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Le Dernier Maquisard

Titel: Le Dernier Maquisard
Autoren: Alain Pecunia
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toi-même ce
matin, avec tous ces morts… En fait, l’aîné des Cartelan, avec sa
grande gueule, sa façon de râler pour un oui pour un non et sa
perpétuelle indiscipline, s’il n’avait pas été tué lors de
l’attaque des Allemands, aurait fait un suspect idéal.
    – Les mouchards sont parfois les plus insoupçonnables.
    – Oui. Sur le moment, dit-il. Quand la forêt cache l’arbre…
    – L’arbre cache la forêt, le repris-je en souriant.
    – Non, non. Je dis bien quand la forêt cache l’arbre. Car quand
la forêt meurt, avant que le dernier arbre disparaisse, il en reste
un. Et celui-là est le plus intéressant.
    – Je ne te suis pas.
    – Si notre mouchard, notre traître, était parmi les morts de la
libération de la ville, nous n’en saurons pas plus. Alors admettons
qu’il fût parmi les sept survivants. D’accord ?
    – D’accord, fis-je en portant le verre de vin à mes lèvres.
    – Bon. Qui restait-il ?
    – Les deux Espagnols, Émile, Louis, Riton, toi, moi…
    – Manuel et José sont partis pour l’Espagne début septembre et
sont morts à peine deux mois plus tard. Riton est parti lui aussi
en septembre et a trouvé la mort en Alsace. J’exclus bien
évidemment nos deux Espagnols et je garde en réserve Riton.
    – Pourquoi ?
    – S’il était notre traître, il avait peut-être envie de prendre
du champ, non ?
    Je fis une moue dubitative. Moi je savais que ce ne pouvait pas
être Riton. Riton, c’était un gaillard tout en muscles de
vingt-deux ans, un peu brut de décoffrage, mais un bon gars et mon
meilleur copain dans le groupe. C’était un taciturne. Il m’avait
pourtant confié la raison de son engagement sous le sceau du
secret. Riton était amoureux fou de Ginette qui était amoureuse de
Georges, le « chef », alors il avait préféré
disparaître.
    – Émile, ton lieutenant, avait fait les Brigades
internationales. Ce ne peut pas être lui.
    – Ça semble évident. Il reste donc Louis, toi et moi…
    – Oui, mais c’est pas sérieux, toi et Louis, vous êtes
insoupçonnables. Toi, t’étais le chef et le fondateur du maquis.
Louis avait eu son père et son frère aîné fusillés comme
otages…
    – Qui reste-t-il alors ?
    J’accusai le coup et me sentis blêmir.
    – Je blaguais, dit Georges en vidant équitablement le reste de
la bouteille dans nos verres.
    – Pourtant, tu m’as eu à l’œil un moment avec cette histoire du
rôdeur…
    – Oui. Mais si tu avais eu partie liée avec ce type, tu n’aurais
pas été capable de le tuer au couteau.
    – Et si je n’avais pas eu le choix, justement, pour me
dédouaner, sauver ma peau…
    Je me surprenais moi-même. À m’en maudire. À croire que j’avais
vraiment envie de me passer la corde autour du cou.
    Georges me considéra gravement et hocha la tête.
    – Viens m’aider plutôt à préparer le dîner, au lieu de raconter
des conneries, dit-il en se levant lourdement.
    – Pourtant, il y a bien eu un traître !
     
     
     
     
    7
     
     
     
     
     
    J’eus du mal à trouver le sommeil. On avait trop picolé avant et
pendant le repas, tourné en rond avec nos histoires de vieux
combattants et de traîtrise.
    Et cette putain d’image du Feldwebel se superposait avec celle
du rôdeur. Faisant tout resurgir à la surface. Tous ces souvenirs
que je m’étais efforcé d’enfouir à jamais.
    Ça avait été la panique totale quand les Allemands nous étaient
tombés dessus à l’aube. Nous étions encore endormis et même la
sentinelle dormait !
    Ils avaient tiré dans le tas et grenadé nos abris pour en
extirper trois survivants, dont moi.
    Claude était blessé et ils l’ont achevé à coups de crosse.
Philippe, qui était miraculeusement indemne tout comme moi, s’est
alors mis à entonner
La Marseillaise
. Une balle dans la
nuque… Alors j’ai craqué. Je les ai suppliés de ne pas me tuer.
Eux, ils se marraient.
    – Petit Français,
kaputt !
Poum ! poum !
a dit leur chef.
    J’étais à genoux et il me visait avec son pistolet.
    – Je sais des choses ! que j’ai hurlé en appel de
détresse.
    – Poum ! poum ! qu’il a refait le con.
    – Je connais un autre maquis ! que j’ai dit en désespoir de
cause en me mettant à chialer.
    J’avais le même âge que Philippe mais pas son courage. Et je
m’étais souvenu à temps, malgré la confusion de mon esprit, que
Ricol, notre chef, nous avait parlé une fois d’un maquis sur les
bords de la Loire.
    – Si, un
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