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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie
Autoren: Colleen McCullough
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ma droite ; mon père siégeait entre Héraclès et Thésée.
    Bien que l’imminence de la mort d’Hésione assombrît notre hospitalité, nos hôtes ne se doutèrent de rien. La conversation était aisée, car c’étaient des hommes cultivés, instruits en toutes choses, depuis le calcul mental jusqu’à la poésie. Mais, sous ces apparences, qui pouvaient-ils bien être ?
    Les contacts étaient rares entre les nations grecques et celles d’Asie Mineure, dont Troie. En général nous, les habitants d’Asie Mineure, n’apprécions guère les Grecs. Ce sont des gens d’une sournoiserie notoire, réputés pour leur insatiable curiosité. Voilà ce que nous savions d’eux. Mais ces hommes devaient être exceptionnels même dans leur pays, où on ne choisissait pas le souverain en raison de son lignage.
    Mon père ne nourrissait guère d’affection pour les Grecs. Ces dernières années, il avait conclu des traités avec les divers rois d’Asie Mineure, leur laissant la majeure partie du commerce entre le Pont-Euxin et la mer Egée ; il avait ainsi considérablement réduit le nombre de navires marchands grecs autorisés à franchir l’Hellespont. Ni la Mysie, ni la Lydie, ni la Dardanie, ni la Carie, ni la Lycie, ni la Cilicie ne voulaient commercer avec les Grecs pour la simple raison que, d’une façon ou d’une autre, ces étrangers se montraient toujours plus malins qu’eux et s’en tiraient à leur avantage. Mon père avait joué son rôle en écartant les marchands grecs du Pont-Euxin. Les émeraudes, les saphirs, les rubis, l’or et l’argent venus de Colchide et de Scythie étaient vendus aux pays d’Asie Mineure ; les rares marchands grecs tolérés par mon père devaient déployer de gros efforts afin de se procurer de l’étain et du cuivre en Scythie.
    Cependant, Héraclès et ses compagnons étaient trop bien élevés pour discuter de sujets brûlants comme l’interdiction de commercer librement. Ils se bornèrent à exprimer leur admiration pour notre ville aux hautes murailles, la taille de notre citadelle et la beauté de nos femmes, bien qu’ils n’eussent pu en juger que d’après les esclaves qui servaient à table.
    La conversation s’orienta donc tout naturellement vers les chevaux ; j’attendais qu’Héraclès abordât le sujet, car j’avais vu son regard admiratif devant mes chevaux blancs.
    — Les chevaux qui tiraient aujourd’hui le char de ton fils étaient vraiment magnifiques, déclara Héraclès. Même la Thessalie ne peut s’enorgueillir d’avoir d’aussi belles bêtes. Ne les mets-tu jamais en vente ?
    — Oui, ils sont beaux, dit mon père en prenant son air pingre, et je les vends, mais je crains que tu ne trouves le prix prohibitif. Je demande mille talents en or pour une bonne jument.
    Héraclès haussa ses puissantes épaules, l’air attristé.
    — Je pourrais peut-être me permettre un tel prix, seigneur, mais il y a des choses plus importantes que je dois acheter. Le prix que tu exiges est la rançon d’un roi.
    Dès lors, il ne parla plus de chevaux.
    Alors que la soirée s’avançait et que le jour baissait, mon père commença à perdre de son entrain car, le lendemain, sa fille allait être menée à la mort. Héraclès posa la main sur le bras de mon père.
    — Roi Laomédon, qu’est-ce qui te tourmente ?
    — Rien, mon seigneur, rien du tout.
    Héraclès eut un sourire particulièrement doux.
    — Grand roi, je sais reconnaître l’inquiétude sur un visage. Raconte-moi.
    Alors père débita toute l’histoire mais, bien sûr, il déguisa la réalité pour se montrer sous un jour meilleur : il était persécuté par un lion appartenant à Poséidon, les prêtres avaient ordonné le sacrifice de six vierges chaque printemps et chaque automne et, parmi les victimes choisies cet automne, se trouvait sa fille bien-aimée, Hésione.
    Héraclès eut l’air pensif.
    — Qu’ont dit les prêtres ? Aucune main troyenne ne doit se lever contre la bête ?
    Les yeux du roi étincelèrent.
    — Oui, surtout pas troyenne, seigneur.
    — Alors tes prêtres ne peuvent faire aucune objection si c’est une main grecque qui se lève contre elle, n’est-ce pas ?
    — La conclusion est logique, Héraclès.
    Héraclès jeta un coup d’œil à Thésée.
    — J’ai tué de nombreux lions, dit-il, y compris le lion de Némée dont je porte la peau.
    Mon père fondit en larmes.
    — Héraclès, débarrasse-nous de cette
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