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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer
Autoren: Hervé Gagnon
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terminé, je vérifiai mon équipement à la lumière de la chandelle. Après mon passage récent dans les geôles du comte de Toulouse, j’étais encore dans un sale état. Pour protéger mes côtes blessées, je porterais sous ma chemise un gambison matelassé et une cotte de mailles. Un écu en amande aux armes de Foix préserverait mon côté gauche. Un casque à nasal couvrirait le gros des coupures que Pernelle avait recousues sur mon visage. Sachant que dans un combat à cheval, tout était possible, j’avais aussi accepté une paire de gants en cotte de mailles même si, depuis les premiers jours de mon entraînement avec Montbard, je préférais le cuir pour son confort. Je disposai le tout sur la table, prêt à être enfilé à mon réveil, et je m’étendis sur le lit, tout habillé. Je croisai les mains sur la poitrine et fermai les yeux. Je me sentais en paix avec moi-même. Je jouissais pleinement de la douce impression d’être en contrôle de ma vie. Au moins en partie.
    Je dus m’assoupir, car le sentiment d’une présence près de moi m’éveilla en sursaut. Je me retournai brusquement sur la paillasse et aperçus Cécile debout près du lit. Je me détendis aussitôt et, sentant le désir désormais familier monter en moi, je lui tendis la main.
    —    Je suis heureux que tu sois venue. Viens, ma jolie, que le valeureux guerrier te fasse des adieux dignes de ce nom avant le combat, dis-je à la blague.
    En temps normal, elle aurait laissé échapper ce joli rire cristallin que j’aimais tant et se serait serrée contre moi. À ma surprise, elle fit non de la tête et recula d’un pas.
    —    Tu vas partir, dit-elle d’une voix à peine audible et brisée par l’émotion.
    —    Seulement au matin. Et je reviendrai, je te le promets. Celui qui viendra à bout de moi n’est pas encore né. Allez, viens, insistai-je.
    —    Tu vas partir, répéta-t-elle. Ce soir même.
    Dans sa main encore bandée, elle tenait une enveloppe. À la lumière de la chandelle, je vis qu’elle portait le sceau du Cancellarius Maximus.

Chapitre 22 Choix
    Je restai là, pantois, mes envies charnelles s’étant évaporées comme le brouillard de l’aube. Je regardais l’enveloppe sans pouvoir me décider à la saisir. Le Supérieur inconnu m’avait clairement rejeté, me faisant comprendre en termes on ne peut plus clairs que j’étais indigne de la demande que j’avais formulée. Et voilà que, alors même que j’avais fait la paix avec la vie qu’on m’avait imposée, il se manifestait à nouveau. S’était-il ravisé et désirait-il me relancer sur la piste de l’autre part ? Si oui, je n’étais absolument plus certain de vouloir reprendre la route. Pour la première fois de ma triste existence, j’avais une cause et des personnes qui m’étaient chères. Je ne tenais pas à les abandonner. J’étais responsable de la Vérité de Montségur. N’était-ce pas assez ? Et puis, il y avait Cécile. Je tenais à cette femme qui donnait un sens à ma vie.
    J’envisageai de brûler le message dans la cheminée sans le lire, mais je savais qu’un devoir dominait tous les autres : la quête. Je laissai échapper un long soupir résigné et tendis la main. À regret, Cécile y déposa l’enveloppe. Je brisai le sceau, l’ouvris à contrecœur et en tirai un parchemin en tous points semblable aux précédents. Je le dépliai et en pris connaissance.

    Ce matin, à trois heures, sur la place. 
    Cancellarius Maximus
    Je levai les yeux vers Cécile qui était restée immobile telle une statue et je l’interrogeai du regard.
    —    Je viens tout juste de le trouver dans ma chambre, expliqua-t-elle d’une voix éteinte par le découragement. On l’avait glissé sous la porte. J’allais sortir pour venir te rejoindre et.
    Elle ne put en dire davantage et éclata en sanglots. Saisi par un élan de tendresse, je me levai et la serrai dans mes bras. Je n’en menais guère plus large qu’elle, je dois l’admettre. Après quelques minutes, elle se calma un peu.
    —    Qu’est-ce que le message dit ? demanda-t-elle en reniflant. Je le lui montrai. Elle allait parler lorsque je lui posai mon index sur les lèvres.
    —    Nous irons tous ensemble. Je ne suis plus le seul impliqué dans cette affaire. Nous avons deux bonnes heures devant nous. Allons retrouver ton frère.
    Une demi-heure plus tard, Roger Bernard, Ugolin, Pernelle, Cécile et moi étions réunis dans la salle
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