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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer
Autoren: Hervé Gagnon
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Hier soir, il a convoqué mon père pour lui confirmer qu’il avait réuni suffisamment de troupes et qu’il entendait attaquer Montfort sans plus tarder.
    —    Evidemment, puisqu’il n’a plus rien à lui offrir. Et ?
    —    Et les troupes de Foix y participeront. L’entraînement débute ce matin même. Ensuite, il y aura conseil de guerre. Tu y es attendu.
    —    Combattre aux côtés de ce maudit filou ? rétorquai-je, sonné. As-tu perdu la tête ? Après ce qu’il a fait à ta sœur ? Après qu’il m’eut fait torturer comme un vulgaire brigand ? Morbleu, plutôt dormir dans un lit de vipères !
    —    Crois-moi, je préfèrerais que les choses soient différentes, moi aussi. Mais nous sommes en guerre et, pour le moment, nos intérêts concordent. En défendant ses terres, nous protègerons aussi les nôtres.
    Je considérai la situation, mais ne trouvai pas le courage de l’accepter. Je soupirai de lassitude et hochai négativement la tête. Je venais de prendre une décision.
    —    J’ai déjà trop combattu, mon ami, et cela ne m’a mené nulle part, dis-je d’une voix morne. Je dépose les armes. Aujourd’hui même, je quitterai Toulouse.
    —    Et ma sœur ? demanda-t-il en jetant un regard sans équivoque vers le lit.
    —    Cécile sera bien mieux sans moi, je te l’assure. Elle a déjà trop souffert de ma présence.
    —    Mais, elle t’aime !
    —    Et moi aussi. C’est pour cela que je dois l’abandonner.
    Roger Bernard me dévisagea pendant quelques secondes, incrédule. Puis il me gifla brutalement du revers de la main. Je ne réagis même pas.
    —    Tu étais bien content d’avoir notre aide quand tu en avais besoin ! Tu ne te plaignais pas de profiter de l’entrecuisse de ma sœur ! Et c’est de cette façon que tu nous remercies ? Alors pars, maudit lâche ! cracha-t-il. Et ne croise plus jamais mon chemin !
    Il tourna les talons, sortit en coup de vent et fit claquer la porte. Je restai là, les bras ballants, tenant mollement Memento dans ma main. La colère et le désespoir m’enveloppèrent. Mon regard erra sur le symbole qui ornait la poignée. O IX. L’Ordre des Neuf, dont j’étais le Magister. Le responsable. Celui qui devait assurer la protection de la Vérité de Montségur.
    Toutes les paroles prononcées par Métatron se mirent à s’entrechoquer dans ma tête, fortes comme le bourdon d’une église, leur écho me fendant la tête. T u devras protéger la Vérité et l’empêcher d’être détruite par ses ennemis jusqu’au moment où l’humanité sera prête à la recevoir... Ton âme est noire comme la nuit, Gondemar de Rossal. À toi d’apprendre à voir la lumière... Tu vivras jusqu’à ce que la Vérité soit préservée ou perdue. Tu vivras avec le souvenir de tes morts et de tes fautes. Tu tomberas plusieurs fois. Puis tu te présenteras à nouveau devant ton Créateur pour entendre son jugement... Je le revis sur la fresque, dans l’antichambre du temple des Neuf, qui me regardait d’un air sévère, accusateur. Fais maintenant ce que voudras avoir fait quand tu te mourras.
    Telle était la question, songeai-je sans quitter Memento des yeux. Que voulais-je avoir accompli avant ma mort ? On m’avait ramené à la vie en me confiant une mission et je réalisais que j’avais un choix. Je pouvais abandonner ou persévérer. Désirais-je protéger la Vérité ou m’y sentais-je seulement contraint ? Ta conscience t’accompagnera et te tourmentera sans cesse, m’avait prévenu l’archange. Je comprenais maintenant ce qu’il avait voulu dire. J’avais vu là la promesse d’un châtiment perpétuel qui rendrait ma tâche plus douloureuse. Ma conscience pouvait aussi être le bâton de pèlerin sur lequel m’appuyer pour avancer. Sans que je m’en rende compte, la quête avait fini par transcender ma seule personne. J’avais pris fait et cause pour les cathares, que j’en étais venu à respecter et aimer. Peu à peu, depuis ma résurrection, j’avais cessé de m’appartenir. Mon sort était le leur. Il me revenait maintenant de décider de la suite des choses. Ce que je devais accomplir, personne ne pouvait le faire à ma place, ni Métatron, ni même Dieu. Je devais choisir d’assumer mon sort. Cesser de me lamenter tel un martyre. Cesser de porter ma quête comme une condamnation et plutôt voir en elle une occasion. Admettre que Dieu m’en avait chargé par amour et non par vengeance.
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