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Histoire de croisades

Histoire de croisades

Titel: Histoire de croisades
Autoren: Allessandro Barbero
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revendique ouvertement la direction non seulement
spirituelle, mais aussi politique, de la Chrétienté tout entière.
    Telles sont les circonstances qui expliquent pourquoi c’est
à la fin du XI e siècle que naît l’idée de la croisade. Les chrétiens
décident qu’un effort est nécessaire, quelle qu’en soit la difficulté, pour
avancer sur la voie du Christ, qu’il faut imiter la Passion du Seigneur en s’engageant
sans réserve pour mettre fin au scandale que constitue à leurs yeux la
quasi-impossibilité d’effectuer le pèlerinage en Terre sainte, et faire en
sorte que Jérusalem redevienne une cité chrétienne. Cette décision peut être
très précisément datée : en l’an 1095, un pape, Urbain II, lance ce projet
avec toute l’autorité morale de la papauté, invitant les chrétiens à partir en
masse pour la Terre sainte, sous la conduite de leurs princes, afin de reprendre
possession des Lieux saints par les armes. C’est une grande mobilisation qui
exprime la nouvelle confiance en soi d’une Europe en pleine croissance, et c’est
aussi la première fois que la papauté expérimente, avec un franc succès, la
nouvelle capacité d’initiative politique qu’elle s’est forgée durant son long
bras de fer avec l’Empire.
    C’est donc ainsi que commencent les croisades, c’est-à-dire
l’aventure de ces chrétiens qui ont entendu l’appel du pape, en sont restés
fascinés et se sont engagés dans une entreprise qu’avec nos valeurs d’aujourd’hui
nous jugeons assez discutable, mais qui pour eux était sacro-sainte : ils
partent pour Jérusalem, à pied, en se taillant un chemin par la force, et
prennent la ville. C’est la première croisade ; mais il y en aura ensuite,
comme nous l’avons dit, beaucoup d’autres. Car les musulmans, de leur côté, ne
restent pas inertes à la vue d’une horde de barbares sanguinaires venus on ne
sait d’où – mécréants, qui plus est –, entrant en terre d’Islam, semant la destruction
et venant conquérir une de leurs villes saintes. Ils ont évidemment ressenti
comme une grande offense, envers eux-mêmes et envers Dieu, le fait que ces
mécréants d’Occident se soient emparés de Jérusalem et du tombeau du Christ, qui
pour les musulmans aussi est un grand prophète digne de vénération. Le monde
islamique se mobilise donc aussitôt pour reconquérir la Ville sainte et chasser
les envahisseurs. Voilà pourquoi la chute de Jérusalem en 1099 est suivie par
deux siècles de croisades : les musulmans s’emploient continuellement à
reconquérir les territoires perdus, leur propre reconquista faisant écho
à celle qui se joue en Espagne ; les chrétiens, quant à eux, continuent d’alimenter
depuis l’Europe, par des expéditions sans cesse renouvelées, la défense des
territoires conquis. Il faudra presque un siècle pour que les musulmans
reprennent définitivement Jérusalem, grâce à Saladin, en 1187, mais à cette
époque les croisés ont encore la haute main sur de vastes régions du
Proche-Orient, et ce n’est qu’en 1291 que les musulmans s’empareront du dernier
port encore contrôlé par les chrétiens, Saint-Jean-d’Acre ; et même après
cette date l’île de Chypre, qui se trouve juste en face, restera aux mains des
Occidentaux pendant encore trois siècles.
    Quels sont les autres paramètres qui permettent de situer
dans son temps le phénomène des croisades ? Il ne sera pas inutile de s’attarder
un instant sur l’exceptionnelle période de croissance que l’Occident traversait
alors. Pendant longtemps, les historiens se sont méfiés de la propagande de l’époque,
débordante d’enthousiasme religieux, de glorification emphatique du martyre et
d’exaltation de la libération du Saint-Sépulcre : en réalité, disaient-ils,
derrière tout cela il y avait de profondes motivations politiques et
économiques, le désir de conquête, la nécessité de fournir un débouché à l’exubérance
démographique d’une Europe peuplée de jeunes – en ce temps-là, c’était l’Europe
qui était pleine de jeunes et qui les envoyait au Proche et au Moyen-Orient. Rien
de tout cela n’est faux, mais nous sommes peut-être maintenant un peu mieux
équipés que les historiens du XIX e siècle pour comprendre qu’un peuple
peut vraiment estimer que la possession d’une ville sainte est une chose essentielle,
qui mérite que l’on risque sa vie pour elle. Aujourd’hui encore, des peuples se
battent
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