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Le cri de l'oie blanche

Le cri de l'oie blanche

Titel: Le cri de l'oie blanche
Autoren: Arlette Cousture
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ses jupes pour en effacer les rides de ses mauvais
rêves. Elle se pencha vers un de ses sacs, un immense sac de cuir muni d’une
poignée en écaille de tortue que sa mère lui avait donné, en tira un lange et
une débarbouillette. Elle se dirigea vers la salle d’eau, l’humecta et
revint à toute vitesse vers Rolande qui la cherchait des yeux. Elle s’empressa
de la langer en lui chatouillant le tour du nombril comme elle le faisait
toujours. Rassurée, Rolande émit un gargouillis de plaisir. Émilie rangea la
couche souill ée et la débarbouillette puis se
dirigea vers les autres banquettes. Elle réveilla chacun des enfants en leur
secouant une épaule. En moins d’une minute, ils eurent tous le nez collé à la
fenêtre, poussant des gloussements de plaisir à la vue du décor qui leur était
si familier. Émilie dut interrompre leur joie car déjà le train faisait entendre
sa cloche.
    – Il va falloir qu’on se dépêche. J’ai
dormi un peu trop longtemps. Prenez chacun un sac ou une valise. On est
arrivés.
    Les enfants s’animèrent. Elle leur demanda de
rester assis, craignant que le train ne s’arrête brusquement. Les enfants le
firent du bout des fesses , le reste du corps
penché pour bien voir la gare qui apparaissait lentement dans chacune des
fenêtres. Émilie jeta un regard inquiet en direction du quai. Pendant son
sommeil, elle avait rêvé qu’Ovila serait là. Elle étouffa un dernier sanglot
que la nuit avait négligé d’emporter.
    Ils entendirent le crissement des freins et le
train s’immobilisa presque. Émilie leur demanda d’attendre le dernier
soubresaut. Les wagons s’entrechoquèrent, les uns après les autres. Émilie
pensa que le train, comme un dinosaure de métal, venait de s’affaler devant la
gare. D’un signe de tête, elle fit comprendre aux enfants qu’ils pouvaient se
lever. Elle prit Rolande, invita les autres à se diriger vers la porte que le
chef de train s’efforçait d’ouvrir à grands coups de poing et de jurons. Ils
s’agglutinèrent derrière lui, attendant impatiemment qu’il réussisse, ce qui ne
tarda pas. Il sauta sur le trottoir de bois et tendit la main pour les aider à
descendre. Les filles acceptèrent son aide. Les garçons feignirent de ne pas
voir le bras tendu et sautèrent de la dernière marche avec plaisir. Émilie jeta
un dernier regard en direction de leurs banquettes afin de s’assurer qu’ils
n’avaient rien oublié ; elle descendit la dernière en souriant au chef de
train et lui donna un pourboire. Il la remercia et lui demanda si quelqu’un
viendrait les chercher. Émilie feignit de lui dévoiler un grand secret en
répondant par la négative, s’empressant d’ajouter, joie dans la voix, qu’elle
voulait faire une surprise à sa famille. Le chef de train hocha la tête, lui
rendit son sourire et tapota la joue de Rolande.
    Émilie regarda le train s’abreuver puis
quitter Saint-Tite. Les enfants n’avaient pas encore bougé. Ils surveillaient
leur mère, attendant un geste qui leur indiquerait la direction à suivre. Dès
que le dernier wagon leur eut dégagé la vue, elle désigna une maison qui leur
faisait presque face.
    – C’est là qu’on va rester.
    Les enfants poussèrent des cris de joie.
Émilie se demanda pourquoi les enfants avaient toujours cette manie de crier de
joie sans véritable raison. Elle sourit, haussa les épaules et leur demanda de
la suivre. Ils traversèrent la voie, sautillant par-dessus les rails, humectant
leurs bottines de la rosée agglutinée aux herbes folles qui se dandinaient
entre les traverses. À chacun des sauts d’Émilie, Rolande éclatait de son gros
rire de plaisir, oubliant que son estomac était encore vide.
    Émilie aperçut le camion de son voisin de
Shawinigan, son déménageur, et soupira. Il était au rendez-vous. Émilien,
malgré le poids des bagages qu’il transportait, partit en courant. Il contourna
le camion et ne vit personne. Il déposa les valises et les boîtes et monta sur
le marchepied. Les deux hommes dormaient profondément, étendus sur la banquette
avant. Il fit signe à ses frères et sœurs de se taire et d’approcher doucement.
Ils le suivirent, puis, se bousculant pour regarder à travers les vitres des
portières, éclatèrent de rire, ce qui réveilla les hommes instantanément.
Émilie fut la dernière arrivée. Elle salua son voisin d’un sourire plus que
joyeux, lui demanda s’il avait eu de la difficulté à trouver la
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