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Histoire de croisades

Histoire de croisades

Titel: Histoire de croisades
Autoren: Allessandro Barbero
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est le roi ? », et tous
les autres lui firent signe de se taire, car ils étaient déjà sur la route à
regarder si le roi arrivait. Et ils le virent s’avancer à pied, avec son bâton
de pèlerin et son sac en bandoulière ; dès qu’il les eut rejoints, il
commença à leur dire qu’il avait besoin de leur aide. En entendant cela, les
plus désabusés commencèrent à s’inquiéter, car quand le roi demande de l’aide à
l’Église, cela se traduit souvent par une contribution sonnante et trébuchante.
Cette fois, pourtant, Louis prévint tout de suite qu’il ne comptait demander de
l’argent à personne et que l’entreprise était entièrement financée par ses
soins : l’aide dont j’ai besoin, expliqua-t-il, ce sont vos prières. Salimbene
raconte que les moines français se mirent tous à pleurer.
    Louis IX part pour les croisades parce qu’il a fait le vœu d’y
aller. La première fois, en Egypte, il est à deux doigts de perdre la vie, et
une infinité de gens se font tuer à cause de lui ; il repart de nouveau, bien
des années plus tard, attaquant cette fois la Tunisie, et meurt pour de bon. La
première fois, il était encore jeune ; il avait décidé d’aller à la
croisade parce qu’il avait été très malade et avait eu des visions pendant sa
maladie : une fois guéri il fit savoir qu’il avait fait le vœu de prendre
la croix et d’aller libérer le Saint-Sépulcre. C’était en 1248, les musulmans
avaient repris Jérusalem depuis longtemps déjà ; il s’agissait donc d’aller
la libérer une nouvelle fois. J’ai fait ce vœu, dit le roi en pensant aux
visions qui l’avaient assailli alors qu’il se trouvait à l’article de la mort :
« Mon esprit a longtemps séjourné outre-mer, et maintenant mon corps va
partir là-bas. » Sa mère et l’évêque de Paris essaient de le convaincre qu’un
vœu prononcé en état de délire est sans valeur, et qu’il n’est pas nécessaire
de partir ; alors Louis, qui s’est déjà fait coudre la croix sur son habit,
l’arrache, la donne à l’évêque et lui dit : « Maintenant rends-la moi,
car je veux que tous voient que je suis sain d’esprit au moment de la prendre. »
    Il ne s’embarque pas pour la Terre sainte mais pour l’Égypte,
parce qu’il a fait le calcul stratégique qu’en s’emparant de l’Égypte il pourra
couper les liaisons intérieures du monde musulman et qu’ensuite Jérusalem
tombera d’elle-même. On débarque donc en Égypte, mais de très graves
difficultés se présentent et les croisés sont mis en déroute, les morts ne se
comptent plus, le roi est capturé et doit payer une grosse rançon. Il faudra
des années pour que les survivants puissent retourner en France ; toute
cette croisade est une épreuve tragique qui n’épargne pas le roi : il y a
des maladies, des épidémies, la dysenterie sévit dans le campement ; le
roi en souffre comme tous les autres et s’évanouit souvent tant il est affaibli.
Sa dysenterie est telle, dit le chroniqueur, qu’il faut lui découper le fond
des braies pour lui faciliter les choses. On cherche à le convaincre de monter
sur une des galères à l’ancre dans le port, où au moins il sera à l’abri des
assauts de l’ennemi, mais il dit : non, mon peuple est ici, c’est ici qu’il
meurt, ici je resterai. À un certain moment, des cadavres de chrétiens tués au
combat restent sans sépulture, personne ne les a enterrés et ils commencent à
se décomposer ; le roi appelle ses amis et dit : « Allons
enterrer ces martyrs. Ils ont souffert la mort, nous pouvons supporter le
désagrément d’ensevelir leurs corps, et nous ne devons éprouver nul dégoût pour
ces corps car ce sont des martyrs au paradis. » Un saint : et, de
fait, tous ceux qui l’entourent sont éberlués.
    Ce n’est pas là, bien sûr, le comportement ordinaire de tous
les croisés ; c’est la manière d’être d’un homme qui incarne pleinement
les idéaux de la croisade, mais que ses contemporains eux-mêmes jugent étonnant.
Le sultan, après l’avoir vaincu, lui offre un sauf-conduit pour aller en
pèlerinage à Jérusalem, puisqu’il y tient tellement. Louis IX se tourmente et, finalement,
décide ne pas s’y rendre, car il se dit : si moi, qui suis le roi de
France, j’accepte un sauf-conduit pour aller à Jérusalem au lieu de la
conquérir, personne n’essaiera plus de reprendre la ville ; tous penseront
que ce que j’ai fait peut
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