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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer
Autoren: Hervé Gagnon
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crois ? demandai-je à Roger Bernard.
    —    Qui d’autre ? cracha-t-il avec mépris.
    Ugolin, lui, ne s’embarrassa pas de telles considérations. Il nous laissa protéger Pernelle, Cécile et la mendiante, et fonça avec enthousiasme à la rencontre de nos adversaires, l’épée au clair, son poing gauche volant comme une masse d’armes d’un crâne à l’autre. Visiblement, nos agresseurs n’avaient pas prévu être reçus par un taureau enragé et ils furent pris de court. Le temps de se remettre de leur surprise, il leur manquait déjà quatre hommes et le Minervois ne donnait aucun signe d’essoufflement. L’autre groupe fila droit sur nous. En un instant, Foix et moi nous retrouvâmes dans une furieuse bataille. Cette fois, nous n’avions pas affaire à une escorte de parade, comme sur la route vers Saint-Martin-Lalande. La manière dont ils bougeaient, dont ils maniaient leur arme, dont ils travaillaient instinctivement en unités, tout trahissait le fait que ces hommes étaient aguerris.
    La raison de leur venue me parut vite évidente. Certes, ils nous attaquaient, mais ponctuellement l’un d’eux tentait de prendre avantage du fait que nous étions occupés à combattre pour notre survie pour nous contourner et tenter d’atteindre la vieille. À un certain moment, je vis Cécile enfoncer son stylet dans le ventre de l’un d’eux qui venait d’empoigner les hardes de la mendiante. Plus d’une fois, on essaya aussi de m’arracher le médaillon du cou. De toute évidence, ces hommes nous avaient observés en secret et savaient exactement ce qui s’était produit entre la vieille et moi. Ils n’avaient d’intérêt que pour elle et ce qu’elle m’avait remis.
    Je combattis de toutes mes forces, sachant que la voie vers la seconde part était en jeu. Mes côtes ne me facilitaient pas la tâche. Mes mouvements étaient lents et maladroits et, malgré mes bandages, les raclements qui s’y produisaient m’arrachaient des rictus de souffrance. Je me sentais faiblir. Lorsque je me retrouvai face à trois agresseurs, je n’eus pas trop de mal à embrocher le premier, mais la force me manqua pour sortir Memento à temps de l’abdomen qu’elle avait traversé, de sorte que je ne pus parer l’attaque concertée des deux autres. Je dus me résoudre à écarter le tranchant d’une épée avec mon avant-bras gauche, dont la chair fut cruellement entamée, avant de pouvoir brandir à nouveau mon arme. Malgré moi, je tombai à genoux, à bout de forces.
    Une voix de mon enfance retentit dans ma tête. Lorsque tous tes muscles seront en feu et que tu croiras que tes bras sont en passe de se détacher de tes épaules, tu manieras encore ton arme. Je me rappelai l’épuisement que Bertrand de Montbard provoquait chez moi alors qu’il avait entrepris de faire de son élève un homme. S’il m’avait tant fait souffrir, c’était pour que je puisse survivre à des circonstances comme celles-ci. Je me fis violence et me relevai, mes jambes me portant à peine et mon bras me faisant aussi mal que mes côtes.
    J’eus tout juste le temps d’éviter d’avoir la tête décollée par mon troisième agresseur. Je saisis le bras du plus proche et le dirigeai vers le ventre de son compère, qui s’écrasa au sol en hurlant, transpercé. Puis je libérai l’assassin involontaire et lui abattis mon poing au visage. Pendant qu’il était sonné, je le repoussai juste assez pour permettre à Memento de décrire un gracieux arc de cercle qui se termina dans son gosier.
    —    Gondemar ! hurla Roger Bernard, lui-même aux prises avec deux hommes. Attention !
    Je pivotai sur moi-même, mais trop tard. Une épée allait s’abattre sur mon crâne. Une gigantesque main sortie de nulle part empoigna les cheveux de mon opposant et le tira vers l’arrière avec une telle violence que j’entendis sa nuque se rompre. Sans effort apparent et le sourire aux lèvres, Ugolin le fit tournoyer sur lui-même et lui fracassa la tête contre un mur. Je le remerciai d’un geste de la tête. Près de moi, un hurlement d’agonie me glaça le sang. Je me retournai juste à temps pour voir un des intrus se tordre de douleur en tenant son visage où Foix venait d’écraser la torche. Il enfonça sa lame dans la gorge de son adversaire, mettant fin au vacarme.
    Puis, plus rien. Un calme surnaturel était retombé sur la ruelle jonchée de corps. Instinctivement, je fis le compte de mes compagnons. Ugolin soufflait
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