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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan
Autoren: Michel Zévaco
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revenez plus !
    Et prenant Jehan par la main, à voix très haute, de façon à ce que tout le monde l’entendit :
    – Messieurs, je vous présente M. de Pardaillan, marquis de Saugis, comte de Margency et de Vaubrun, l’homme qui, par quatre fois, en quelques semaines, m’a sauvé la vie : l’homme que j’aime et que j’estime le plus… après M. de Pardaillan, son père et mon ami. Qu’on se le dise et qu’on ait pour eux les égards et le respect qui leur sont dus.
    Et les trois braves, Escargasse, Gringaille et Carcagne, qui ne se tenaient plus, ivres de joie et d’orgueil, hurlèrent d’une seule voix :
    – Vive le roi !…
    Henri IV remercia de la main.
    Et les gentilhommes, les gardes, les archers répétèrent en une formidable clameur :
    – Vive le roi !…
    Alors Neuvy, radieux, croyant réparer sa gaffe, s’empressa de dire :
    – Sire, à défaut de monsieur le marquis, auprès de qui je m’excuse humblement de ma maladresse, j’ai là un autre prisonnier qui pourra peut-être nous renseigner.
    – Que ne le disiez-vous plus tôt ! gronda le roi. Où est ce prisonnier ?
    – Le voici, Sire, dit Neuvy, en faisant signe à ses hommes d’amener Saêtta.
    – Ventre-veau ! Saêtta que j’oubliais ! s’écria Jehan en lui-même. Et tout haut : Sire, dit-il d’un air froid, M. de Neuvy se trompe. Ce prisonnier n’est pas à lui. Il est à moi !
    – C’est vrai ! confessa Neuvy qui se mordit les lèvres.
    – Sire, reprit Jehan, cet homme ne pourra donner aucun des renseignements que vous espérez pour la bonne raison qu’il ne sait rien. Cet homme m’appartient. Nous avons un compte terrible à régler ensemble. Je supplie humblement Votre Majesté de me le laisser.
    Henri IV considéra tour à tour Jehan et Saêtta, et d’un air indifférent :
    – Soit, dit-il, puisqu’il est à vous, gardez-le ! Et il monta dans son carrosse, à côté de Bertille.
    Jehan s’approcha de Saêtta et trancha lui-même les liens qui le paralysaient. Avec Pardaillan, Gringaille, Carcagne et Escargasse, ils entraînèrent Saêtta qui n’opposait aucune résistance, à l’écart, dans le manoir.
    Jehan alla ramasser la rapière du vieux
bravo,
revint à lui et le considéra un long moment d’un air rêveur, sa rapière à la main. Pardaillan attendait avec curiosité la décision de son fils. Les trois braves pensaient qu’il allait le frapper à mort, sur place.
    C’était aussi ce que pensait Saêtta. Il avait assisté à toute cette scène et, après les paroles singulièrement flatteuses et amicales du roi à Jehan il avait compris que c’en était fini de son rêve de vengeance. Un désespoir farouche s’était emparé de lui et il souhaitait ardemment le coup qui le délivrerait d’une existence désormais sans but. Voyant que Jehan se taisait, il se redressa de toute sa haute taille et, fixant sur lui ses yeux de braise, il nargua d’une voix âpre :
    – Eh bien, qu’attends-tu pour me frapper, petit ? Serait-ce que tu n’oses pas ? Crois-tu que la mort m’effraye ? Espères-tu que je vais implorer ta pitié ? S’il en est ainsi, écoute : j’ai voulu faire de toi un voleur et un assassin. Je n’ai pas réussi. J’ai voulu te faire périr sur un échafaud. C’est moi qui ai envoyé le grand prévôt rue de l’Arbre-Sec, moi qui ai lâché sur toi les hommes du ministre Sully, moi qui, aujourd’hui encore, ai prévenu le sire de Neuvy. Je n’ai pas réussi. J’ai entrepris contre toi une lutte sans merci, je suis vaincu. Je n’ai qu’à payer : frappe !
    Jehan avait écouté en hochant doucement la tête. Quand l’ancien maître d’armes eut fini, il regarda son père dans les yeux, comme s’il eût voulu y lire la décision qu’il devait prendre. Il ramena son regard sur Saêtta et dit doucement :
    – Tout ce que tu viens de dire est vrai, je le savais. Je ne discuterai pas avec toi, tu ne me comprendrais peut-être pas. Moi, Saêtta, je ne veux me souvenir que d’une chose : c’est que tu m’as donné du pain quand j’étais petit. C’est que tu m’as soigné comme une mère quand j’ai été malade. Voici ton épée, va, Saêtta, ce n’est pas moi qui te frapperai, et je pourvoirai à tes besoins, comme par le passé.
    Et sans plus s’occuper de Saêtta, immobile, sa rapière à la main, comme médusé par un étonnement prodigieux, il prit le bras de Pardaillan et s’éloigna en disant :
    – Est-ce bien
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