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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie
Autoren: Colleen McCullough
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J’avais neuf autres épouses et cinquante concubines ainsi qu’une centaine d’enfants. Pourtant j’aimais tout particulièrement Hécube ; elle serait ma reine quand je monterais sur le trône. Son enfant m’importait peu. Mais que ferais-je si elle mourait ?
     
    Quand j’arrivai au palais, j’appris qu’Hécube n’avait pas encore accouché ; aucun homme n’a le droit d’assister à ce mystère, aussi passai-je le reste de la journée à m’occuper de mes propres affaires, est-à-dire à accomplir les tâches auxquelles le roi répugnait.
    À la tombée de la nuit, je commençai à m’inquiéter. Mon père ne m’avait pas fait venir et on n’entendait pas les gens se réjouir dans l’immense palais tout en haut de la colline de Troie. Aucune voix grecque, aucune voix troyenne ne parvenait jusqu’à moi. Rien d’autre que le silence. C’était étrange.
    — Altesse, altesse !
    Mon esclave, Tissanes, était là, pâle comme la mort, les yeux exorbités, saisi de tremblements incontrôlables.
    — Qu’y a-t-il ? lui demandai-je, me rappelant qu’il s’était attardé sur la piste du lion pour regarder ce qui se passait.
    Il tomba à genoux, m’enserra les chevilles.
    — Altesse, longtemps je n’ai osé bouger ! Puis j’ai pris mes jambes à mon cou ! Je n’ai parlé à personne en chemin, je suis venu directement te voir.
    — Lève-toi ! Lève-toi et raconte !
    — Altesse, le roi ton père est mort. Tes frères sont morts. Ils sont tous morts !
    Je fus envahi par un grand calme. J’étais enfin roi.
    — Les Grecs aussi ?
    — Non, maître ! Ce sont les Grecs qui les ont tués !
    — Parle lentement, Tissanes, et dis-moi ce qui s’est passé.
    — L’homme nommé Héraclès était heureux de sa réussite. Il riait et chantait en écorchant le lion, tandis que ceux qui s’appellent Thésée et Télamon allaient délivrer les jeunes filles de leurs chaînes. Après avoir étendu la peau de l’animal pour la faire sécher, Héraclès demanda au roi de l’escorter jusqu’aux écuries. Il souhaitait choisir son étalon et sa jument sans tarder, car il avait hâte de partir.
    Tissanes s’interrompit.
    — Continue.
    — Le roi s’est mis alors dans une grande colère, altesse. Il prétendit n’avoir rien promis à Héraclès. Héraclès n’avait-il pas tué le lion pour s’amuser ? Même quand Héraclès et les deux autres Grecs se sont aussi mis en colère, le roi n’a pas voulu céder.
    Père, père ! Refuser à un dieu tel que Poséidon son dû est une chose – les dieux sont posés, ils réfléchissent avant d’user de représailles. Mais Héraclès et Thésée n’étaient pas des dieux. C’étaient des héros et les héros sont implacables et passent plus vite à l’action.
    — Thésée était livide, altesse, poursuivit Tissanes. Il cracha par terre aux pieds du roi et le maudit en le traitant de voleur et de sale menteur. Le prince Tithonos dégaina son épée, mais Héraclès s’interposa et s’adressa au roi. Il lui demanda de céder et de lui donner comme convenu un étalon et une jument. Le roi répliqua qu’il n’allait pas se laisser dépouiller par une bande de vulgaires mercenaires grecs. S’apercevant que Télamon enlaçait la princesse Hésione, il s’avança et le gifla. La princesse fondit en larmes. Le roi la frappa aussi. Et puis ce fut effroyable, altesse.
    D’une main tremblante, mon esclave essuya la sueur qui ruisselait sur son visage.
    — Fais un effort, Tissanes. Dis-moi ce que tu as vu.
    — Héraclès sembla devenir aussi fort qu’un aurochs, altesse. De sa massue il assomma le roi. Le prince Tithonos essaya de tuer Thésée. En vain. Thésée le transperça d’un coup de lance. Télamon prit son arc et tua le prince Lampos, puis Héraclès saisit le prince Clytios et le prince Hicétaon et écrasa leurs têtes l’une contre l’autre.
    — Et toi, Tissanes, où étais-tu pendant ce temps-là ?
    — Je me cachais, dit-il en baissant la tête.
    — Tu es un esclave, pas un guerrier. Continue.
    — Les Grecs semblèrent reprendre leurs esprits. Héraclès ramassa la peau du lion. Il prétendit qu’ils n’avaient pas le temps d’aller chercher les chevaux, ils étaient pressés. Thésée désigna du doigt la princesse Hésione : ils devraient se contenter d’elle comme prix de leurs efforts. Ils l’offriraient à Télamon puisqu’il en était vraiment amoureux. Ainsi l’honneur des Grecs serait
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