saisir qu’elle était l’amorce du piège tendu contre les Nibelung, que Wadalde avait été incité à commettre cette provocation qui avait fait dire à Mélior qu’elle lui coûterait la vie, car les insultés se vengeraient. Cela aurait dû me mettre sur la piste de celui qui passait pour être si proche de son homme d’armes Wadalde, sur la piste de Robert ! J’aurais dû… mais le seul que je soupçonnai un instant fut précisément Mélior !
    Le Saxon ajouta, avec un léger sourire à l’adresse du comte Childebrand :
    — Comme quoi, ami… Non, je n’ai pas été très perspicace…
    — Mais toi-même, Adelinde, demanda alors le comte, à quel moment as-tu aperçu la complète vérité ?
    — Le jour où Albéric est venu me faire part des alarmes de Clotilde. Leur projet d’union, donc, avait mis Robert hors de lui. Ceux qui s’en rendirent compte se demandèrent pourquoi. Mais pour moi ce fut une illumination. Je compris ce qui le poussait à bout : c’était la perspective qu’Albéric le Nibelung et Clotilde la Gérold réalisent à la face du monde, avec l’éclat de leur jeunesse, ce que lui prétendait
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