Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie
Autoren: Colleen McCullough
Vom Netzwerk:
malédiction ! Si tu y parviens, nous t’en serons infiniment reconnaissants. Je ne parle pas seulement pour moi, mais pour mon peuple. Trente-six jeunes filles ont déjà péri.
    J’attendis la suite : Héraclès n’était point sot, il ne proposerait pas de nous débarrasser d’un lion envoyé par un dieu sans en tirer quelque avantage pour lui-même.
    — Roi Laomédon, dit le Grec assez fort pour attirer l’attention de tous, je vais conclure un marché avec toi. Je vais tuer ton lion. En échange, tu me donneras deux de tes chevaux, un étalon et une jument.
    Acculé par cette proposition faite en public, mon père ne pouvait qu’accepter le marché, sinon tout le monde à la Cour l’accuserait d’être égoïste et cruel. D’un signe de tête il acquiesça, en s’efforçant de paraître joyeux.
    — Si tu parviens à tuer le lion, Héraclès, je t’accorderai ce que tu demandes.
    — Qu’il en soit ainsi !
    Héraclès était assis tout à fait immobile, les yeux grands ouverts mais sans rien voir ; il semblait indifférent à tout. Puis il soupira, se recueillit, regarda non pas le roi, mais Thésée.
    — Nous irons demain, Thésée. Mon père m’a parlé : le lion viendra à midi.
    Même les autres Grecs furent extrêmement impressionnés.
     
    Vêtues de leurs plus belles tuniques, les cheveux peignés et les yeux fardés, leurs délicats poignets chargés de chaînes dorées, leurs chevilles entourées de fers dorés, les six jeunes filles attendaient la venue des prêtres devant le temple de Poséidon Bâtisseur de Murailles. Hésione, ma demi-sœur, était parmi elles, calme et résignée, mais le tremblement nerveux de ses lèvres trahissait sa peur. On entendait les gémissements et la mélopée funèbre des familles , le cliquetis des chaînes, le souffle haletant des six jeunes filles terrifiées. Je restai juste le temps d’embrasser Hésione, puis m’en fus ; elle ignorait tout de ce qu’allait tenter Héraclès pour la sauver.
    Peut-être ne lui en avais-je pas parlé parce que, même alors, je soupçonnais que nous ne nous débarrasserions pas si aisément de la malédiction – que même si Héraclès tuait le lion, Poséidon seigneur des Mers pourrait le remplacer par un tourment pire encore. Puis mes doutes s’évanouirent, dans ma hâte à me rendre du sanctuaire à la petite porte derrière la citadelle où Héraclès avait rassemblé ses hommes. Il n’en avait choisi que deux pour l’aider dans sa chasse : le guerrier chenu, Thésée, et le jeune Télamon. À la dernière minute, il s’attarda pour échanger quelques paroles avec un autre de ses hommes, le roi lapithe, Pirithoos ; je l’entendis lui dire d’emmener tout le monde à la porte Scée à midi et de l’attendre là. Il était pressé de partir : les Grecs se rendaient au pays des Amazones pour s’emparer de la ceinture de leur reine, Hippolyté, avant l’hiver.
    Après qu’Héraclès fut entré en transe dans la grande salle la veille au soir, personne ne mit en doute ses paroles : le lion viendrait aujourd’hui et s’il venait, ce serait la première fois qu’il viendrait si tôt dans le sud. Mais Héraclès en était certain. Il était fils de Zeus, souverain de l’Olympe.
     
    J’avais quatre frères, tous plus jeunes que moi : Tithonos, Clytios, Lampos et Hicétaon. Nous accompagnâmes Héraclès et arrivâmes aux écuries avant que n’apparaissent les prêtres et les jeunes filles. Héraclès allait et venait, arpentant le terrain pour le reconnaître ; puis il revint vers nous et se prépara à l’attaque. Télamon avait un arc, Thésée une lance, Héraclès son énorme massue.
    Tandis que nous grimpions en haut d’une colline, là où l’animal ne pouvait ni nous sentir ni nous voir, mon père resta sur le chemin pour attendre les prêtres, car c’était le premier jour du sacrifice. Les années précédentes les pauvres jeunes filles avaient parfois été forcées d’attendre enchaînées pendant des jours, n’ayant que le sol pour dormir et quelques jeunes prêtres terrorisés pour leur apporter à manger.
    Le soleil était déjà haut lorsqu’on aperçut la procession qui venait du sanctuaire de Poséidon. Les prêtres poussaient devant eux les jeunes victimes en larmes, psalmodiaient le rituel et frappaient de minuscules tambours. À coups de marteau, ils fixèrent les chaînes à des piquets dans le sol, à l’ombre d’un orme, et partirent aussi
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher