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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan
Autoren: Michel Zévaco
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deux larmes, larmes de honte et de rage impuissante, coulèrent sur ses joues brunies.
    Et à ce moment, Jehan reparut, tenant dans ses bras Bertille délivrée. Et ils se souriaient doucement tous les deux, se regardaient droit dans les yeux, se disaient, sans parler, des choses infiniment douces, semblant avoir oublié toute la terre.
    A ce moment aussi, des coups formidables ébranlèrent la porte cochère que les trois avaient cadenassée ; à ce moment enfin, un homme, couvert de sueur et de poussière, s’arrêta devant Concini et, la voix haletante :
    – Monseigneur, dit-il en s’inclinant, madame m’envoie vous avertir que le roi est sorti du Louvre à midi !… Le roi vient ici, monseigneur, dans un instant, il sera à cette porte !
    Concini leva sur Jehan, qui avait entendu, des yeux où luisait une flamme de folie. Ses lèvres, blêmies, s’agitèrent sans proférer aucun son et secouant la tête d’un air farouche, il croisa ses bras sur la poitrine et attendit sans bouger.
    Jehan avait entendu et compris. Il regarda tour à tour Bertille qui lui souriait, Pardaillan qui le fixait d’un air froid et sa résolution fut prise.
    Il fit un signe à ses trois compagnons qui s’écartèrent de Concini et dit :
    – Sauve-toi, Concini ! Va, je te fais grâce !…
    Le sourire de Bertille se fit plus doux, plus enveloppant. L’œil froid de Pardaillan pétilla.
    Concini le regarda d’un air effaré et grinça :
    – Moi, je ne te fais pas grâce !
    – Je l’espère bien, répliqua Jehan sur un ton de mépris écrasant. Sauve-toi ! Je te fais grâce quand même. Sauve-toi !…
    Et Concini se sauva, en effet, plus pour s’arracher à l’effet de ces deux mots : « sauve-toi ! » qui le frappaient comme un soufflet ignominieux, que pour se soustraire à une arrestation imminente.
    Alors, Jehan s’adressant à Bertille, dit avec une douceur pénétrante ce seul mot :
    – Venez !
    Et Bertille le suivit docilement, la figure rayonnante d’une adorable confiance.
    Pardaillan et Jehan se placèrent de chaque côté de la jeune fille et se dirigèrent vers cette porte que les gens du grand prévôt s’efforçaient de jeter bas. Carcagne, Escargasse et Gringaille fermaient la marche. Tous avaient la rapière au poing, tous étaient couverts de sang et de poussière, avec des vêtements en lambeaux et des visages étincelants qui eussent fait reculer les plus résolus.
    Jehan tira lui-même les verrous, les barres et les chaînes et ouvrit la porte toute grande. Et ils apparurent si formidables que Neuvy, qui déjà s’avançait la main tendue, recula de trois pas.
    Le carrosse royal était toujours là. Le cocher et deux postillons attendaient à leurs postes, raides, immobiles, impassibles, indifférents, en apparence, à tout ce qui se passait autour d’eux.
    Ce fut vers ce carrosse que Jehan et Pardaillan conduisirent la jeune fille.
    Le grand prévôt s’était ressaisi. Il se dressa devant la portière comme pour en interdire l’accès, et la main tendue, un sourire de joie triomphant aux lèvres, il formula d’un ton rude :
    – Au nom du roi, je vous arrête !…
    Jehan ne répondit pas. Il tenait son épée de la main droite. Il la passa vivement dans la main gauche et, comme il avait fait pour Concini, d’un revers de main d’une force irrésistible, il écarta Neuvy, qui alla rouler au milieu de ses archers. Ceci fait, il ouvrit la portière et, toujours avec la même douceur enveloppante, dit :
    – Montez !
    Et toujours docile, Bertille monta en l’enivrant de son sourire radieux.
    Pendant ce temps, Neuvy, écumant de honte et de rage, hurlait :
    – Par le sang du Christ ! c’est la deuxième fois que ce misérable truand ose porter la main sur moi ! Sus ! saisissez-moi cette truandaille !
    Jehan ne paraissait rien voir et rien entendre. Avec un calme stupéfiant, des gestes caressants, un peu timides, il aidait Bertille à gravir le haut marchepied. Il ne voyait qu’elle. Il semblait que le reste de la terre n’existât plus pour lui !
    Mais s’il se désintéressait de ce qui se passait autour de lui, il n’en était pas de même de Pardaillan et de ses compagnons. En voyant les archers s’avancer, Gringaille, Escargasse et Carcagne tombèrent en garde, la pointe haute, les crocs retroussés, pareils à des dogues prêts à mordre.
    Pardaillan, lui, fit siffler sa lame comme une cravache, et :
    – Arrière, vous autres ! Sur votre vie que
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