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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme
Autoren: Jean Markale
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toutes les
suppositions sont possibles. Depuis la fin du XVIII e  siècle,
où, en Grande-Bretagne et en Bretagne, on a cru retrouver dans les fantasmes de
quelques illuminés la « vérité » sur le druidisme ,
l’imagination a fonctionné, et les pires élucubrations ont été dites ou écrites
sur la religion des Celtes. La vérité oblige à dire que, jusqu’à ces dernières
années, on a beaucoup plus rêvé le druidisme qu’on ne l’a retrouvé. Il semble, en effet, que le druidisme soit bel et bien
mort, enfoui dans les ténèbres, ou fondu dans un christianisme très spécifique
qui a été celui des Irlandais et des Bretons. Cependant, comme les religions ne
disparaissent jamais complètement, il en reste quelque chose, et particulièrement
dans la façon dont les Occidentaux, surtout les ruraux, vivent leur
spiritualité. Comme le dit encore Henri Gaidoz, en 1879, « chassés des
temples, les dieux gaulois se sont réfugiés dans nos campagnes ». En 1985,
cette affirmation est toujours valable.
    Voilà pourquoi il était nécessaire d’explorer l’univers
quelque peu brumeux du druidisme. Il en reste quelque chose, non seulement dans
nos campagnes, mais dans des témoignages qui sont irréfutables. Encore faut-il
faire connaître ces vestiges et ces témoignages. C’est le but de ce livre.

I

LES DRUIDES

Ce que nous connaissons le
mieux du druidisme concerne les druides eux-mêmes. Ce n’est pas un
paradoxe : en tant que personnages essentiels des différentes sociétés
celtiques qui se sont succédées en Europe occidentale, ils ont été décrits,
aussi bien par les historiens et chroniqueurs de l’Antiquité classique que par
les Celtes insulaires lorsque ceux-ci se sont mis, sous l’influence du
Christianisme, à utiliser l’écriture pour conserver leurs traditions
ancestrales. Nous possédons par conséquent, à propos des druides, des documents
incontestables et dont certains remontent très loin dans le temps et sont bien
souvent contemporains des Druides. Et il y a un monde entre ces descriptions
qui, pour être fragmentaires, n’en sont pas moins historiques, et l’imagerie
romantique, si tenacement répercutée à notre époque, qui fait du druide un grand
vieillard barbu et chevelu, auréolé d’une lumière surnaturelle, cueillant
majestueusement le gui avec sa faucille d’or, vaticinant à tout va dans la
tempête ou sacrifiant des victimes humaines sur d’immenses autels de pierre,
autrement dit des dolmens.
    Il faut commencer toute étude sur le druidisme par une démystification.
L’image romantique du druide est le résultat de notre ignorance. Certes, à
défaut de documents, l’imagination des poètes a trouvé des solutions qui
avaient le mérite d’être émouvantes et qui satisfaisaient le goût du
merveilleux. C’est le droit le plus strict des poètes d’inventer ce qui
n’existe pas, et personne n’en a voulu à Chateaubriand d’avoir si magnifiquement
campé le personnage de la druidesse Velléda.
Le malheur veut que des historiens, parfois dûment patentés et souvent de bonne
foi, aient pris pour argent comptant les délires de l’époque romantique et
surtout les désirs de ces « antiquaires » de la fin du XVIII e  siècle, ceux que l’on appelle maintenant des
« celtomanes », pour lesquels tout ce qui était celtique était beau,
grandiose, sublime, universel. Le rêve romantique passait par la redécouverte –
réelle ou imaginaire – d’un passé autochtone, donc celtique. Les Druides y
tenaient une place de choix, puisqu’ils étaient censés détenir les secrets les
plus audacieux de la pensée celtique. D’où leur mise en valeur et le rôle qu’on
a tenté de leur faire jouer.
    Le plus fort, c’est qu’effectivement, les Druides sont au
centre de la société celtique qui, sans eux, ne s’explique pas et demeure
incompréhensible. Ils détenaient réellement les « secrets celtiques ».
Ils étaient la charnière autour de laquelle s’articulaient les faits et les
gestes de ces peuples encore mal connus aujourd’hui, et que, faute de mieux, on
nomme « celtiques » tout en sachant qu’il s’agit d’un conglomérat
d’individus d’origines diverses réunis dans le cadre d’une civilisation unique,
sur un territoire allant de la Bohême aux Îles britanniques et de la plaine du
Pô aux bouches du Rhin, avec des prolongements en Europe de l’est et en Asie
Mineure. Cette civilisation celtique est
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