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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme
Autoren: Jean Markale
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AVANT-PROPOS
     
     
    Depuis l’an 52 avant notre ère, les habitants de la France
et de l’Europe occidentale ont oublié qui ils étaient. À vrai dire, ils ont
même oublié où se situe le lieu de leur défaite devant le rationalisme du
conquérant Jules-César, proconsul d’occasion, mais profondément persuadé d’être
un de ces rois du monde devant qui, un jour, s’inclinerait la postérité
universelle. Alésia ? Connais pas. C’est pourtant là que tout a bifurqué.
Par le biais et les aléas de la conquête, une mentalité méditerranéenne, bâtie
sur la croyance en l’universalisme et la logique du tiers exclus, est venue
lentement mais sûrement remplacer un état d’esprit barbare, nourri de sensibilité,
raisonnant dialectiquement, et confiant dans l’action individuelle au sein de
communautés humaines peut-être plus instables, plus fragiles, mais plus chaleureuses.
Les habitants de l’Europe occidentale ont oublié qu’ils étaient les fils des
Celtes, et quand ils eurent conscience d’avoir été floués par les orateurs
latins, experts en l’art de tromper grâce à des sophismes de forme impeccable,
ils se ruèrent vers le christianisme, croyant y découvrir des éléments qui
nourriraient leur flamme intérieure à vrai dire jamais éteinte. Hélas, ce ne
fut pas mieux [1] . Non
seulement on ne savait plus où se trouvait l’Alésia de Vercingétorix [2] ,
mais on ne connaissait même plus les chemins écartés de l’authentique tradition
spiritualiste que les Celtes avaient nourrie et exaltée.
    Cet oubli, ce « décervelage », pour reprendre un
terme cher à Alfred Jarry, il est ressenti par les gens de bonne volonté qui,
au cours du XX e  siècle, à travers les
mutations d’une société qui franchit les ultimes stades de la décomposition, commencent
à se demander si l’Occident n’a pas fait fausse route en privilégiant le
matériel au détriment du spirituel. Le problème posé est faux, dans la mesure
où la matière et l’esprit ne sont que les deux visages d’une même réalité. Mais
le fait est là : affolés parce qu’ils ont la certitude d’avoir perdu les
racines profondes de leur esprit, les Occidentaux, parfois déçus par une forme
de christianisme qui ne répond plus à leur attente, ont tendance à se réfugier
dans les philosophies du non-être dont les religions orientales font grand
usage. Aussi honorable qu’elle soit, cette démarche ne résoud rien :
l’Orient a sa propre logique, son propre système de valeurs, et ce ne sont pas
forcément les mêmes que les nôtres. Il semble bien, au contraire, que la mentalité
orientale soit en opposition fondamentale avec l’état d’esprit occidental, cela
étant dit sans aucun jugement de valeur. Il risque donc d’y avoir
incompréhension, syncrétisme artificiel, et illusion, le tout conduisant à une
position très inconfortable qui ne répond aucunement à l’espoir qu’on avait de
découvrir la « vraie voie ». Il faut d’abord se faire une
raison : il n’y a pas de vraie voie, mais il y a des voies dont le but
peut être identique, mais les formulations différentes. Et puis surtout, il
faut se méfier du goût de l’exotisme. On croit toujours trouver ailleurs ce
qu’on ne voit pas chez soi, paré des mille couleurs du dépaysement. Quand Lanza
del Vasto écrivit son Pèlerinage aux Sources ,
il ne savait pas qu’il allait déclencher une aussi vaste émigration vers les
mirages orientaux. Et les voyages à Katmandou ne sont pas toujours
constructifs, ni même suscités par la lumière intérieure.
    Pourquoi chercher ailleurs ce qui existe chez soi ? Les
pèlerins de Katmandou et assimilés ont beau jeu de répondre qu’il n’y a plus de
tradition occidentale et que le seul moyen de s’en sortir est de pénétrer la
tradition orientale, la seule qui reste. Il faut dire qu’ils n’ont guère fait
d’efforts pour la chercher, cette tradition occidentale, qu’on a d’ailleurs
pris grand soin à masquer, à occulter, au bénéfice exclusif du christianisme
judéo-romain. Elle existe pourtant, à notre portée, et il suffit de peu de
choses pour qu’elle soit visible. Le tout est de se débarrasser des partis pris
et d’un ce-qui-va-de-soi parfaitement stérile. Elle existe, cette tradition
occidentale, quelque peu meurtrie par des siècles de rejet, voire de combats,
mais parfaitement jeune, et prête à nourrir ceux qui lui en font la demande. Il
est vrai que cela
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