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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie
Autoren: Colleen McCullough
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    Récit de Priam
     
    Nulle cité n’égala jamais Troie. Le jeune prêtre Calchas, dépêché à Thèbes l’Égyptienne durant son noviciat, en revint sans avoir vraiment été impressionné par les pyramides construites le long de la rive ouest du Fleuve de Vie. Troie est plus imposante, affirmait-il. Ses murailles sont plus hautes et des vivants y demeurent, quand les pyramides abritent des morts. Certes, ajoutait-il, cette différence s’explique : les Égyptiens adorent des dieux inférieurs. Ils avaient bâti ces monuments de leurs mains, tandis que les grandes murailles de Troie étaient l’œuvre des dieux. Babylone même, ouvrage semblable à celui d’un enfant, aux murs trop bas enfouis dans le limon du fleuve, ne pouvait se mesurer à notre cité.
    Personne ne se rappelle l’édification de nos murs, c’était il y a si longtemps. Pourtant, tout le monde en connaît l’histoire. Dardanos (fils de Zeus, roi de l’Olympe) s’était emparé de la péninsule au septentrion de l’Asie Mineure, là où, au nord, le Pont-Euxin déverse ses flots dans la mer Égée par l’étroit passage de l’Hellespont. Ce nouveau royaume, Dardanos le divisa en deux parties. Il donna la partie sud à son fils cadet, qui appela son domaine Dardanie et fit de la ville de Lyrnessos sa capitale. Bien que plus petite, la partie nord est infiniment plus riche. C’est la sentinelle de l’Hellespont et elle impose un droit de passage à tous les navires marchands qui entrent dans le Pont-Euxin ou en sortent. Cette région s’appelle la Troade. Sa capitale, Troie, se dresse sur la colline du même nom.
    Zeus adorait son fils mortel. Aussi, quand Dardanos pria son divin père de doter Troie de murailles indestructibles, Zeus fut-il ravi d’exaucer sa prière. Deux divinités n’étaient pas bien en Cour à l’époque : Poséidon, seigneur de la Mer, et Apollon, seigneur de la Lumière. Ils reçurent l’ordre de se rendre à Troie et de construire des remparts plus hauts, plus épais et plus solides que tous les autres. Ce n’était pas vraiment un travail pour le frêle et délicat Apollon, qui préféra jouer de sa lyre – afin, expliqua-t-il au crédule Poséidon, de rendre plus agréable le temps passé à bâtir. Ainsi, Poséidon posa-t-il pierre après pierre tandis qu’Apollon lui donnait la sérénade.
    Poséidon ne travailla pas pour rien ; il exigea que, chaque année, il lui soit fait offrande de cent talents d’or, en son temple de Lyrnessos. Le roi Dardanos accepta ; depuis des temps immémoriaux les cent talents d’or étaient payés. Mais quand mon père, Laomédon, monta sur le trône de Troie, un violent tremblement de terre détruisit notre mur ouest et mon père engagea l’ingénieur grec Éaque pour le reconstruire.
    Éaque s’acquitta soigneusement de sa tâche. Pourtant, le nouveau mur qu’il érigea n’était ni aussi lisse ni aussi beau que le reste de cette magnifique enceinte conçue par les dieux.
    Le contrat avec Poséidon – Apollon ne s’était pas abaissé à demander des gages pour sa musique – était rompu, remarqua mon père. En fin de compte, les murs n’étaient pas indestructibles. En conséquence, la dette de cent talents ne serait plus payée. Jamais. Cet argument paraissait valable, toutefois les dieux ne pouvaient ignorer ce que même moi, un enfant, je savais : le roi Laomédon était un avare de la pire espèce et il lui était insupportable de faire don de l’or troyen, si précieux, au temple d’une cité rivale, sous l’empire d’une dynastie rivale bien que de même sang.
    Quoi qu’il en soit, l’or cessa d’être payé et il ne se passa rien durant plus d’années qu’il m’en fallut pour devenir un homme. Et quand survint le lion, personne n’établit de lien avec l’outrage fait au dieu.
    Dans les plaines verdoyantes du sud de Troie se trouvaient les écuries de mon père, la seule fantaisie qu’il s’accordât. Peu de temps après que le Grec Éaque eut fini de rebâtir le mur ouest, arriva à Troie un homme venu d’un pays si lointain que nous en connaissions seulement les montagnes, qui soutenaient le ciel. L’étranger amena avec lui dix chevaux – trois étalons et sept juments. Nous n’en avions jamais vu de pareils : grands, rapides, gracieux, mais aussi calmes et dociles, une crinière et une queue épaisses, une tête magnifique. Parfaits pour tirer des chars ! Dès l’instant où le roi les vit, le sort de
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