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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie
Autoren: Colleen McCullough
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volonté du dieu que de choisir ma fille ! Il exige six vierges, rien de plus ! Choisis une autre victime, Calchas.
    — C’est impossible, grand roi.
    Calchas demeura inflexible. Une main divine avait dirigé le choix : nulle autre qu’Hésione ne pourrait adoucir le courroux divin.
    Bien qu’aucun membre de la Cour ne fût présent durant cette entrevue, la nouvelle se répandit de par la citadelle. Anténor et les courtisans de son acabit condamnèrent vertement le prêtre, alors que les nombreux enfants du roi – y compris moi, son héritier - pensèrent qu’enfin notre père serait obligé de céder et de payer à Poséidon les cent talents d’or.
    Le lendemain, le roi rassembla son conseil. J’étais présent, car l’héritier doit entendre le roi quand il juge et ordonne. Le souverain paraissait calme et délivré de toute inquiétude. Paré d’une toge d’or , l’homme frêle à la longue chevelure argentée était déjà bien loin de la prime jeunesse. Pourtant, sa voix ne cessait de nous surprendre, tant elle était profonde, noble, mélodieuse et puissante.
    — Ma fille Hésione, annonça-t-il, a accepté d’être sacrifiée, car c’est une injonction divine.
    Peut-être Anténor avait-il deviné ce que dirait le roi ; mais ni mes jeunes frères ni moi ne pûmes dissimuler notre surprise.
    — Mon roi, m’écriai-je, vous ne pouvez permettre cela ! Quand les temps sont difficiles, le roi lui-même peut se sacrifier pour son peuple, mais ses filles vierges appartiennent à la Vierge Artémis, pas à Poséidon !
    Le roi n’apprécia pas d’entendre son fils aîné le contredire ainsi devant toute la Cour. Il pinça les lèvres.
    — Ma fille a été élue, Priam ! Élue par Poséidon !
    Poséidon serait plus heureux, sifflai-je entre mes dents, si l’on payait cent talents d’or à son temple de Lyrnessos.
    C’est alors que je surpris Anténor à sourire ; comme il aimait à voir le roi et son héritier se quereller…
    — Je refuse, dit le roi, de donner de l’or gagné avec peine à un dieu qui n’a pas bâti le mur ouest assez solidement pour résister à un tremblement de terre.
    — Tu ne peux envoyer Hésione à la mort, père !
    — Ce n’est pas moi qui l’envoie à la mort, c’est Poséidon !
    — Un mortel comme toi ne doit pas rejeter ses fautes sur les dieux.
    — Retire-toi, Priam ! Sors de cette salle ! Ou il se pourrait fort bien que, l’année prochaine, Poséidon exige le sacrifice de l’héritier au trône !
    Anténor souriait toujours. Je fis demi-tour et quittai la pièce, pour aller chercher un peu de réconfort dans la cité battue par les vents.
     
    L’air froid et humide venu du lointain mont Ida apaisa ma colère tandis que je parcourais la terrasse dallée attenante à la salle du trône et me dirigeais vers les marches qui mènent au sommet de la citadelle. Là, loin au-dessus de la plaine, je posai les mains sur les pierres taillées par des hommes ; car ce n’étaient pas les dieux qui avaient bâti la citadelle, mais Dardanos. Soudain, je pris pleinement conscience du pouvoir que détient le roi. Combien d’années devrais-je attendre, me demandai-je, avant de porter la tiare d’or et de m’asseoir sur le siège d’ivoire qui est le trône de Troie ? Les hommes de la maison de Dardanos vivent très vieux et Laomédon n’avait pas atteint soixante-dix ans.
    Je regardai les habitants aller et venir au-dessous de moi dans la cité, puis au loin les plaines verdoyantes où les précieux chevaux du roi Laomédon étiraient leur long cou pour arracher l’herbe. Ce spectacle ne fit que rendre ma douleur plus vive. Je tournai mon regard vers l’île de Ténédos à l’ouest, puis vers le nord, là où les eaux azurées de l’Hellespont narguent le ciel ; je vis le long arc grisâtre de la plage entre l’estuaire du Scamandre et du Simoïs, les deux fleuves qui arrosent la Troade et nourrissent les cultures, l’épeautre et l’orge qui ne cessent d’onduler dans le vent.
    La bise était si violente que je finis par quitter le parapet et me rendis dans la grande cour du palais. Là, j’attendis qu’un esclave amène mon char.
    — Va vers la cité et laisse les chevaux te diriger, ordonnai-je.
    La route principale descendait de la citadelle et rejoignait la courbe de l’avenue qui longeait à l’intérieur la muraille construite par Poséidon. À la jonction des deux rues se trouvait l’une des trois portes que
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