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Histoire de croisades

Histoire de croisades

Titel: Histoire de croisades
Autoren: Allessandro Barbero
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courageux, le moins gênant, ou
celui dont la santé était la plus précaire (de fait, il mourut peu après) ?
Nous n’en savons rien, mais le fait est qu’ils choisirent Godefroi de Bouillon,
qui fut par conséquent le premier roi de Jérusalem. C’est tout. Le Tasse a
contribué, quelques siècles plus tard, à forger un mythe qui reste enraciné
dans notre imaginaire, mais Godefroi de Bouillon n’est qu’un nom, il n’y a rien
de plus à en dire.
    Nous avons déjà mentionné un autre roi, sans doute un peu
moins connu en Italie que Godefroi de Bouillon [3] ,
mais dont l’épaisseur historique est bien plus considérable : le roi de
France Louis IX, Saint Louis. Louis IX est un personnage extraordinaire, incarnant
pleinement l’idéal de la croisade dans une période – le milieu du XIII e siècle – où il y avait déjà pas mal de gens qui commençaient à ne plus
tellement y croire. Il a un royaume à perdre, mais il décide de courir ce
risque pour aller à Jérusalem. Laissant une profonde impression sur ceux qui l’ont
connu, il a été, pour la bonne fortune des historiens, au centre de nombreux
récits. Il était déjà considéré comme un saint de son vivant, au point de faire
quelquefois perdre patience, précisément pour cette raison, à son entourage, et
beaucoup ont raconté quelle expérience ce fut que de le connaître ; c’est
pourquoi nous pouvons reconstituer l’image d’un homme que tous ses
contemporains considéraient comme l’archétype du héros de la croisade.
    Qui était donc le roi Louis ? C’était un chrétien qui
vivait la croisade avec une profonde conscience de sa valeur de pèlerinage
pénitentiel : aller conquérir Jérusalem est une obligation, et si pour l’accomplir
il faut souffrir et perdre la vie, tant mieux, puisque le but est justement de
faire pénitence. Que les choses soient claires : ce n’était pas un fou
cherchant à se faire tuer par amour du martyre, loin de là. Dans une
circonstance périlleuse, durant la croisade en Égypte, un de ses vassaux lui
dit : « Nous ferions peut-être mieux de nous mettre en sûreté, nous
ne sommes pas venus ici pour nous faire massacrer » ; et Louis lui
répondit : « Soyez certain que nul n’aime la vie plus que moi, mais c’est
le devoir d’un roi chrétien que de la risquer ici. »
    Telle était la disposition d’esprit des croisés. Libre à
nous de la trouver très éloignée de la nôtre et difficile à accepter, mais nous
devons admettre qu’il s’agissait pour nos ancêtres d’une chose extrêmement
importante, dans laquelle ils s’engageaient jusqu’au bout. Louis IX, donc, vit
la croisade comme un moment de souffrance, d’humiliation, de pénitence, et en
même temps comme un haut fait dont il est responsable et qu’il veut transformer
à tout prix en succès, même si finalement l’affaire se terminera très mal. Lorsqu’il
décide de partir libérer la Terre sainte, en passant par l’Egypte où il espère
trouver une résistance moins organisée, il lui faut mettre sur pied une
complexe machinerie militaire et financière pour laquelle il vide les caisses
du Trésor : on recrute des chevaliers, on loue des navires, on construit
même un nouveau port (Aigues-Mortes) sur la côte de Provence. Louis IX s’embarque
après avoir traversé son royaume de France à pied, parcourant souvent pieds nus
les chemins conduisant aux sanctuaires, en tenue de pèlerin, muni d’un bâton et
d’une besace, sous le regard stupéfait de la population : comme je l’ai
dit, il y a désormais des gens qui ne croient plus guère à la croisade, et en
voyant ce roi qui, lui, y croit de toute son âme, tous sont persuadés que c’est
un saint.
    Un moine franciscain italien appelé Salimbene de Parme se
trouvait en France au monastère de Sens, où s’était réuni le chapitre général
de son ordre. Le roi passait par là au cours de son voyage à destination d’Aigues-Mortes,
le lieu d’embarquement pour la croisade. Salimbene raconte : on savait qu’il
devait arriver et qu’il voulait parler aux moines, par conséquent tous allèrent
à sa rencontre. Au couvent il y avait aussi l’archevêque de Rouen, et pour
aller saluer le roi il tint à revêtir ses parements archiépiscopaux, ce qui lui
fit perdre du temps. Quand il fut prêt, tous étaient déjà sortis ; alors, dit
Salimbene, je le vis se précipiter au dehors avec sa mitre et sa crosse en
criant : « Où est le roi ? Où
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