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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX
Autoren: Walter Scott
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une apparence de honte sur sa physionomie, semblait en même temps dévoré de colère et de remords.
    « Ne vous souvenez-vous pas de moi, mon vieil ami, demanda Bertram, lorsqu’ils furent assez près pour s’entendre ; ou les vingt années qui ont passé sur nos têtes depuis que nous nous sommes vus ont-elles emporté avec elles, tout souvenir de Bertram, le ménestrel anglais ? »
    « En vérité, répondit l’Écossais, ce n’est pas que je n’aie vu assez de vos compatriotes pour me souvenir de vous, et je n’ai jamais pu entendre quelqu’un d’entre eux siffler seulement,
    Là ! maintenant le jour se lève,
    sans songer à quelque air de votre joyeuse viole {5}  ; et cependant faut-il que nous soyons bêtes pour que j’aie oublié jusqu’à la mine de mon vieil ami, et que je l’aie à peine reconnu de loin. Mais nous sommes en peine depuis un certain temps : il y a un millier de vos compatriotes qui tiennent garnison dans le château périlleux de Douglas qu’on aperçoit d’ici, aussi bien que dans d’autres places de la vallée, et ce n’est qu’un bien triste spectacle pour un véritable Écossais… ma pauvre maison n’a pas même échappé à l’honneur d’une garnison d’hommes d’armes, outre deux ou trois coquins d’archers, un ou deux méchans galopins qu’on nomme pages, et gens de cette espèce, qui ne permettront jamais à un homme de dire : Ceci est à moi, même au coin de son propre feu. Ne prenez donc pas mauvaise opinion de moi, vieux camarade, si je vous fais accueil un peu plus froid que celui que vous auriez droit d’attendre d’un ami d’autrefois ; car, par Sainte-Bride de Douglas ! il me reste bien peu de chose avec quoi je puisse souhaiter la bienvenue… »
    « Souhaitée avec peu, elle sera aussi bonne, répliqua Bertram. Mon fils, fais ta révérence au vieil ami de ton père. Augustin commence son apprentissage de mon joyeux métier, mais il aura besoin de quelque exercice avant de pouvoir en supporter les fatigues. Si vous pouvez lui faire donner quelque chose à manger, et lui procurer ensuite un lit où il pourra dormir en repos, nous aurons certainement tous les deux ce qu’il nous faut ; car j’ose dire que, quand vous voyagiez avec mon ami Charles dans ce pays, si ce grand jeune homme est bien ma connaissance Charles, vous n’aviez plus vous-même besoin de rien quand il avait ce qu’il lui fallait. »
    « Oh ! que le diable m’emporte si je recommencerais à présent ! répliqua le fermier écossais ; je ne sais pas de quoi les garçons d’aujourd’hui sont faits… ce n’est pas de la même étoffe que leurs pères assurément… ils sont engendrés non de la bruyère qui ne craint ni vent ni pluie, mais de quelque plante délicate d’un pays lointain, qui ne poussera que si vous l’élevez sous un verre : la peste puisse la faire mourir ! Le brave seigneur de Douglas, dont j’ai été le compagnon d’armes {6} (et je puis le prouver) ne désirait pas, du temps qu’il était page, d’être nourri et logé comme il faudrait que le fût aujourd’hui votre ami Charles pour être content. »
    « Voyons, dit Bertram, ce n’est pas que mon Augustin soit délicat, mais, pour d’autres raisons, je vous prierai encore de lui donner un lit, et un lit séparé, car il a été dernièrement malade. »
    « Oui, je comprends, répliqua Dickson, votre fils a un commencement de cette maladie qui se termine si souvent par cette mort noire dont vous mourez vous autres Anglais. Nous avons beaucoup entendu parler des ravages qu’elle a exercés dans le sud. Vient-elle par ici ? »
    Bertram répondit affirmativement par un signe de tête.
    « Eh bien, la maison de mon père, continua le fermier, a plus d’une chambre ; et votre fils en aura une des mieux aérées et des plus commodes. Quant au souper, vous mangerez votre part de celui qu’on a préparé pour vos compatriotes ; quoique je voudrais plutôt avoir leur chambre que leur compagnie ; mais, puisqu’il faut que j’en nourrisse une vingtaine, ils ne s’opposeront pas à la requête d’un aussi habile ménestrel que toi, demandant l’hospitalité pour une nuit. Je suis honteux de dire qu’il faut que je fasse ce qu’ils veulent dans ma propre maison. Ventrebleu ! si mon brave seigneur était en possession de ses biens, j’ai encore assez de cœur et de force pour les chasser tous de chez moi comme… comme… »
    « Pour parler franchement, ajouta
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