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Histoire de croisades

Histoire de croisades

Titel: Histoire de croisades
Autoren: Allessandro Barbero
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le Saint-Sépulcre, mais il a pour
caractéristique essentielle d’être un pèlerinage en armes, car les pèlerins
craignent que ceux qui détiennent le pouvoir à Jérusalem ne les laissent pas
arriver jusque-là, ou en tout cas leur causent des difficultés. Il faut donc s’équiper
militairement et ouvrir la voie, afin que tous les pèlerins chrétiens puissent
à l’avenir s’y rendre sans danger ; et il faut s’emparer de Jérusalem, faire
en sorte que la Ville sainte soit aux mains des chrétiens.
    Lorsque cette idée naquit, Jérusalem n’était plus aux mains
des chrétiens depuis de nombreux siècles. Elle l’était longtemps restée, puisqu’elle
avait fait partie de l’Empire romain, devenu chrétien au IV e siècle
et qui s’était maintenu en Orient même après les invasions barbares ; à
nos yeux, toutefois, cet Empire paraît très différent de l’Empire romain
classique, si bien que, pour l’en distinguer, nous l’appelons l’Empire byzantin.
Tout le Proche-Orient resta byzantin, et par conséquent romain et chrétien – et
aussi juif – jusqu’au VII e siècle, après la mort de Mahomet (632), quand
les grandes conquêtes arabes l’arrachèrent à Byzance. Depuis lors, Jérusalem
faisait partie intégrante du monde arabe, et plus précisément du califat dont
la capitale se trouvait à Bagdad ; au fil des générations, une part
croissante de sa population s’était convertie à l’islam, même si la ville n’avait
jamais cessé d’abriter d’importantes communautés chrétiennes et juives.
    On pourrait penser que les chrétiens songèrent à la croisade
dès l’époque de l’invasion arabe, pour reprendre le contrôle de ces lieux
saints qui avaient tant d’importance dans leur univers mental. En réalité, ce
ne fut pas le cas : pendant de nombreux siècles, l’Occident chrétien n’eut
ni la force ni même le désir d’entreprendre une reconquête armée. Les relations
avec les musulmans qui gouvernaient en Terre sainte étaient dans l’ensemble
assez bonnes ; Charlemagne échangea des ambassadeurs avec le calife Haroun
al-Rachid et passa des accords garantissant aux pèlerins chrétiens le libre
accès à leurs lieux saints, sans avoir à subir de violence. Les choses ne commencèrent
à changer qu’aux alentours de l’an mille, pour un ensemble de raisons que je
vais essayer d’évoquer très schématiquement.
    Dans le monde islamique, de nouveaux venus, les Turcs, provenant
des steppes de l’Asie, confisquent le pouvoir aux Arabes ; le califat de
Bagdad se fragmente en une multitude de califats, de sultanats et d’émirats
autonomes, souvent en guerre les uns contre les autres. La Terre sainte devient
donc un endroit plus dangereux qu’auparavant, ne serait-ce que parce que les
nouvelles élites turques converties à l’islam sont moins cultivées, plus
belliqueuses, et aussi moins tolérantes que les élites arabes. Pour les
pèlerins chrétiens, il est de plus en plus difficile d’arriver sains et saufs à
Jérusalem. Qui plus est, l’expansion turque, au cours du XI e siècle,
menace l’Empire byzantin : ces chrétiens, qui parlent et prient en grec et
non en latin, et n’ont par conséquent guère de relations avec leurs
coreligionnaires d’Occident, commencent à demander de l’aide contre les
envahisseurs païens ; et pour une fois les Occidentaux, qui d’habitude
détestent les Byzantins et veulent avoir affaire à eux le moins possible, s’émeuvent
et décident d’intervenir. Il est vrai que l’Occident est depuis longtemps en
guerre permanente contre l’Islam sur sa frontière d’Espagne : les princes
chrétiens ont repris l’offensive, donnant le signal de ce qui restera dans l’histoire
sous le nom de Reconquista, et gagnent du terrain sur les émirs arabes
et berbères qui avaient conquis la péninsule Ibérique trois siècles plus tôt ;
si bien qu’en Europe un certain climat de mobilisation idéologique contre l’Islam
devient familier.
    Il faut y ajouter que l’Occident, peut-être dès l’époque de
Charlemagne, mais certainement après l’an mille, connaît une grande croissance
économique et démographique ; il dispose par conséquent de ressources
humaines de plus en plus importantes. Qui plus est, en son sein, depuis le
milieu du XI e siècle, ce qu’il est convenu d’appeler la querelle des
Investitures [2] a fait émerger une nouvelle et puissante force politique
organisée, l’Eglise de Rome, qui
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