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Le cri de l'oie blanche

Le cri de l'oie blanche

Titel: Le cri de l'oie blanche
Autoren: Arlette Cousture
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faire une petite pelote.
    – De la belle corde comme ça, c’est
toujours utile.
    Elle leur demanda de faire attention au
papier, de ne pas le déchirer, et elle le plia soigneusement. Les enfants
ouvrirent enfin les boîtes. Dans chacune d’elles, il y avait une cage à oiseau.
Huit belles cages qu’Ovila avait fabriquées lui-même. Émilien poussa un cri.
Dans sa cage, il y avait une lettre. Il la tendit à sa mère qui s’empressa de
l’ouvrir d’une main qu’elle aurait voulue ferme. Elle lut la première ligne,
laissa tomber sa main et baissa les yeux. Elle remit la lettre à Émilien.
    – C’est adressé à ton nom, Émilien.
Peux-tu nous la lire tout haut ?
    Émilien regarda la lettre longuement avant
d’en commencer la lecture. La lettre était courte. Ovila racontait aux enfants
que l’Abitibi était extraordinaire et que bientôt ils pourraient venir le
rejoindre. Pour tromper leur attente et la sienne, il avait fait des cages. Il
demandait à Émilien de confectionner des filets et disait aux enfants d’aller
derrière la maison de leur grand-mère, dans les champs de chanvre, pour y
cueillir des chardonnerets. Il les embrassait tous. Pas un mot pour Émilie. Pas
même un bonjour. Émilie sourit aux enfants et leur demanda s’ils étaient
contents de leurs cadeaux. Ils répondirent que oui. Elle leur expliqua alors
que les chardonnerets qui s’amusaient dans les champs de chanvre étaient
toujours faciles à attraper et à mettre en cage.
    Pendant qu’Émilien s’affairait à faire les
filets avec de vieilles guenilles et de vieux bas de sa mère, Émilie monta à sa
chambre. Elle s’assit sur son lit et pensa. Le moment d’agir était venu. Elle
donnait une semaine à cette lettre qu’il avait sûrement postée pour arriver. Si
dans une semaine elle n’avait pas reçu de nouvelles, elle, elle… Elle ne savait
pas ce qu’elle ferait, mais elle savait qu’elle devait faire quelque chose.
    Une semaine plus tard, elle s’habilla, mit son
chapeau le plus joli, sa robe la moins fanée et demanda aux enfants de
s’occuper de la maison. Elle devait s’absenter pour quelques heures. Les
enfants ne posèrent aucune question. Ils savaient que leur mère, lorsqu’elle
prenait plus de cinq minutes pour se préparer à sortir, avait habituellement
une visite importante à faire.
    Émilie attela sa Tite, partit d’un trot
rapide. Elle dirigea sa jument vers le presbytère. Arrivée devant l’église,
elle hésita quelques minutes, oscillant entre l’envie de prendre la fuite et
d’oublier les raisons de sa visite et celle d’entrer en criant à l’injustice et
à la révolte. Elle se raisonna finalement, descendit de la calèche et l’attacha
soigneusement, avant de replacer quelques mèches de ses cheveux qui avaient
cédé sous la force du vent. Elle frappa à la porte et demanda à la ménagère si
elle pouvait voir le curé Grenier. On la dirigea vers le salon. Elle l’attendit
quelques minutes et sourit lorsqu’il entra, heureuse de pouvoir lui parler,
amusée de le voir en pantoufles, la soutane déboutonnée, la barbe encore plus
longue, encore plus grise et encore plus désordonnée. Il lui tendit la main
qu’elle prit avec toute l’énergie qu’elle pouvait y mettre.
    – Bonjour, Émilie. Je dois avouer que ça
fait depuis votre retour que j’attends votre visite.
    Elle chercha une excuse, un prétexte, et, n’en
trouvant aucun, décida d’aller droit au but.
    – J’aurais rien eu à vous dire à part que
les enfants allaient bien. Comme je vous ai écrit de Shawinigan, ça donnait
rien de venir ici pour me répéter.
    – Hum… ! fit le curé, perspicace.
Pourquoi est-ce que vous ne vous assoyez pas, Émilie ?
    Elle s’assit, le dos droit, et posa ses deux mains, l’une dans l’autre, bien à plat sur sa cuisse
gauche. Le curé la regarda et sourit. Elle se demanda pourquoi.
    – Est-ce que j’ai fait quelque chose de
drôle ?
    – Pas du tout. C’est simplement votre
façon de vous asseoir. On jurerait que vous êtes allée au couvent.
    – Si j’avais pu…
    – Comment allez-vous, Émilie ?
J’imagine que si vous avez décidé de venir aujourd’hui, c’est que vous avez
quelque chose à me raconter…
    Émilie le regarda bien en face. Tout à coup,
sans qu’elle sût pourquoi, elle se revit dans l’étable avec son père, ce matin
où elle lui avait parlé de ses projets de mariage avec Henri Douville. Le curé
Grenier n’avait pas de
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