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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer
Autoren: Hervé Gagnon
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comme un bœuf, mais à part quelques bosses, il semblait intact. Roger Bernard portait les marques de la bataille. Une entaille dans sa chevelure saignait abondamment et lui rougissait la moitié du visage. Il avait plusieurs coupures aux bras. Quant à moi, je n’osais même pas faire le décompte de mes douleurs.
    —    Eh bien, voilà un bel exercice, s’exclama le jeune Foix, à bout de souffle.
    Il tituba jusqu’à un des morts et lui arracha son foulard. Sans grande surprise, je reconnus un des hommes qui avait été assis à la table près du comte de Toulouse lors de nos récents conseils de guerre.
    —    Et nous savons par qui il nous a été offert, constatai-je.
    —    Le vieux filou n’a pas abandonné l’idée de négocier avec Montfort, alors même qu’il se prépare à le combattre. Il jouera sur plusieurs tableaux jusqu’à son dernier souffle, celui-là.
    Puis je cherchai les femmes. J’aperçus Pernelle, penchée sur les corps inertes de Cécile et de la mendiante. Je m’approchai, les jambes rendues raides par l’angoisse.
    —    Elles sont vivantes ? m’enquis-je, ne sachant de laquelle je devais m’inquiéter le plus.
    Un immense soulagement m’envahit lorsque je vis Cécile remuer. Elle se retourna sur le côté et me fixa, le regard un peu hagard. Son frère s’approcha à son tour et lui éclaira le visage avec sa torche. Pernelle lui inspecta la tête et examina ses yeux.
    —    Elle est seulement assommée, dit-elle.
    Mes yeux se portèrent sur la mendiante.
    —    Et elle ?
    —    Aide-moi à l’asseoir.
    Nous appuyâmes délicatement la vieille contre le mur. Pernelle s’affaira aussitôt sur elle, cherchant une blessure sans éprouver le moindre dédain pour les plaies et les pustules. Elle respirait difficilement, mais ses yeux étaient braqués sur moi, comme si elle pouvait me voir. J’avais beau me raisonner, j’avais du mal à accepter que cette pauvre épave soit le Cancellarius Maximus. Je consultai mon amie du regard. Elle avait posé l’oreille sur la poitrine creuse et écoutait avec concentration. Quand elle fut satisfaite, elle se redressa.
    —    Elle n’a aucune blessure, mais elle est vieille et malade, dit-elle tristement. Son cœur ne bat plus que très lentement. La peur l’a sans doute achevée. Si tu as quelque chose à lui demander, fais-le maintenant.
    La mendiante tendit des mains tremblantes dans ma direction.
    —    Lucifer, râla-t-elle d’une voix presque inaudible. Approche.
    Je m’empressai de m’agenouiller à ses côtés.
    —    Je suis là, grand-mère.
    Elle empoigna ma chemise à deux mains et m’attira vers elle, jusqu’à ce que ses lèvres soient plaquées contre mon oreille.
    —    La seconde part, de la. Vérité se. trouve, à Gisors, haleta-t-elle. Dans. une chapelle. qui. n’a jamais. vu. la. Lumière.
    Je me reculai et la saisis par les épaules, en colère.
    —    Une parabole ? éclatai-je en la secouant. C’est tout ce que tu as à me dire ? Comment dois-je trouver l’autre moitié ? Dis-le-moi !
    —    Suis. la lignée de. l’Ordre. des Neuf, répondit la vieille. 3, 5 et 7. Les Ténèbres et. la Lumière. Gare. au vitriol. et comprends. la marque. d’infamie. de Jésus.
    Malgré mes agissements, elle passa une main décharnée sur ma joue et la caressa d’une façon presque maternelle.
    —    La Vérité. est. entre tes. mains, Lucifer.
    Sa main retomba et sa tête roula sur son épaule.
    À l’aube, j’étais prêt. Et résigné. J’avais eu le reste de la nuit pour me préparer. Ma destinée n’était pas à discuter, mais à suivre. Ma décision avait été facile à prendre. Le fardeau que je portais était le mien. Il n’avait pas à être partagé. J’avais déjà fait souffrir trop d’innocents. Désormais, je resterais seul, loin de tous. Ma douce Pernelle avait trouvé sa voie chez les hérétiques et je lui devais de la laisser la suivre en paix. Ugolin, lui, était un guerrier cathare ; un bon chrétien dont la cause première resterait toujours sa religion. Son rôle était d’en assurer la défense de toute sa considérable force. Ensemble, avec Eudes, Jaume, Peirina, Esclarmonde et Véran, mes deux amis garderaient la Vérité à Montségur.
    J’avais rédigé un message à l’intention d’Eudes, dans lequel je lui annonçais que je ne reviendrais pas dans l’immédiat et lui intimais l’ordre de voir à mon remplacement comme
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