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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam
Autoren: Axel Aylwen
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chambre et la consigne qu'on ne le dérange en aucune circonstance.
Pendant plusieurs heures, dans un isolement total, il réfléchit au problème du
canon.
    Ce soir-là, contre l'avis des médecins et les
protestations de Sunida, il demanda à celle-ci de lui faire avancer une chaise
à porteurs et ordonna aux nouveaux esclaves que lui avait offerts Sa Majesté de
le conduire jusqu'au fleuve. Il s'arrêta en chemin pour réunir un petit groupe
d'Européens et arriva à l'endroit où se trouvait l'énorme canon.
    Dirigeant les opérations depuis sa litière, il demanda
que l'on hisse le canon sur une barge ancrée le long du quai et fit tracer avec
précision la ligne de flottaison de l'embarcation après qu'elle se fut enfoncée
sous le poids. Puis il ordonna de décharger la pièce et de la remplacer par des
briques et des rochers de taille égale. Lorsque la péniche eut atteint le
niveau qui était le sien quand elle était chargée du canon, il fit peser avec
soin les briques et les pierres et put déterminer avec une exactitude
raisonnable le poids du Pra Prirun. Toute l'opération fut accomplie en sept
heures.
    Le matin qui suivit le concours du canon, de somptueux
cadeaux — porcelaines chinoises, paravents japonais, soies et objets artisanaux
en bois de sam-pang ou de santal, rubis, émeraudes et diamants, coffres en laque
noire ou dorée de la première période d'Ayuthia, coffrets à manuscrits, portes
en bois sculpté, ainsi qu'une reproduction en laque dorée du grand oiseau
garuda de la barge royale — défilèrent dans les rues d'Ayuthia pour être
chargés sur un gros vaisseau de deux cents tonneaux, Y Alliance. Ce
cortège était suivi de trois éléphants au harnachement doré et de deux
rhinocéros que l'on avait calmés au préalable avec de l'opium et des herbes, et
qui portaient des colliers de clochettes en bronze autour du cou. La procession
fit sensation dans les rues. On disait que les jeunes éléphants étaient
destinés aux trois jeunes princes de France, les petits-fils de Louis XIV. On
chuchota des conseils à l'oreille des éléphants tandis que les nobles qui les
conduisaient, coiffés de leur chapeau conique, en prenaient respectueusement
congé. On demanda aux éléphants de partir le cœur joyeux et on leur expliqua
que, même s'ils devenaient des esclaves, ils seraient au service d'un des plus
grands monarques de l'univers. Pra Pipat, un sexagénaire vétéran de trois
ambassades siamoises en Chine, fut nommé premier ambassadeur de Siam en France.
Il était accompagné du père Gayme, un jésuite français qui devait faire office
d'interprète, de deux secrétaires siamois de l'ambassadeur et de trente
serviteurs. Dans un grand tumulte, l'ambassade appareilla, porteuse d'une
lettre royale adressant de chaleureuses salutations au roi français et le
félicitant de l'heureux aboutissement du traité d'amitié entre les deux grandes
nations. Le texte entier de la lettre était gravé sur une feuille d'or.
    Ce même matin, un messager hollandais, le capitaine
Cijfer, fut introduit dans les bureaux d'Aarnout Faa.
    « Bienvenue, capitaine, déclara le directeur d'un ton
joyeux. J'attendais avec impatience votre arrivée. » C'était peu dire. Faa
était sur des charbons ardents et il comptait les minutes. Même si la chose lui
semblait impossible, le bruit courait d'une alliance imminente entre le Siam et
la France. Mais maintenant, Dieu merci, les navires de guerre étaient arrivés.
    « Je suis désolé d'avoir tant tardé, monsieur, j'ai eu
beaucoup de mal à vous atteindre. L'estuaire du fleuve est entièrement encombré
de jonques et de barques siamoises, et vous n'avez aucune idée de la lenteur
avec laquelle on progresse sur l'eau. Sur toute la route de l'estuaire à la
capitale se déroulaient de somptueuses processions et il m'a fallu deux jours
pour arriver ici.
    — Comme c'est étrange, observa Faa, les funérailles
du Barcalon, c'était il y a deux jours. Je me demande quelle peut être la cause
de toute cette agitation.
    — Un grand vaisseau siamois, portant le nom d'Alliance en caractères romains, est ancré dans l'estuaire du Menam, non loin de nos
vaisseaux, monsieur. Peut-être cela a-t-il un rapport. Il semble que ces
grandes processions, qui ont pratiquement immobilisé le trafic fluvial, ont
quelque chose à voir avec une ambassade en partance pour la France. Je n'ai
jamais vu des trésors aussi somptueux, ni un tel cérémonial. Savez-vous de quoi
il s'agit,
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