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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer
Autoren: Hervé Gagnon
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Magister. Il était là, sur ma table, à côté de ceux que j’avais laissés à l’intention de Pernelle et d’Ugolin. L’un d’eux le trouverait et le lui remettrait après mon départ. Il s’y trouvait aussi un dernier mot, destiné à Cécile. Il était bref. Je n’étais pas du genre à m’épancher longuement. Il disait tout simplement : Tu es le cadeau le plus précieux que la vie m’ait accordé. Je t’aime, Cécile, et pour cette raison, je dois partir. Je pourris la vie de tous ceux qui me sont chers et, plus que tout, je souhaite ton bonheur. Pardonne-moi et conserve mon souvenir dans un coin de ton cœur. Il vaudra toujours mieux que moi. Celui-là, j’avais eu du mal à l’écrire. Mais il devait l’être.
    Je partais avec rien d’autre que les vêtements que j’avais sur le dos, une cape, mes armes, un peu de nourriture dans une besace et le médaillon du Chancelier à mon cou. C’est tout ce dont j’avais besoin. Le reste, je le trouverais en chemin. Je me dirigeai vers la porte, l’ouvris, puis regardai ma chambre une dernière fois en soupirant. Dans cette petite alcôve, j’avais découvert des sentiments dont je ne soupçonnais pas l’existence. J’avais goûté l’amour sous toutes ses formes. Maintenant, je le brisais.
    Je quittai le châtelet sans être vu et me retrouvai dans les rues tranquilles. La tête basse, le cœur lourd et l’âme glacée, je me rendis à l’écurie. Aussitôt entré, j’entendis Sauvage s’ébrouer. Je forçai un sourire et me rendis à la stalle où il se trouvait. Je lui caressai les naseaux et la crinière, puis lui mis de l’avoine dans sa mangeoire pendant que je le sellais. À plusieurs reprises, il s’interrompit pour me pousser joyeusement le visage avec son nez, m’arrachant malgré moi quelques rires.
    Lorsqu’il fut prêt, je l’entraînai vers la sortie. Je m’arrêtai brusquement. Dans la pénombre, quatre silhouettes bloquaient la porte. Une très grande et une immense, flanquées de deux toutes petites. Je fermai les yeux et secouai la tête, en proie à une colère résignée. Moi qui avais souhaité disparaître en douce, c’était raté. Toutes les personnes que j’avais voulu éviter me bloquaient la sortie.
    —    Tu ne croyais tout de même pas partir sans nous ? demanda Pernelle d’un ton presque amusé.
    Je ne répondis mot.
    —    Non nobis, domine ! Non nobis, sed nomini tuo da gloriam et tout le reste, ajouta Ugolin. Après les événements d’hier, nous nous doutions que tu essaierais de filer. Dame Pernelle et moi en avons parlé, et là où tu vas, nous irons.
    —    Et ce n’est pas à discuter, compléta mon amie.
    Elle s’avança et brandit trois des lettres que j’avais laissées. Elle les déchira et les laissa tomber au sol.
    —    Si j’étais Bertrand de Montbard, je te dirais que tu peux te les fourrer là où même la lumière divine ne brille pas, dit-elle. Nous t’accompagnons, un point c’est tout. Et tu restes le Magister des Neuf, que cela te plaise ou non. Compris ?
    Pour toute réponse, je soupirai, las. Puis je me tournai vers Cécile et son frère, qui n’avaient encore rien dit.
    —    Pas toi, Cécile, décrétai-je d’un ton ferme.
    Elle hocha tristement la tête.
    —    Ton devoir n’est pas le mien, Gondemar. Je sais que tu dois partir. Je suis soulagée que Pernelle et Ugolin t’accompagnent. Moi, je t’attendrai. Si tu reviens jamais, je serai là.
    Je m’approchai d’elle et pris délicatement ses mains blessées dans les miennes. Discrets, Ugolin et Pernelle s’écartèrent un peu.
    —    Puisque tu y tiens, j’essaierai. Je te le jure sur la tombe de Bertrand de Montbard. Mais ne m’attends pas. Mon malheur sera moindre si je te sais heureuse. Promets-moi seulement de ne pas m’oublier. Cela me suffira.
    De grosses larmes coulèrent de ses yeux, mais elle ne les baissa pas.
    —    Je te le promets.
    Je pris son doux visage dans mes mains et l’embrassai tendrement. Puis je la serrai longtemps contre moi, gravant à jamais dans ma mémoire la sensation de son corps. Jamais je ne me sentirais si entier, si homme qu’en ce moment. Je le savais. À contrecœur, je finis par m’arracher à ce petit morceau d’éternité. Elle tira de son corsage le mot que je lui avais laissé.
    —    Moi, je le garde, dit-elle. À défaut de le dire, tu l’auras écrit au moins une fois.
    Je souris tristement et regardai Roger Bernard, qui
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