Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
pu l'oublier. Je l'aurais dû, car à l'instant de lui signifier que sœur Albrante exigeait son départ, il ne me cacha rien de l'amour qu'il éprouvait pour vous, de sa rivalité prononcée avec le sire de Montoison et du fait qu'il ne renoncerait jamais.
    — Après vous avoir forcée ? s'étrangla Philippine.
    Marie baissa la tête, honteuse.
    — Force-t-on nos penchants lorsqu'ils sont si fortement troublés ? De le voir si pressant, je le croyais guéri et prêt à m'épouser.
    — Quel goujat ! Je n'en reviens pas de tant de cruauté ! glapit Philippine en bondissant de son siège.
    Elle se mit à arpenter la pièce avec l'envie d'étrangler ce bonimenteur. Et dire qu'elle l'avait cru meilleur que Montoison !
    — Vous pouvez compter sur moi pour lui donner une bonne leçon ! assura-t-elle en se plantant devant la malheureuse, livide.
    Marie se pressait les mains l'une dans l'autre, les yeux brouillés.
    — À dire vrai, Hélène, ce n'est pas exactement ce que je souhaiterais.
    Philippine resta stupéfaite devant son air ravagé.
    — Non ?
    — Non.
    — Ne me dites pas que vous l'aimez encore…
    — Contre toute raison.
    Philippine se laissa choir dans le faudesteuil, ahurie.
    — Il ne vous mérite pas !
    Marie haussa les épaules. Un triste sourire creusa une jolie fossette à sa joue droite.
    — Ça, je le sais. Mais je n'y peux rien. Il m'a fait une promesse à l'instant de partir. De revenir à moi s'il pouvait se détacher de vous.
    — Mais ce serait folie que de vous donner à cet homme comme le lot de consolation qu'il espérerait, protesta Philippine.
    Les yeux de Marie étincelèrent. Une nouvelle fois, Philippine l'avait blessée. Elle se radoucit.
    — Ne croyez pas que je me rengorge, Marie, au contraire, je voudrais vous sauver. Je suis moi-même victime de son concurrent qui par un chantage odieux me force aux épousailles.
    — Philibert de Montoison ?
    — Lui-même.
    Marie se dressa, si tourmentée soudain qu'elle blessa la paume de ses mains du piquant de ses ongles.
    — Laurent ne s'est inscrit à ces joutes que pour l'envoyer mordre la poussière et, je l'ai deviné, l'occire sous le prétexte d'un accident. Il ne songe qu'à sa revanche depuis une année, il me l'a confié dans les lettres que je lui arrache en réponse aux miennes.
    Bouleversée, Marie hoqueta.
    — Je crains le pire, Hélène. Qu'il meure pour vous et devant moi. Cette idée me torture tant que je n'en dors plus. Voici pourquoi je suis venue. Je vous en prie, aidez-moi à l'empêcher.
    Dans un élan spontané, Philippine vint la serrer dans ses bras pour la rassurer.
    — Cessez de trembler, mon amie. Laurent de Beaumont sera votre époux, je m'y engage, affirma-t-elle, tout en se disant que l'entreprise serait loin d'être aisée.
     

2
    Djem bouillait d'impatience sous un soleil de plomb. Laissant Pizançon derrière eux, ils venaient de déboucher sur le pont de pierre qui reliait le hameau à la ville de Romans. Il se tendit sur ses étriers pour mieux embrasser la scène du regard. Une foule compacte se pressait aux abords du péage, devant la tour fortifiée, se collant aux murs humides de la maison du pontonnier pour n'être pas bousculée par ceux, pour la plupart marchands ou drapiers, qui passaient dans l'autre sens à pied, en litière ou en char à bœuf. Dans l'Isère, en contrebas du talus, des enfants nus s'éclaboussaient à grand renfort de rires, indifférents aux menaces des pêcheurs qui désespéraient de voir chabots, chevesnes ou ablettes se prendre à leur ligne.
    — N'ayez crainte, cette fois encore les manants nous feront place, le rassura le grand prieur d'Auvergne, Guy de Blanchefort, qui chevauchait à ses côtés.
    Djem hocha la tête. Depuis qu'ils avaient rejoint la grand-route du Dauphiné, on se garait à leur passage pour mieux détailler cette procession bigarrée qui, à la magnificence des Turcs, opposait la rigueur de l'habit des Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem.
    Frappée par le marteau de son automate de fer, et couvrant à peine le brouhaha, la cloche de la tour Jacquemart sonna midi. Cela faisait près d'une heure déjà qu'ils avaient franchi cette porte ouverte dans la seconde enceinte. Quoi qu'en dise Blanchefort, ils se traînaient. Djem dut se faire violence pour ne pas éperonner son cheval et forcer le passage.
    — Romans est une des plus belles villes du Dauphiné, son cœur même en réalité. Vous vous y
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher