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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX
Autoren: Walter Scott
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Bertram, comme cette bande d’Anglais vagabonds venus de Redesdale que je vous ai vu expulser de votre maison, telle qu’une portée de petits chiens aveugles, si bien qu’aucun d’entre eux ne retourna la tête pour voir qui leur faisait cette politesse, avant qu’ils ne fussent à mi-chemin de Cairntable. »
    « Oui, répliqua l’Écossais en se redressant et en grandissant d’au moins six pouces ; alors j’avais une maison à moi, un motif et un bras pour la défendre ; maintenant je suis… Qu’importe qui je sois ! le plus noble seigneur d’Écosse est aussi à plaindre que moi. »
    « Vraiment, mon ami, reprit Bertram, vous considérez maintenant la chose sous le juste point de vue. Je ne dis pas qu’en ce monde l’homme le plus sage, le plus riche ou le plus fort a le droit de tyranniser ses voisins, parce qu’il est le plus faible, le plus ignorant, le plus pauvre ; mais encore, s’il s’engage dans une pareille dispute, il faut qu’il se soumette au cours des choses : or, dans une bataille, ce sera toujours la richesse, la force, la science, qui triompheront. »
    « Avec votre permission cependant, répondit Dickson, le parti le plus faible, s’il réunit tous ses efforts et tous ses moyens, peut à la longue exercer contre l’auteur de ses maux une vengeance qui le dédommagera du moins de sa soumission temporaire ; et il agit bien simplement comme homme, bien sottement comme Écossais, soit qu’il endure ces injustices avec l’insensibilité d’un idiot, soit qu’il cherche à s’en venger avant que le temps marqué par le ciel soit arrivé… Mais si je vous parle ainsi, je vous empêcherai comme j’en ai déja empêché plusieurs de vos compatriotes, d’accepter une bouchée de pain et un logement pour la nuit dans une maison où vous pourriez ne vous éveiller au matin que pour vider avec du sang une querelle nationale. »
    « Ne craignez rien, répliqua Bertram, il y a longtemps que nous nous connaissons, et je ne redoute pas plus de rencontrer de la haine dans votre maison que vous ne pensez à m’y voir venir dans l’intention d’aggraver encore les maux dont vous vous plaignez. »
    « Soit ! c’est pourquoi vous êtes, mon vieil ami, le bienvenu dans ma demeure, tout comme quand les hôtes que j’y recevais jadis n’y entraient que sur mon invitation… Quant à vous, mon jeune ami monsieur Augustin, nous prendrons autant soin de vous que si vous arriviez avec un front serein et des joues roses, comme il convient mieux aux doctes de la gaie science.
    « Mais pourquoi, si je puis vous faire cette question, dit Bertram, étiez-vous donc tout à l’heure si fâché contre mon jeune ami Charles ?
    Le jeune homme répondit avant que son père eût le temps de parler, « Mon père, mon cher monsieur, peut colorer la chose comme bon lui semblera, toujours est-il que la tête des gens fins et sages faiblit beaucoup dans ces temps de troubles. Il a vu deux ou trois loups se jeter sur trois de nos plus beaux moutons, et, parce que j’ai crié pour donner l’alarme à la garnison anglaise, il s’est mis en colère contre moi, mais dans une colère a m’assassiner, parce que j’ai arraché ces pauvres bêtes, aux dents qui allaient les dévorer. »
    « Voici une étrange histoire sur votre compte, mon vieil ami, dit Bertram. Êtes-vous donc de connivence avec les loups pour qu’ils vous volent votre troupeau ? »
    « Allons, parlons d’autre chose, si vous m’aimez vraiment, répondit le cultivateur. Cependant Charles aurait pu dans son récit se rapprocher un peu davantage de la vérité s’il avait voulu ; mais parlons d’autre chose. »
    Le ménestrel s’apercevant que l’Écossais était vexé et embarrassé d’une pareille anecdote, n’insista point davantage.
    Au moment où ils passaient le seuil de la maison de Thomas Dickson, ils entendirent deux soldats anglais qui causaient à l’intérieur. « En repos, Anthony, disait une voix, en repos ! pour l’amour du sens commun, sinon des manières communes et des usages ; Robin Hood lui-même ne se mettait jamais à table avant que le rôti fût prêt. »
    « Prêt ! répliqua une autre grosse voix ; c’est un rôti d’un méchant bout de viande, et encore ce coquin de Dickson ne nous aurait-il servi que petite part de sa méchante viande, si le digne sir John de Walton n’eût donné l’ordre exprès aux soldats qui occupent les avant-postes d’apporter à leurs camarades
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