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Histoire de croisades

Histoire de croisades

Titel: Histoire de croisades
Autoren: Allessandro Barbero
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I
Qu’est-ce que les croisades
    Les croisades constituent un thème assez délicat et qui se
prête facilement à l’actualisation. Je me limiterai dans ce petit volume à
esquisser quelques-uns des aspects essentiels de la question. Avant d’entrer
dans le vif du sujet, toutefois, il est nécessaire de fournir quelques points
de repère, de donner certaines indications très générales sur ce que furent les
croisades, pour que tout soit bien clair. Nous les avons étudiées à l’école, nous
nous rappelons tous que ce sont des événements qui eurent lieu au Moyen Âge et
qu’il y en eut plusieurs : cinq, sept, neuf ? Je défie quiconque de s’en
souvenir exactement – suffisamment, en tout cas, pour que les auteurs de
manuels éprouvent le besoin de les compter. Nous savons que ce furent des
événements sanglants, opposant très durement l’Occident chrétien et le monde
islamique. Ces événements, notre civilisation les a d’abord célébrés avec un
immense enthousiasme, au temps où l’on écrivait des poèmes tels que la Jérusalem libérée [1] ,
mais plus récemment nous en avons eu honte, parce que nous avons pris
conscience de la très grande violence contenue dans les croisades, une terrible
explosion de haine contre la différence. Entre autres choses, c’est précisément
à cette occasion que la violence antijuive fit son apparition en Europe : ce
sont les foules excitées par la prédication de la croisade qui ont perpétré les
premiers pogroms d’Occident. Et si aujourd’hui le vent tourne, si en Occident
certains se remettent à penser que les croisades sont une épopée qu’il faut
admirer et non une tragédie qu’il faut déplorer, c’est une question qui mérite
d’être posée quand nous pensons aux actualisations possibles de ce thème.
    Que faut-il bien assimiler pour comprendre le phénomène des
croisades ? Tout d’abord, que la croisade est en réalité une forme très
particulière de pèlerinage. Ce n’est peut-être pas une chose très évidente, et
pourtant elle est vraie. Les gens qui partirent pour la Terre sainte à la suite
de Pierre l’Ermite, puis de Godefroi de Bouillon et des autres chefs croisés, se
désignaient eux-mêmes comme des pèlerins. Le fait est que nos ancêtres
chrétiens d’Europe occidentale accordaient au pèlerinage une énorme importance.
Certes, de nos jours, le pèlerinage sur le chemin de Saint-Jacques de
Compostelle est redevenu un phénomène social et suscite l’attention des médias,
et il suffit d’être allé à Assise ou à Lourdes pour savoir que, chez les catholiques,
un certain type de pèlerinage est pratiqué aujourd’hui avec peut-être plus d’ardeur
que dans un passé récent. Mais nous parlons ici d’une époque où, pour les chrétiens,
le pèlerinage, et tout particulièrement le pèlerinage à Rome et en Terre sainte,
était presque l’équivalent de ce que le pèlerinage à La Mecque représente
aujourd’hui pour les musulmans : un extraordinaire moment de purification,
le moment où ceux qui le peuvent vivent de manière intense et personnelle
toutes les significations profondes et aussi tous les risques de leur religion.
    Je dis « les risques », car il va de soi qu’un
pèlerinage au sanctuaire le plus proche était un acte sans commune mesure avec
le fait d’aller jusqu’à Jérusalem pour y prier sur le Saint-Sépulcre, s’identifier
avec le Christ et pouvoir se dire : Il a vécu ici, je marche sur la terre
même où Il a posé les pieds. Le Christ, à Jérusalem, avait subi la Passion ;
et le pèlerinage en Terre sainte, pour les chrétiens du Moyen Âge, signifiait
aussi, pour dire les choses un peu brutalement, que l’on assumait en toute
conscience le risque de connaître le même sort. Savoir que l’on partait pour
une épreuve dangereuse, épuisante, douloureuse, que l’on serait loin de chez
soi pendant des années, avec une probabilité non négligeable de ne jamais
revenir, de mourir en cours de route, et le faire quand même : pour
revivre la Passion du Christ, pour faire pénitence, parce que l’on pensait que
la vie avait un sens qui allait au-delà des affaires concrètes de tous les
jours, et que ce sens valait la peine d’être recherché, fut-ce au prix des plus
graves dangers.
    La croisade est donc un pèlerinage, mais d’un genre très
particulier, et qui apparaît dans un contexte historique précis. Le but de ce
pèlerinage est d’aller à Jérusalem prier sur
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