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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX
Autoren: Walter Scott
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les provisions qui ne leur sont pas nécessaires pour leur propre subsistance. »
    « Silence, Anthony, silence, gare à toi ! répliqua le compagnon ; car si jamais j’ai entendu venir notre hôte, je l’entends à présent : cesse donc de grogner, puisque notre capitaine, comme nous le savons tous, a défendu, sous des peines sévères, toute querelle entre ses hommes et les gens du pays.
    « À coup sûr, répliqua Anthony, je n’ai rien fait qui puisse en occasionner une ; mais je voudrais être également certain des bonnes intentions de ce sombre Thomas Dickson à l’égard des soldats anglais, car je vais rarement me coucher dans cette maudite maison sans m’attendre à avoir la bouche aussi large ouverte qu’une huître altérée avant de me réveiller au lendemain. Le voilà qui vient cependant, ajouta Anthony en baissant de ton, et j’espère être excommunié s’il n’amène pas avec lui cet animal furieux, son fils Charles, avec deux autres étrangers dont la faim sera assez grande, j’en répondrais, pour avaler tout le souper, s’ils ne nous font pas d’autre mal. »
    « Fi, fi donc Anthony ! murmura le camarade ; jamais archer meilleur que toi ne porta l’uniforme vert, et cependant tu affectes d’avoir peur de deux voyageurs fatigués, et tu t’alarmes de l’invasion que leur appétit pourra faire sur le repas du soir. Nous sommes quatre ou cinq de nous ici ; nous avons nos arcs et nos flèches {7} à notre portée, et nous ne craignons pas que notre souper nous soit ravi ou que notre part nous soit disputée par une douzaine d’Écossais établis ou vagabonds. Comment dites-vous ? ajouta-t-il en se tournant vers Dickson, que nous dites-vous donc, quartier-maître ? Vous savez bien que, d’après des ordres précis qui nous ont été donnés, nous devons nous enquérir du genre d’occupations des hôtes que vous pouvez recevoir outre nous, qui n’habitons pas votre maison de notre plein gré ; vous êtes aussi prêt pour le souper, je parie, que le souper l’est pour vous, et je vous retarderai seulement vous et mon ami Anthony, qui commence terriblement à s’impatienter, jusqu’à ce que vous répondiez aux deux ou trois questions d’usage. »
    « Bande-l’arc {8} , répondit Dickson, tu es un honnête garçon ; et quoiqu’il soit un peu dur d’avoir à conter l’histoire de ses amis, parce qu’ils viennent par hasard passer une nuit ou deux dans votre maison ; cependant je me soumettrai aux circonstances, et je ne ferai pas une inutile opposition. Vous noterez donc sur votre journal que voici, que, le quatorzième jour avant le dimanche des Rameaux, Thomas Dickson a amené dans sa maison d’Hazelside, où vous tenez garnison par ordre du gouverneur anglais sir John de Walton, deux étrangers auxquels ledit Thomas Dickson a promis des rafraîchissemens et un lit jusqu’au lendemain, s’il n’y a là rien d’illégitime. »
    « Mais que sont-ils ces étrangers ? » demanda Anthony un peu vivement.
    « Il ferait beau voir, murmura Thomas Dickson, qu’un honnête homme fût forcé de répondre à toutes les questions de tout méchant vaurien !… » Mais il changea de ton et continua. « Le plus âgé de mes hôtes se nomme Bertram, ancien ménestrel anglais, qui a mission particulière de se rendre au château de Douglas, et qui communiquera les nouvelles dont il est porteur à sir John de Walton lui-même. Je l’ai connu pendant vingt ans, et je n’ai jamais rien entendu dire sur son compte ; sinon que c’était un digne et brave homme. Le plus jeune étranger est son fils, à peine rétabli de la maladie anglaise qui a fait rage des pieds et des mains dans le West-Moreland et dans le Cumberland. »
    « Dis-moi, demanda Bande-l’arc, ce même Bertram n’était-il pas depuis une année environ au service de quelque noble dame de votre pays ? »
    « Je l’ai entendu dire, » répliqua Dickson.
    « En ce cas, nous courrons, je pense, peu de risque, répartit Bande-l’arc, en permettant à ce vieillard et à son fils, de continuer leur route vers le château. »
    « Vous êtes mon aîné en âge et en adresse, répliqua Anthony ; mais je puis vous rappeler que ce n’est pas tout-à-fait notre devoir que de laisser un jeune homme, qui a été si récemment attaqué d’une maladie contagieuse, pénétrer dans une garnison de mille hommes de tout rang ; et je doute si notre commandant n’aimerait pas mieux apprendre que
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