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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam
Autoren: Axel Aylwen
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extérieur.
    Il avait écouté avec émerveillement les récits des
voyageurs et de la poignée de marchands qui étaient allés jusque là-bas. Aussi
disparates qu'elles fussent, les rumeurs à propos du Siam avaient au moins un
point commun : tous les visiteurs s'étaient déclarés fascinés par tout ce
qu'ils y avaient vu. Phaulkon brûlait d'envie de découvrir lui-même la vérité.
    Et puis, voilà presque six mois jour pour jour, ici même,
à Bantam, il avait rencontré ses premiers Siamois. Un ambassadeur et son
secrétaire, coiffés de chapeaux coniques portant un certain nombre d'anneaux
d'or, les doigts chargés de rubis et de diamants, avaient débarqué d'un
vaisseau hollandais. Ils avaient attiré une attention considérable, avec leur
démarche gracieuse et leur perpétuel sourire. Durant toute l'audience que leur
avait accordée le gouverneur, ils étaient restés respectueusement à plat ventre
comme des lézards étincelants. Leur séjour à Bantam avait été de courte durée
mais ce spectacle avait laissé dans l'esprit de Phaulkon une marque indélébile.
    Et maintenant, George White, le célèbre marchand aux
méthodes peu orthodoxes, dont il avait été l'élève pendant presque toute sa vie
de marin, venait de lui ouvrir des perspectives propres à combler ses rêves !
    « Le Siam ! répéta Phaulkon, incapable de maîtriser son
excitation. Quand? Bientôt?
    — Très bientôt, si tout se passe bien à Londres,
répondit George White. Le grand roi Naraï lui-même a invité tous les négociants
anglais à reprendre leurs activités dans son pays.
    — Par votre intermédiaire, George ? »
    Ce dernier sourit et alluma son cigare. « On pourrait
dire ça. Mais pas à titre officiel, tu sais. Il ne conviendrait pas à Sa
Majesté de paraître trop impatiente. Il a tout d'abord fait tâter le terrain à
Madras. Je m'y trouvais à l'époque et j'avais parié que Sa Majesté siamoise
était sacrément plus inquiète que ne voulaient bien en convenir ses émissaires
vêtus de soie. » Il baissa la voix. « C'est à cause de ces arrogants
Hollandais. Ils ont eu le toupet de bloquer l'estuaire de sa rivière sainte, le
Menam, et d'exiger l'octroi de concessions. » White se donna une claque sur le
genou. « Figure-toi qu'ils les ont eues ! Ça a dû accroître encore davantage la
colère de Sa Majesté. Ces salauds de Hollandais ont maintenant le monopole du
commerce des peaux du Siam vers le Japon. Ça représente une fortune ! »
    Phaulkon avait entendu parler de cette affaire. Pas
étonnant, se dit-il, que George eût baissé le ton. Après tout, ils étaient à
Bantam, l'année dernière encore territoire du sultan de ce nom, aujourd'hui
colonie hollandaise à part entière, administrée, officiellement du moins,
depuis la Hollande.
    George lut dans ses pensées : « C'est seulement par la
grâce de Dieu — et d'un petit coup de main que nous avons donné aux Hollandais
contre l'Espagne catholique — que les Anglais sont encore autorisés à maintenir
un comptoir. Mais pour combien de temps? Nous ne sommes pas plus en sûreté ici
qu'ils ne le seraient si nous contrôlions la région. En vérité, ils nous
ressemblent trop. » George s'interrompit et tourna les yeux vers la rue.
Phaulkon suivit son regard. Un mendiant famélique, de quinze ans à peine,
rampait à quatre pattes vers eux en tendant un bras décharné. Une de ses jambes
amaigries était moitié plus courte que l'autre. « A Madras, expliqua George,
ils mutilent les pauvres diables à la naissance pour exciter la compassion. Ils
doivent en faire autant ici.
    — Je le crains, dit Phaulkon. Quand une famille ne
peut pas nourrir une bouche de plus...
    — Eh bien, Dieu merci, il n'y a pas de mendiant au
Siam ! A l'exception du roi et de ses courtisans. »
    Phaulkon prit un air étonné. « Que voulez-vous dire ? »
    George lança une pièce au jeune garçon squelet-tique et
sourit. « C'est un drôle de pays, je t'assure, mon garçon. Là-bas, ils sont
tous bouddhistes et, pour apprendre l'humilité, tous autant qu'ils sont, du roi
jusqu'au dernier de ses sujets, ils se rasent le crâne et passent six mois de
leur vie dans un temple. Pendant cette période, le Siamois sort chaque matin à
l'aube avec une petite écuelle en bois et mendie sa nourriture. » George hocha
la tête. « Certains de nos aristocrates anglais devraient prendre des leçons
auprès d'eux, à commencer par le conseil d'administration de notre
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