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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme
Autoren: Jean Markale
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autres
dialectes bretons). S’agit-il d’une simple homonymie ? S’agit-il encore
une fois de kabbale phonétique ? Les celtisants parlent uniquement d’une
homonymie. Mais alors comment expliquer, dans d’autres traditions
indo-européennes, cette même ambiguïté, en particulier à propos de l’Odin germanique ?
Odin-Wotan (en saxon Woden) remonte à un ancien Wôthanaz attesté par Tacite, et les germanistes y voient la racine wut qui signifie « fureur sacrée », donc
« science totale », ce qui est bien dans le caractère prêté à l’Odin
des sagas nordiques, lui qui est devenu volontairement borgne pour être magiquement
voyant, et qui est le maître des « runes », c’est-à-dire des
inscriptions magiques, comme par hasard gravées dans des morceaux de bois, de
la même façon que les druides satiristes irlandais gravaient des incantations
sur des branches, notamment de coudrier et d’if. Car la racine Wut présente une bien étrange parenté avec le nom
germanique du bois reconnaissable dans l’anglais wood .
D’ailleurs, l’un des poèmes de l’ Edda scandinave
nous décrit Odin pendu à un arbre (rituel chamanique qu’on retrouve dans
l’Irlande païenne) et se libérant par la force des runes qu’il suscite.
Wotan-Odin est le dieu du Savoir, le dieu-magicien par excellence, qui n’est
pas sans faire penser à Gwyddyon, fils de la déesse Dôn, héros de la quatrième
branche du Mabinogi gallois [8] .
Or le nom de Gwyddyon, s’il réfère à une racine gwid qui signifie « science » (breton-armoricain gwiziek , « savant »), peut aussi bien provenir
de la racine du vidu gaulois, dans le sens
d’arbre (et devenu coit en moyen-gallois avant
de prendre la forme coed ). Si Odin-Wotan et
Gwyddyon sont liés à la fois à l’idée de science et à l’arbre, eux qui sont de
véritables dieux-druides, il n’est pas invraisemblable de penser que le nom des
druides a cette même ambivalence. Les relations entre la science, surtout la
science religieuse ou magique, et les arbres n’ont rien qui puissent nous
étonner. Le mythe fondamental de l’Arbre de la Connaissance imprègne les
traditions de tous les peuples. Et si les druides sont les très savants , ils sont aussi les « hommes de
l’Arbre », ceux qui officient et enseignent dans les clairières sacrées,
au milieu des forêts.

2) LA HIÉRARCHIE DRUIDIQUE
    La classe sacerdotale druidique comporte donc des fonctions
spécialisées. Le problème se pose de savoir comment étaient régis les rapports
entre les différentes composantes de cette classe, et aussi de définir quelle
pouvait être la cohésion de cet ensemble qui paraît avoir été assez vaste.
    En partant des éléments historiques qui concernent la christianisation
de l’Irlande, à partir du V e  siècle, on a
cru pouvoir discerner des rivalités et des oppositions à l’intérieur de cette
classe druidique. En effet, si l’on examine à la lettre l’histoire, ou
l’histoire légendaire, de saint Patrick, l’évangélisateur de l’Irlande, on est
amené à constater que l’apôtre chrétien s’est heurté à l’hostilité des druides
et des rois et qu’il a converti les fili ,
faisant de ceux-ci les élites intellectuelles de la nouvelle religion [9] .
En somme, Patrick aurait joué de la rivalité entre druides et fili , privilégiant ces derniers et leur donnant
mission de poursuivre son œuvre tout en luttant contre les pratiques magiques
attribuées aux premiers.
    Cette constatation est vraie dans les faits, mais elle ne
vaut plus rien si l’on examine attentivement les rapports entre druides et fili . D’abord, il y a, dans tous les textes, une
propension à confondre les druides et les fili  :
il s’agit seulement d’une querelle de terminologie. D’autre part, dans
l’évolution de la société gaélique d’Irlande – évolution qui n’a rien de
comparable avec ce qui s’est passé en Gaule –, nous pouvons affirmer qu’il y a
eu glissement de fonction entre les druides proprement dits et les fili , lesquels, répétons-le, ne sont pas tellement
différents des druides puisqu’ils appartiennent à la même classe, et qu’en
Irlande, le terme « druide » sert essentiellement à désigner, d’une
façon générale, un membre de la classe druidique. Tout ce qu’on peut supposer,
c’est qu’à l’époque de saint Patrick, le terme « druide » servait
surtout à qualifier un opérateur de magie, alors que le
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